Le Songe des Ballets de Monte-Carlo : quand fraicheur romanesque et sensualité torride s’opposent dans une interprétation brillante du songe d’une nuit d’été
- Écrit par : Imane Akalay
Par Imane Akalay – lagrandeparade.fr / Jean-Christophe Maillot, le directeur des Ballets de Monte-Carlo, a imaginé une chorégraphie très théâtrale pour cette interprétation contemporaine et ludique du songe d’une nuit d’été.
La pièce est de taille, avec ses trente danseurs, et fait dialoguer avec bonheur les formes classique et contemporaine, tant dans la danse que dans l’accompagnement musical. La musique de Mendelssohn se voit intercalée de musiques électroniques mêlant sons humains ou animaux, et bruitages rythmés qui confèrent à certaines scènes de ce spectacle une dimension angoissante très réussie. La narration est tout en nuances, tendre et sensuelle, ludique et parfois grave, dans le respect de la féérie dramatique de la comédie de Shakespeare.
Au cours d’une nuit, dans la forêt, se croisent trois mondes : celui des humains, un groupe d’Artisans déjantés et immatures, vêtus de bric et de broc, a pour projet de monter une pièce de théâtre, une « comédie lamentable » et s’en amusent follement. Les Athéniens, jeunes gens moulés dans des justaucorps couleur de pierre qui leur donnent l’allure de statues grecques, se cherchent, se courtisent, se fuient et se retrouvent dans un chassé-croisé adolescent, ludique et gracieux. Enfin, réuni autour de leurs roi et reine Obéron et Titania, le monde des Fées, sombre, brumeux et fantasmagorique, transpire de sensualité animale. Les trois mondes se différencient par leurs costumes mais aussi par leurs styles chorégraphiques, classique et académique pour les jeunes Athéniens, plus libéré des conventions classiques et plus sensuel pour les Fées, perché et gaguesque pour les Artisans. Tous se retrouvent une nuit dans la forêt des Fées, et leurs histoires parallèles se côtoient et parfois se mêlent, par l’intermédiaire de Puck, le serviteur zélé et facétieux des Fées qui se fait observateur des autres mondes, ou lors de l’étreinte spectaculaire de Bottom le tisserand et de la reine des Fées.
Si les danseurs sont tous remarquables, il convient de citer en particulier la spectaculaire performance de Titania, tout à la fois glaciale et torride alors qu’elle et Obéron s’affrontent dans un jeu de pouvoir et de séduction sans pitié! Une merveille!
Le songe
CHORÉGRAPHIE, MISE EN SCÈNE : Jean-Christophe Maillot
MUSIQUE : Felix Mendelssohn, Daniel Teruggi, Bertrand Maillot
SCÉNOGRAPHIE : Ernest Pignon-Ernest
COSTUMES : Philippe Guillotel
LUMIÈRES : Dominique Drillot
AVEC 30 danseurs
Dates et lieux des représentations:
- Du 8 au 15 juin 2018 au Théâtre National de Chaillot - Paris