Indéfiniment : un joyau conçu et réalisé par des orfèvres !
- Écrit par : Dominique Flacard
Par Dominique Flacard - Lagrandeparade.fr/ Un album que l'on écoute sans jamais vouloir l'arrêter tant la douceur qui en émane est enveloppante. Une voix veloutée fondue dans la trame sonore, traitée comme un instrument qui parfois fusionne, avec les nappes créées par les tenues aux cordes ou avec la ligne de violoncelle, instaure un climat poétique et rêveur, détaché de la réalité. L'ensemble des chants dont les textes sont signés Yara Lapidus nous emmène dans un voyage musical intemporel.
Artiste polyvalente, Yara Lapidus est, à l'origine styliste dans de grandes maisons de couture à Paris où elle rencontre Olivier Lapidus qu'elle épousera. En parallèle à ses activités de créatrice, elle s'inscrit à des cours de comédie, chez Florent, puis Pygmalion, et Actor's Studio . Depuis toujours elle écrit des textes dans des petits carnets et rêve de chanter tantôt en s'accompagnant à la guitare ou au piano dont elle joue depuis l'enfance. En 2009, elle sort un album intitulé Yara. Sa route croise alors celle de Gabriel Yared, producteur de Michel Jonasz, Françoise Hardy, compositeur, dont les musiques du « Patient anglais », de "Cold mountain", à Paris en 2012. Cette rencontre infléchit son parcours musical car il lui fait remarquer qu' « elle est trop noyée dans les instruments ». Une aventure créatrice commence lorsqu'il propose des mélodies qui nourrissent l'imaginaire de la parolière et sur lesquelles elle pose des mots.
Elle écrit une cinquantaine de textes qu'ils relisent ensemble. A l'issue des choix qu'ils établissent tous deux, onze chansons naissent, toutes poétiques, centrées autour d'un thème commun, l'amour. « L'amour dans l'absolu traité sous un angle différent » dit-elle. Aucune redite, aucune répétition, chaque chanson est une déclinaison de l'amour qui oscille entre calme et passion de même que la musique, les textes oscillent entre orient et occident, notamment dans la mélodie « Ilalabad » dont le premier couplet chanté en langue arabe, dans du temps musical arrêté, introduit la suite du chant en français tandis que le luth (oud) et la percussion jouent l'interlude entre les couplets dans un mode oriental. Les contours sont estompés, une impression de mystère plane.
Les arrangements variés de G Yared, qui valorisent la voix au grain mat, ont nécessité la présence de quarante trois musiciens dans les studios mythiques d'Abbey Road. Des trémolos de mandolines aux improvisations du luth( oud), des accompagnements de la guitare acoustique aux solos de l'électrique, de la voix a capella à la voix accompagnée, de la voix sifflée aux réponses vocalisées du choeur, des appels des cuivres au chant de la cuica, de la sobriété du violoncelle aux frémissements des cordes, de l'accordéon à l'harmonica, des claviers à la harpe, de la batterie aux percussions traditionnelles, les couleurs musicales s'enchaînent dans une confrontation paisible guidées par la voix. « Depuis toi », mélodie souple et orientalisante marquée par l'inquiétude qui émerge du rythme obstiné et sourd, présent pendant toute la chanson, « Le plus doux des rêves » interprété par la voix a capella de la chanteuse, puis par les sonorités séraphiques du choeur accompagnées par une rivière musicale au clavier, chant apaisant à l'ambiance immatérielle, s'inscrivent dans un univers intemporel à l'image d'autres chants présents danc cet album. Une chanson « no no ne t'en fais pas » s'en démarque de part sa rythmique binaire, par la présence de la batterie, les appels des cuivres et le choeur qui amplifie le discours musical et l'inscrivent dans la chanson « actuelle ».
Textes délicats où percent la mélancolie, atmosphère intimiste, arrangements subtils et ciselés nous emportent dans un voyage musical aux confins de l'irréel tant sont privilégiés les sons aériens.
« Encore, encore », dernier titre du CD, tel est le souhait de l'auditeur !
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