La compagnie Farid’O danse avec le loup bleu de Pennac
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Au départ, "L’œil du loup" est un conte de Daniel Pennac, connu pour ses polars humoristiques ("La Fée Carabine", "La Petite marchande de prose"). Le danseur et chorégraphe Farid Ounchiouene se l’est approprié pour en faire un spectacle dansé et joué. Un zoo, une cage. Un loup, un enfant. Des voix en off… car nous sommes dans l’oralité avant tout. De l’Alaska au Sahara, des destins en miroir. Deux chemins parcourus – ceux d’un vieux loup d’Alaska et d’un jeune garçon venu d’Afrique – qui parviennent à se dire, enfin, dans l’œil de l’autre. Et cet échange de regards appelle l’amitié… Sur scène, un musicien et deux danseurs, deux corps qui s’observent, se combattent, se rapprochent, se racontent, en cherchant le fragile équilibre entre expression de soi et découverte de l’autre.
Disons-le tout net, les parties dansées sont les plus réussies à nos yeux. Farid Ounchiouene, qui travaille depuis toujours sur le lien entre danse et texte, est tour à tour narrateur et personnage, observe, raconte, scande (parfois essouflé). Un autre (plus jeune) danseur partage la scène, Janoé Vulbeau, et dit son texte comme il peut. Il est très bon danseur mais question oralité, reste du travail. Un musicien (Romuald Houziaux) les accompagne à la guitare, malgré sa tête de loup. C’est rock et hip hop à souhait. Le son est bon et les corps d’une grâce ingénieuse. À l’origine de cette nouvelle création, il y a la rencontre du chorégraphe avec le texte de Daniel Pennac et l’équipe de la Maison des métallos, une salle de spectacle pas comme les autres. Puisque de part son histoire, liée au syndicalisme, elle privilégie les spectacles engagés, avec du sens. L’Œil du loup avait été joué dans une adaptation de Clara Bauer. Ce conte est aujourd’hui réadapté au contexte sociétal actuel, avec un clin d’œil au sort des réfugiés. Farid Ounchiouene le porte physiquement sur ses épaules, au point de manquer se cogner parfois sur les structures en bois qui servent de décor (cage, maison, etc…). Découvert en 1994 lors d’une audition organisée à l’initiative de l’Etat et de la Région Nord-Pas de Calais, remarqué aux Rencontres de danses urbaines du Parc de la Villette en 1996, Farid Ounchiouene se présente comme un artiste aux multiples facettes. Etabli dans le Nord, il travaille entre autres aux côtés de Farid Berki pour la compagnie Melting Spot (Petrouchka, …). Désireux de développer son potentiel et d’élargir sa pratique de la danse hip hop à d’autres disciplines artistiques, il suit de 1997 à 2003 plusieurs stages de danse contact (à Quito – Equateur), de mise en scène avec Antonio Vigano, de danse théâtre avec Pippo Delbono. Une rencontre sera déterminante dans son parcours : celle de Guy Alloucherie, qui lui donnera l’envie de travailler le texte, les mots, la matière qu’ils représentent pour en faire corps à danser. Sa Compagnie Farid’O a été créée en août 2002. Viennent alors les créations de Parking sur un monologue de François Bon, La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès et Saleté de Robert Schneider. En 2012, marquant le 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, il se produisait dans L’Étoile d’Alger avec Aziz Chouaki). En 2014, Farid Ounchiouene crée l’Homme qui marche, d'après des textes de Dostoïevski, présenté à la Maison des métallos en mars de la même année. Pour revenir à l’Oeil du Loup, c’est typiquement le bon spectacle scolaire de fin d’année qui peut susciter le débat chez les enfants à partir de 7 ans. Les corps à corps et battles de hip hop vont leur parler au moins autant que le conte de Daniel Pennac ; et ce dans une salle des Métallos superbe et conviviale.
L’œil du loup, compagnie Farid’O / Daniel Pennac (50’)
- Jusqu’au 18 décembre 2016 , dans le cadre du Festival Kalypso, à la Maison des Métallos, du mardi au vendredi 20 h, sauf le jeudi 15 : 10 h et 14 h ; samedi 19 h et dimanche 16 h.
Réservation au 01 47 00 25 20. Adresse : rue Jean-Pierre Timbaud – 75011 Paris / Métro : Couronnes ou Parmentier, Bus 96