Les Arts dans les villes du futur : une belle anthologie à découvrir !
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Quand on pense villes du futur, on pense équipements, infrastructures, transports, gestion… mais on oublie parfois qu’il s’agit avant tout de lieux de vie et d’épanouissement personnel dans lequel les arts jouent un rôle fondamental. Une quinzaine de plumes francophones se sont lancées dans l’aventure de cet appel à textes original, et se sont distinguées. Les trois premiers sont les primés du prix « Écrire la ville ».
Le premier prix donc, pour Philippe Caza qui semble, après une brillante carrière d’illustrateur, se consacrer à l’écriture. Les lecteurs de Ginkoo-Bilooba, chronique d'une utopie modeste reconnaîtront sans peine son style et ses personnages. C’est enlevé, plein de verve et joliment optimiste. Le deuxième prix revient à Brice et Romain Le Roux, avec Le plus beau quart d’heure du monde, une nouvelle magnifique et très originale, ourlée d’un brin de nostalgie, très touchante. Des fourmis sur la chaussée, de Wanda Banach, a obtenu le troisième prix : dans une ville grise où l’on a oublié la nature, les fresques murales redonnent goût à la vie et à la rencontre. Jolie variation sur un sujet assez classique.
Julie Conseil nous entraîne bien loin de la Terre, avec L’art de l’année, un texte drôle et très bien maîtrisé, aux personnages joliment croqués.
Le ton est plus sombre dans Quarantaine de Léa Fizzala, mais la note d’espoir qui pointe son nez clôt en beauté un récit à l’écriture subtile.
Christophe Germier donne dans le gore, avec Bouch’Art, avec un zeste d’humour et une discrète (ou pas !) invitation à la résistance !
Totem City plonge ses racines dans la réalité, avec ses réfugiés climatiques que l’on a parqués sur une plate-forme en mer et stérilisés de force, oubliés de tous… Ils sortiront de l’oubli quand le plus jeune d’entre eux se lance dans une aventure belle et dangereuse : reproduire sur les murs gris de leur prison les paysages engloutis qui survivent dans la mémoire des anciens… Violent, désespéré, joyeux et plein d’espoir, ce texte porte tout cela en lui.
Éric Lysøe nous offre une magnifique, très triste et formidablement poétique nouvelle avec Le Projet : quand la force de l’Art et de la musique transcende tous les interdits, pour que grandisse, dans le silence, la révolte contre la tyrannie.
Sous le signe de la révolte lui aussi, Dans une explosion de couleurs de Karine Rennberg clôt avec brio cette sélection. La rage au cœur, l’insoumission s’affirme par l’Art. Personnages bien pensés, rythme haletant, elle parvient en peu de pages à exprimer toute la fougue qui anime ceux qui combattent les dictatures, et l’espoir qu’ils font naître.
Ces trois derniers textes sont, avec Le plus beau quart d’heure du monde, ceux qui restent gravés en mémoire, par leur thématique, leur écriture, leur force et leur poésie. Les autres nouvelles ne déméritent pas, loin de là, et l’ensemble compose une anthologie de haut niveau.
Les Arts dans les villes du futur
Anthologiste : Émilie Chevallier Moreux
Éditions : Arkuiris
Parution : 23 février 2024
Prix : 18 €