Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Commençons par quelques définitions pour mieux comprendre l’objet – et tout l’intérêt de cette exposition. L’art pariétal désigne les peintures, sculptures, gravures… réalisées dans des grottes ou des abris sous roche, tandis que l’art rupestre se montre en extérieur.

Les premiers découvreurs de ces merveilles ont développé les techniques de relevés pour faire connaître et préserver ces œuvres d’art. Ce sont ces relevés qui sont présentés aujourd’hui dans cette superbe exposition, fruit d’un partenariat entre le Musée de l’Homme et l’Institut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle.
Ces peintures sur toile ou sur papier, reproduisant les œuvres peintes ou sculptées, ont été réalisées à partir du début du XXe lors de campagnes scientifiques menées à travers le monde à la recherche des origines de l’humanité.
Forte de plus de 200 documents et objets, l’exposition offre un panorama mondial de ces créations, raconte les expéditions qui leur ont donné naissance, montre comment ces relevés sont devenus des sources d’inspiration pour les artistes du XXe et enfin présente les techniques actuelles de conservation des œuvres rupestres.

La première salle où nous entrons est un véritable choc ! Elle donne l’impression de pénétrer dans un site préhistorique, en proposant des relevés de très grand format, venus des quatre coins de la planète, affirmant d’entrée l’universalité de l’art et des humains. La beauté de ces dessins monumentaux est très émouvante, elle signe pour chacun de nous notre appartenance à l’humanité, nos liens avec ces très lointains ancêtres, de quelque origine qu’ils soient. Les premiers découvreurs de ces merveilles ont eu à cÅ“ur de les faire connaître au monde entier, en les préservant au maximum et inventent une nouvelle forme d’expression, le relevé.

Dans la deuxième salle, place aux grands pionniers : Leo Frobenius, ethnologue captivé par les cultures africaines et convaincu de leur valeur, accompagné par de nombreuses femmes artistes, photographes, dessinatrices, scientifiques, arpente tous les territoires africains à la recherche des Å“uvres rupestres et pariétales. L’abbé Breuil, scientifique passionné par la préhistoire, préside à l’expertise des grottes d’Altamira en Espagne, et de Lascaux en France. Henri Lhote au Sahara, Gérard Bailloud en Ennedi, au Tchad, complètent les trouvailles.

La troisième salle est consacrée aux expositions modernes et historiques – celle du MoMA par exemple, ainsi qu’aux influences qu’elles ont exercées sur des artistes, et la dernière aux méthodes modernes destinées à préserver ces chefs-d’œuvre de l’art humain.

De nombreux panneaux explicatifs permettent de comprendre l’ensemble de ce qui est présenté, accessibles à tous par leur pédagogie. Pour les enfants – et les grands, il est possible de s’initier à la technique du relevé, et de repartir avec sa propre réalisation !
À travers le temps et l’espace, cette exposition nous donne à voir le meilleur de l’humanité : l’art, constitutif des êtres humains, témoin du foisonnement des cultures aux quatre coins du monde, la science, lorsqu’elle est respectueuse des œuvres et cherche à les partager, sans les détruire.
Le dialogue qui s’invente à des millénaires de distance est porteur d’un infini espoir… et d’une formidable émotion créée par la richesse, la diversité, la force et la beauté qui s’offrent à nous.

Préhistomania, Musée de l’Homme 

Du 17 novembre 2023 au 20 mai 2024

Musée de l’Homme (17, Place du Trocadéro, 75016 Paris)

Tous les jours sauf le mardi, de 11 h à 19 h – 10 & 13 €

Le site du musée