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Les pièces de New York : la somptueuse Stravaganza d'Angelin Preljocaj

  • Écrit par : Julie Cadilhac

Spectral EvidencePar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Les Pièces de New-York réunit deux ballets commandés par le New York City Ballet à Angelin Preljocaj ; l'un en 1997 ( La Stravaganza) et l'autre en  2013 (Spectral Evidence). Le chorégraphe a voulu les faire revenir en France avec les danseurs de sa propre compagnie. Si le point commun initial, celui du lieu du création, est le déclencheur de la volonté de réunir ces deux créations, d'autres se dessinent ensuite de manière évidente. La Stravaganza "met en scène deux tribus différentes qui symbolisent le rapport du vieux continent au nouveau monde et inversement. C'est la confrontation de deux langages qui s'affrontent, puis se mêlent pour trouver une articulation commune et une nouvelle façon de communiquer et coexister." Spectral Evidence oppose les sorcières de Salem à leurs juges, tiraillés entre leur fascination et leur peur de l'inconnu. La question de l'autre et de la tolérance se pose, encore et toujours.

Spectral Evidence, c'est aussi "une prise de position vis à vis des traitements faits aux femmes", affirme le chorégraphe. Saluons d'abord la musique de John Cage, troublante...dans laquelle s'invite une multitude de sons qui confinent au mystère, des performances vocales étonnantes, des minutes où les percussions invitent à la transe et à une libération des pulsions...Jouant sur des tonalités de noir et blanc sur laquelle tranche une touche vermeille sur chaque costume spectral des sorcières, quatre couples se présentent. Tourbillonnantes, inquiétantes, terriblement gracieuses, les sorcières envoûtent leurs partenaires...et par là-même le spectateur. La technicité est au rendez-vous, la musique, parfois lancinante, enlace l'esprit et l'invite à un décollage fantastique. 

La Stravaganza se présente comme une fantaisie baroque délicieuse. Les costumes du groupe qui symbolisent le vieux continent " sont (d'ailleurs) des copies exactes de tableaux de Vermeer." En sous-bassement, une histoire d'amour impossible entre une jeune fille du nouveau monde et un garçon du vieux continent. D'un côté, le " côté cartésien", la "rigueur", de l'autre, une danse de l'enchantement et du lien. Avec, en toile de fond, une superbe fresque colorée, ce ballet est d'une virtuosité délicieuse. Les antagonismes se heurtent autant qu'ils s'embrassent, les anciens esquissent des pas de danse sur des musiques contemporaines tandis que les modernes virevoltent sur du Vivaldi ; les confrontations s'enchaînent, offrant notamment un quatuor masculin superbe ou encore un très beau duo mixte aux bras en corbeille. Le passé, le présent, l'ici et l'ailleurs se jaugent et se mêlent. Le spectateur est conquis.

stravaganzaSpectral Evidence (2013)
Avec : Verity Jacobsen, Émilie Lalande, Céline Marié, Nuriya Nagimova, Baptiste Coissieu, Víctor Martínez Cáliz, Simon Ripert, Redi Shtylla
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : John Cage
Pièce remontée par Dany Lévêque, choréologue

La Stravaganza (1997)
Avec : Margaux Coucharrière, Verity Jacobsen, Émilie Lalande, Céline Marié, Nuriya Nagimova , Anna Tatarova
Baptiste Coissieu, Jean-Charles Jousni, Víctor Martínez Cáliz, Simon Ripert, Redi Shtylla, Aaron Smeding
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musiques : Antonio Vivaldi (Concerto n°8, RV249, extraits de Dixit Dominus, Laudate Pueri Dominum),
Evelyn Ficarra (Source of Uncertainty),
Serge Morand (Naïves),
Robert Normandeau (Eclats de voix),
Åke Parmerud (Les objets obscurs)
Pièce remontée par Noémie Perlov, choréologue

Production : Ballet Preljocaj

Crédit-Photo : Jean-Claude Carbonne

Dates et lieux des représentations: 

- Les 23 et 24 juillet 2017 au Festival Montpellier Danse - Opéra-Corum- Montpellier ( 34)

- Les 19 et 20 octobre 2017 au Grand Théâtre de Provence - Aix-en-Provence

 

 


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