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Yumi et le peintre de cauchemars : un univers inspiré des mangas et des jeux vidéos, original et divertissant, avec une jolie pointe d’humour

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

pochePar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Nous poursuivons la découverte des « romans secrets Â» de Brandon Sanderson, avec ce troisième et avant-dernier opus (indépendant lui aussi). Écrit pendant les confinements dus à la pandémie de covid 19, ces livres ont été financés par une campagne de financement participatif record.

Cette fois-ci, nous faisons la connaissance de deux personnages que tout paraît opposer : Yumi, yoki-hijo de son état, c’est à dire prêtresse vouée depuis sa naissance au service des esprits, qui vit sur une planète écrasée de chaleur, et Nikaro (Peintre), dont le métier consiste à repousser les manifestations physiques des cauchemars à l’aide de ses pinceaux, et qui habite une cité froide entourée de ténèbres éternelles. Rien ne semble relier les deux jeunes gens, jusqu’au jour où leurs vies vont s’entremêler, au sens strict, puisqu’ils échangent leur place à chaque réveil.

L’univers de Yumi est d’inspiration coréenne médiévale, celle de Peintre, d’un Japon plus moderne. Yumi est corsetée dans une existence de devoirs, faite de rituels immuables et d’une rigueur implacable. Elle n’a aucun libre arbitre, mais ressent une grande fierté à tenir son rôle de protectrice de son monde, attirant les esprits afin qu’ils aident son peuple à survivre, grâce à l’art d’empiler les pierres, jusqu’à créer de splendides et improbables sculptures. Nikaro a le sentiment d’avoir raté sa vie, en ne réussissant pas à intégrer la Garde Onirique, l’élite des chasseurs de cauchemars, malgré son immense talent de peintre. Il cache une blessure profonde, qui l’a isolé de tous ses amis. L’une est toute de rigueur et de sacrifices, l’autre, tout d’émotion et de fragilités.

Bien sûr, ces deux-là vont se rencontrer, d’une manière qui donne toute sa subtilité à l’histoire : ils échangent littéralement leurs places, et doivent apprendre l’un de l’autre, ce qui ne va pas sans mal. Les systèmes de magie de ces deux univers paraissent n’avoir aucun point commun, jusqu’à ce que… Sanderson utilise ces différences pour disserter autour de l’art et de la pratique de l’art : est-ce une affaire de technique ? D’émotion ? De nécessité ? De passion ? Le questionnement est prenant, et la manière dont il l’amène, grâce à ces personnages quasi monolithiques au départ, puis acquérant des nuances et une profondeur qui les rend très attachants, est subtile et touchante.

Les fans de l’auteur reconnaîtront le monde du Cosmère, et bien sûr l’incontournable Hoid, narrateur de cette histoire, mais la connaissance des romans précédents n’est en aucun cas un prérequis pour lire cet ouvrage. Ils seront sans doute surpris par cette incursion dans la romance, peu habituelle chez Sanderson, mais ils retrouveront ce qui fait son charme : un univers riche, un système de magie (mâtiné de technologie, voire de science-fiction) original, des personnages très bien construits, une pointe d’humour bienvenue et une plume qui rend l’ensemble assez addictif. L’ensemble est parfois complexe, voire abscons, mais il faut se laisser porter par l’histoire, sans forcément tout comprendre, jusqu’au moment où les choses s’éclairent finalement, grâce au narrateur !

Yumi et le peintre de cauchemars
Auteur : Brandon Sanderson
Traductrice : Mélanie Fazi
Éditions : Le Livre de Poche
Date de sortie : 12 juillet 2023
Prix : 24,90 â‚¬ (29,90 € pour la version collector)


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