Connie and Blyde : une voix de cristal et un violoncelle
- Écrit par : Bruno Paternot
Par Bruno Paternot - Lagrandeparade.fr/ Le duo montpelliérain se présentait sur la scène du Jam dans le cadre des Internationales de la Guitare. Le groupe sans guitare mais plein de cordes fait marcher la vibration à foison. Connie and Blyde, ça rappe en velours, ça écorche avec la main pleine de caresses, ça soleil qui gratte. Caroline Sentis chante, scat, fait éructer sa voix de cristal sur les mélodies de Bruno Ducret, qui explose de virilité derrière son violoncelle. Le premier album sort bientôt et le public exigeant des habitués du Jam fut conquis par la suave rudesse du duo rayonnant sous la lune.
Comment est né le projet, le duo ?
Bruno : Caroline m'a appelé un jour en me demandant de venir faire des essais. Elle voulait monter un groupe avec ses chansons. En se rencontrant, elle m'a proposé de monter aussi un répertoire de reprise dans la rue. On a passé l'été dans la rue. Ça ne marchait pas du tout ! Après cet été tout naze et super cool, on a fait quelques concerts. Au bout d'une petite année, on était suffisamment solide.
Caroline : On se rendait heureux alors on a voulu continuer.
Qui sont vos étoiles, quels artistes sont derrière-vous quand vous créez ?
Bruno : Moi, perso, je trouve que c'est Claire Diterzi, Camille, Nosfell et Bjork. Et des grands musiciens de jazz contemporains. Pas pour leur musique mais pour la façon qu'ils ont de la faire. Des mecs comme Hornet Colman qui éclatent les formes...la musique que je crée n'est pas du tout la même qu'eux mais telle que je la vis elle ressemble sûrement à celle des gens qui ont créé le free jazz. On ne veut pas penser la musique comme de la forme mais comme des choses qui s'ouvrent et qui se ferment.
Caroline : c'est facile t'as tout dit. Je suis d'accord.
Le nom du groupe est un jeu de mots et pourtant l'humour est relativement absent du concert. Ce qui est plutôt étonnant car il suffit de vous voir quelques minutes pour se rendre compte que vous êtes l'une et l'autre des gens très drôles !
Bruno : c'est un pan qu'on utilisait beaucoup avant. Au départ, on a dit qu'on s’appelait CaptainCafé. Je n'avais que des noms de groupes avec des contrepèteries. On déconnait beaucoup plus sur scène. Mais la musique qu'on avait à faire ensemble, il se trouve que c'est de la musique où l'on laisse peu de place à la blague. Ce sont des choses qui nous émeuvent. Le résultat de nous deux a donné au départ quelque chose qui pouvait être un peu débile, comme des chanson sérieuses chantées n'importe comment ou alors des chansons débiles jouées très sérieusement. On était dans une ambiance créative mais jamais singée. Mais plus on avançait, plus on se rendait compte que ce que la musique produit en nous et au public laisse peu de place pour faire les cons. Ce n'est pas du tout triste pour autant !
Caroline : Ca veut pas dire qu'on est chiant !
Bruno : Je pense que c'est pas mal le contraste entre le nom et la musique. La façon dont les spectateurs ressentent la musique, peu importe la tronche qu'elle a, il y a toujours chez nous une tension dramatique, dans chaque morceau, un truc grave ou important, un truc de tension à défaire qu'on installe. C'est pas mal que le nom n'annonce pas ça parce que ce n'est pas une volonté de notre part, c'est le résultat.
Caroline : Dans Connie and Blyde, il y a le C et le B, même si ce n'était pas fait exprès au départ.
Vous êtes un homme et une femme et sur la scène, vous creusez l’écart en jouant sur la féminité de Caroline et sur la virilité de Bruno. Là encore, dans la vie, vous êtes moins typés.
Caroline : la musique c'est aussi un peu de l'amour, qu'on le veuille ou non, cette tension c'est un peu celle d'un homme et d'une femme.
Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour les mois, les années, les vies prochaines ?
Bruno : Que ça marche, qu'on puisse faire une vraie place pour ce groupe dans le monde de la musique.
Caroline : Qu'on garde cette chose qui existe entre nous, que ça reste. Qu'on fasse de belles scènes, qu'on continue à rencontrer des gens supers. Et si on continue à habiter ses chansons ensemble, je re-signe le bail.
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