Styx : un scénario cauchemardesque, inspiré de faits réels
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.fr/ Rike, quarante ans, est médecin urgentiste. Pour ses vacances, elle a planifié un voyage en solitaire pour rejoindre l’île de l’Ascension depuis Gibraltar, une île au nord de Sainte-Hélène, où Darwin avait planté une forêt entière. Seule au milieu de l’Atlantique, après quelques jours de traversée, une tempête violente heurte son vaisseau. Le lendemain matin, l’océan change de visage et transforme son expédition en un défi sans précédent…
De Rike, on ne saura que le minimum : elle est médecin, elle maîtrise la voile et ne craint pas d’entreprendre un périple en voilier, en solitaire. Le film la présente tout d’abord en situation d’urgentiste, puis s’attache à suivre les préparatifs de départ et surtout les premiers jours de son voyage en mer. Sans dialogue, hormis les rares échanges radio, bercé par la puissance de l’océan, et porté par une Suzanne Wolff à la présence indéniable, Styx surprend par la force qui se dégage de ces images et du combat de la jeune femme face aux éléments déchaînés.
La troisième partie du film, lorsque Rike aperçoit le chalutier vétuste, surchargé de migrants, devient oppressante, tant Rike est placée dans une situation infernale. Le spectateur ne peut que se mettre à la place de l’héroïne et souffrir avec elle du terrible dilemme auquel elle doit faire face.
La bonne idée de Styx, c’est la manière originale d’aborder le thème des réfugiés, par le regard d’une femme presqu’ordinaire, confrontée à des circonstances extraordinaires. Et si cette aventure-ci se situe sur l’Océan Atlantique, on y voit bien sûr la tragédie qui se déroule chaque jour en méditerranée. L’hypocrisie et la lâcheté des compagnies maritimes, des garde-côtes, de tous les « officiels » sont mises en lumière avec cruauté. L’enfer vécu par la navigatrice, qui doit prendre une bien cruelle décision, est filmée au plus près, n’accordant aucun répit au spectateur.
On ne sort pas tout à fait intact de Styx. Ce long-métrage laisse en mémoire des images très fortes, et des bribes d’une bande-son qui, pour minimaliste qu’elle semble, participe à l’immersion dans l’aventure. Des journées en solitaire rythmées par le soleil, le vent, la mer, où l’héroïne goûte aux joies de la solitude et de la communion avec les éléments, aux jours d’horreur où la mort rôde, où le sentiment d’impuissance se fait si prégnant qu’il annihile toute autre réalité, le spectateur assiste à un drame qui le renvoie à une interrogation primordiale : que ferais-je, moi, dans cette situation ?
Styx
Réalisateur : Wolfgang Fischer

Date de sortie : 2 janvier 2019 

Durée : 1h 34 min

Avec Susanne Wolff, Gedion Oduor Wekesa
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