L’Hypothèse de la chute : une dissertation chorégraphique
- Écrit par : Imane Akalay
Par Imane Akalay – lagrandeparade.fr / Ce spectacle chorégraphié par Frédéric Cellé explore toutes les facettes de la chute dans sa dimension symbolique. Sur une scène équipée d’un sculptural plongeoir de deux mètres dix de haut à double escalier, et d’un poétique rideau de fils blancs, quatre danseurs de blanc vêtus défilent dans un déséquilibre savamment maitrisé, se croisent à toute vitesse en multipliant les acrobaties et sans jamais se toucher. Cela rappelle l’énergie des grandes villes. Un cinquième danseur, simplement vêtu d’un boxer noir, évolue sur le plongeoir, contemple, hésite. Sa gestuelle symbolise l’angoisse et l’attraction du vide.
La chorégraphie évolue alors en exercice de la chute. Un épais matelas est placé au sol et les danseurs grimpent en haut du plongeoir et s’en jettent tour à tour. Chutes maladroites et balourdes d’abord, puis à mesure que la crainte de la nouveauté est maitrisée, sauts de plus en plus enthousiastes et acrobatiques. Se joint alors à eux une amazone blonde restée jusque là en retrait. Elle grimpe sur le plongeoir, contemple le vide et refuse de sauter, se démarque du groupe qu’elle observe, puis en s’interposant physiquement, en déplaçant le matelas, tente d’entrainer les autres dans son acte de résistance.
Dans une chorégraphie d’inspiration circassienne qui déroule une succession de scènes, solitaires et mélancoliques, poétiques en duos, angoissées ou ludiques, les danseurs nous donnent à voir de multiples interprétations de la chute comme une recherche d’équilibre, de lutte plus ou moins réussie contre la gravité et de maitrise du corps. La très belle création musicale de Camille Rocailleux accompagne et souligne les émotions.
La chute ainsi présentée s’inscrit dans des terrains sociologique, politique, philosophique – la peur, la solitude, la prise de risque et ses limites, la résistance, le besoin de l’autre, la confiance en l’autre mais aussi la mise en commun des énergies, des enthousiasmes, des capacités, grâce à la solidarité des membres d’un groupe. La dimension symbolique forte de cette chorégraphie interroge les comportements humains et le rapport au groupe – comment se comportent leaders et suiveurs, bons soldats et résistants ; comment résister à l’influence d’un groupe, voire influencer ; quand est-il souhaitable de résister, et dans quelles circonstances est-il préférable de lâcher prise ?
La dernière scène peut surprendre car elle semble venir en rupture du propos. Elle est pourtant une jolie conclusion à cette dissertation chorégraphique : les acrobates se sont vêtus de tenues « de ville » colorées qui leur permet d’exprimer leurs individualités, et dansent sur une musique disco, dans une ambiance de boite de nuit, pour exprimer le plaisir de se mouvoir librement, d’être ensemble, dans le lâcher prise qui s’acquiert avec l’abandon du besoin de contrôle.
L’hypothèse de la chute
Chorégraphe : Frédéric Cellé
Distribution : Justine Berthillot, Tatanka Gombaud, Maxime Herviou, Clément Le disquay, Aurélie Moulhade
Création lumière et scénographie : Gilles Faure
Création son : Camille Rocailleux Regard extérieur : Herman Diephuis
Dates et lieux des représentations :
- 7 novembre 2017 -20h30
- Le Neuf Neuf Festival à Muret (31)
- création
9 novembre 2017 -20h30
- L’arc, scène nationale Le Creusot (71)
-
30 novembre 2017 -20h30 -
Théâtre Mansart de Dijon (21)
- 5 décembre 2017 -20h30 -
Maison de la culture de Bourges (18)
-
7 (20h30) et 8 décembre (14h15) 2017 -
Scènes du Jura, scène nationale à Lons le Saunier (39)
- 14 (14h15) et 15 décembre (20h30) 2017 Théâtre, scène nationale de Mâcon (71)
- 22 (14h15) et 23 (20h) et 24 (10h) janvier 2018 - Théâtre de Vitry le François (51)
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26 janvier 2018 - 20h30 -
Théâtre de Charleville-Mézières (08)
-
30 janvier 2018 - 20h
- Théâtre Gaston Bernard de Châtillon-sur-Seine (21)
- 1er février 2018 - 20h30 -
Théâtre Les arts de Cluny (71)
- 17 mars 2018 -20h -
l’Espace 110 d’Illzach (68)
- 6 avril 2018 - 20h30 -
Théâtre Gérard Philipe de Frouard (54)
- 25 avril 2018 - 20h30-
l’Embarcadère de Montceau-les-Mines (71)
-
17 et 18 mai (20h30) 2018 -
Théâtre d’Autun (71)