Cirque Electrique : Le cirque du futur ou What the f… ?!
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Oubliez le cirque à la papa, la Piste aux étoiles et Monsieur Loyal. Ne vous attendez pas à voir des clowns et des fauves : ce sont les artistes en scène qui jouent tous ces rôles au Cirque Electrique. Déjà, le lieu est étonnant. Il s’agit d’un café-concert que jouxte un chapiteau, avec une terrasse, un bar, une mini scène rock, des roulotte-expo, quelque part du côté de la Porte des Lilas. Entourée de buildings, cet îlot à la marge fait de la résistance. C’est un lieu à la fois convivial et alternatif. Les tarifs pratiqués ne sont pas prohibitifs ; déjà ça, c'est de la science-fiction devenue réalité.
Ceux qui ont connu le cirque Archaos et le spectacle de La clique sauront à quoi s’attendre. Sous les grues, près du périph’ et des abris bus, vous êtes à mi-chemin entre Mad Max et le Cabaret, tendance Sex Pistols. Comme en atteste un de ses récents spectacles présentés : "Emois", du Cirk Vost, qui mettait en scène deux trapézistes sensuelles et dingos. Deux femmes de cirque moderne, partenaires de jeu s’affrontaient dans un numéro à la fois vertigineux et drôle, sauvage. Sara Sandqvist et Melissa Colello nous ont fait vivre un huis clos féminin poudré d’insolence, de dérapages et de surprises, du genre : comment danser avec une chaise, couchée au sol ?
Dans ce spectacle, servi par la présence et la musique éclectique et puissante de Théophile Vialy, elles ont dévoilé au grand jour leurs dix ans de travail commun complice, sensuel et musclé à la fois. Oui, elles ont des épaules larges et des « gros bras » mais elles sont aussi sensuelles – plutôt que sexy –, dans leurs tenues légères, aux limites de l’effeuillage, et font l’éloge de la femme acrobate. De la femme libre et moderne, en fait, plus proche de Lilith la Femen que d’Eve la gnan-gnan soumise à l’homme. Nos deux amazones lancent le couteau et boivent comme des trous, en se marrant comme des baleines, notamment quand elles se jouent des clichés féminins (jambes écartées, toutes décoiffées),
Le show d’une heure se décline à travers des numéros de corde, de trapèze danse, fixe et ballant, d’éventails effrayants, de scènes plus sombres et de chorégraphies burlesques.
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Un autre spectacle, sur le thème du « voyage immobile » a été baptisé "Steam". Non pour une traduction littérale du mot, qui signifie « vapeur », mais pour ce courant stylistique qui verrait son action se dérouler en pleine révolution industrielle. Et qui se retrouvera, une bonne centaine d'années plus tard, dans la vision apocalyptique des punks... Qu’est-ce qu’on vous disait. Mais des punks cool, pas agressifs pour un sou, préférant l’herbe qui fait rire à la bière recrachée. Cet exercice rétro-futuriste est orchestré par des artistes qui semblent s'être échappés de films tels que Les Mystères de l'Ouest.
Au Cirque électrique, pas de débauche époustouflante façon Barnum, mais des numéros tout de même stupéfiants. Nous avons à faire à de vrais pros qui n’ont rien à envier aux collègues du prestigieux Cirque du Soleil. Pour preuve, l’école de cirque sise sur le site. Avec ce décor urbain, fait de roulottes, on se croirait à la Cartoucherie de Vincennes, ou chez Bartabas, à Aubervilliers, mais sans les chevaux. Le Cirque Électrique, c’est une identité, un univers, un mode de vie. Depuis 17 ans, il développe un univers hybride, entre le mythe d’une tradition de cirque et la réalité d’une culture urbaine radicale et moderne : multimédia, sons électro-punks, numéros de cirque inhabituels, performances, burlesque, homme orchestre, cirk’n’roll animal. Pour la petite histoire, cette « création mobile association de loi 1901 », a vu le jour sous le nom de Fanfare Décadente, en 1995, aux Arènes de Nanterre. Michel Nowak, fondateur du lieu et des Noctambules a donné le premier chapiteau du Cirque Electrique et la transmission a alors commencé. Le Cirque Électrique, équipé de deux chapiteaux et d’un parquet de bal, a résidé dans différents lieux : Les Arènes de Nanterre (92), donc, La Caserne à Pontoise (95), Quai de Seine (Paris 9eme), Quai de la Gare (Paris 13eme), la Cour du Maroc (Paris 18eme), La villa / Elaboratoire (35 - Rennes), Le RTT (Bruxelles), Avignon – Ile de la Barthelasse (84).
Chaque nouvelle implantation est l’occasion pour le Cirque Électrique de renouveler et multiplier ses activités entre création, diffusion, rencontre et expérimentation. Production et diffusion de spectacles, organisation de festivals, performances, bals, concerts, films, cours et débats, cirques laboratoires, tables d’hôtes, théâtre de poche, expositions transforment les chapiteaux en véritable lieu de vie explosif et débordant. Le Cirque Électrique a également permis à des compagnies de théâtre, des artistes de cirque et des formations musicales de répéter et de se produire devant un public divers et hétéroclite. Invité par la Mairie de Paris, il s’est installé place du Maquis du Vercors, dans le 20eme arrondissement. Le Cirque Electrique travaille à développer ce lieu, notamment à travers des relations multiples entre les Villes des Lilas, de Montreuil, du Pré Saint-Gervais, de Bagnolet et, bien entendu, de Paris. C’est aussi un des nouveaux lieux pour les noctambules. Avec DJ house music à la « BoiteDenui », et chaises longues et restauration simple à disposition. À la fois cabinet de curiosités, Coktail Bar, black box music&vidéo, les attractions de « BoiteDeNuit » invitent à la rêverie, au voyeurisme électrique.
Le 1er juillet prochain, What the Fuck Fest*** 2 ?! se veut une journée Festival pluridisciplinaire Queer Sexualité dissidentes… Bref, une journée alternative et festive des corps. Gay-lesbiennes friendly, trans et partisans du mariage pour tous bienvenus. Tenue « incorrecte » exigée… Ça commence à 14 h. Programme sur www.whatthefuckfestparis.fr. Entrée libre.
Cirque Electrique : Place du Vercors – 75020 Paris.
Métro Porte des Lilas / www.cirque-electrique.fr / résa au 09 54 54 47 24. Tarifs de 11 € à 16 €.
Crédit-photos : Emois- Cie CirkVost - L.Leleu
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