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Le lac des cygnes d’Angelin Preljocaj : une revisite moderne, audacieuse, esthétique et non dénuée d’humour d’un des plus grands classiques de la danse

  • Écrit par : Julie Cadilhac

cygnesPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Le Lac des cygnes, depuis sa création, a l’habitude des remaniements ; Angelin Preljocaj s’inscrit dans cette dynamique audacieuse et propose au public un conte moderne dans lequel le sorcier Rothbart et le père de Siegfried veulent s’associer pour construire une usine au bord du lac des cygnes qui exploiterait un gisement d’énergie fossile…

Dans l’air du temps et des préoccupations écologiques, ce cadre fictionnel a donné à Boris Labbé l’opportunité de créer un montage vidéo fascinant et qui vole parfois même la vedette à la danse avec ses effets d’optique séduisants et ses décors en noir et blanc médusants. Ses décors manhattanesques, ses machines et leur respiration, ses animations psychédéliques, tout s'avère poétique et fort. Les lumières d’Eric Soyer se marient à la perfection avec le travail du chorégraphe et contribuent au plus haut point à la merveilleuse magie qui ne quitte jamais le plateau…Les costumes d’Igor Chapurin épousent les mouvements des interprêtes et en augmentent la beauté…La musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, enfin, à laquelle 79D interpose par moments des créations contemporaines, propulse l’imagination et transporte le coeur dans des sphères enchantées que l’on quitte à regret à la fin de la représentation.

Difficile challenge que de monter l’un des ballets narratifs les plus mythiques de la danse! Angelin Preljocav réussit avec talent à conserver l’esprit de la version originale - ses clins d’oeil dans l’acte blanc sont tout à la fois esthétiques et non dénués d’espiéglerie délicieuses - et il y ajoute sa "patte" , offrant au spectateur une récréation visuelle dont il aurait tort de se priver!
Les puristes regretteront peut-être l’absence des pointes, la modernité de certains ensembles ( pouvant user de codes du music hall et du cabaret - pourtant quel bonheur ce ballet sur chaises!), l’utilisation de références populaires ( lors de certaines minutes noires, l’on plonge presque dans les bas-fonds de West-Side Story….), les autres se réjouiront justement de l’originalité séduisante de ce travail chorégraphique qui rappelle la nécessité absolue de secouer les oeuvres classiques pour y insérer une nouvelle fraîcheur, un nouveau regard. Si la technique ( toutefois de qualité) n'est pas virtuose, les interprètes, dans chaque tableau, séduisent par leur expressivité et la justesse des émotions qu'ils portent.
Angelin Preljocav, en véritable orfèvre du geste, séduit avec des chorégraphies où les bras et les mains s’activent tout autant que les jambes et les pieds. Cela modifie l’équilibre des corps et crée une attraction visuelle redoublée. Lorsque les cygnes apparaissent, l'émerveillement s'invite immédiatement. Les danseuses, leurs peaux laiteuses et leurs épaules nues, se métamorphosent avec un naturel épatant en ces oiseaux majestueux et l'on aperçoit des forêts de longs cous altiers, des ailes frissonnantes…elles flottent, elles hésitent, elles s’ébattent…

On retient de ce Lac des cygnes au charme irrésistible des minutes fraiches et pétillantes à l'énergie communicative et des moments d'émotions précieuses qui rappellent combien chaque battement d'aile de l'art terrasse toute la puissance destructrice des bombes. Un TRES BEAU spectacle !

danseLE LAC DES CYGNES
CREATION 2020
Pièce pour 26 danseurs
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovski
Musique additionnelle : 79D
Vidéo : Boris Labbé
Lumières : Eric Soyer
Costumes : Igor Chapurin
Adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch
Assistante répétitrice : Cécile Médour
Choréologue : Dany Levèque
Danseurs : Lucile Boulay, Celian Bruni, Elliot Bussinet, Aracelli Caro, Zoé Charpentier, , Li Chi- Shu, Lucia Deville, Jack Gibbs, Mar Gomez Ballester, NaÏse Hagneré, Verity Jacobsen, Beatrice La Fata, Florine Pegat Toquet, Agathe Peluso, Mireia Reyes Valenciano, Simon Ripert, Khevyn Sigismondi, Micol Taiana
Odette-Odile : Thea Martin ou Isabel Garcia Lopez
Siegfried : Laurent Le Gall ou Leonardo Cremaschi
Mère de Sigdried : Clara Freschel ou Mira Delogu
Père de Siegfried : Baptiste Coissieu
Rothbart : Antoine Dubois
Production : Ballet Preljocaj
Coproduction : Chaillot - Théâtre national de la Danse, Biennale de la danse de Lyon 2021 / Maison de la Danse, La Comédie de Clermont-Ferrand, Festspielhaus St Pölten (Autriche), Les Théâtres - Grand Théâtre de Pro􏰅ence, Théâtres de Compiègne
Résidence de création : Grand Théâtre de Provence
Durée : 1h50


Dates et lieux des représentations :

- Du 2 au 5 mars 2022 à l'Opéra Berlioz de Montpellier ( 34) dans le cadre de la saison de Montpellier Danse

Deleuze / Hendrix : Angelin Preljocaj ou la philosophie de la danse

Winterreise : le prodigieux voyage d'hiver de Schubert, merveilleusement illustré par l'écriture chorégraphique d'Angelin Preljocaj

Les pièces de New York : la somptueuse Stravaganza d'Angelin Preljocaj

Polina : de Bastien Vivès à Angelin Preljocaj, du Bolchoï à la danse contemporaine

  

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