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Eschatologie du vampire : un superbe recueil de nouvelles d’urban fantasy, qui se dévore comme un roman

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

eschatologiePar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Avertissement au lecteur : non, Navarre n’est pas dans toutes les nouvelles, oui, vous comprendrez au fur et à mesure les liens entre les récits.

Ceci posé, quel plaisir de replonger dans l’univers de la série Testament ! Même si vous connaissez déjà certaines des nouvelles, précipitez-vous sur ce recueil. Parues entre 2006 et 2015, ces histoires se répondent et les lire les unes à la suite des autres (ici, dans l’ordre chronologique) leur (re) donne une profondeur formidable. Les récits s’accordent, on y suit les personnages au fil des années, les conséquences d’événements survenus dans l’un apparaissent dans un autre, formant peu à peu une toile impressionnante. Jeanne A. Debats passe du drôle au tragique, du western au post-apo, du polar à l’histoire de fantôme, de l’urban fantasy à la SF avec la même élégance. Oui, élégance, avec une écriture très imagée, qui plante des décors si vivants qu’on s’y croirait, portée par un humour souvent corrosif et absolument jouissif, mais qui sait aussi vous cueillir aux tripes, à fleur d’émotion.

L’autre grande force de l’autrice, c’est de ne pas hésiter à se coltiner avec des sujets durs, de ceux dont on préfère en général faire semblant qu’ils n’existent pas (de la rafle des juifs par la police française aux viols collectifs de gamines dans les caves de cités) ou sont l’œuvre de « monstres ». Là, pas de monstres, pas ceux-là en tout cas, ce sont bien des humains, des victimes ou des bourreaux dont elle parle sans grandiloquence, juste en esquissant les violences dont ils ont été victimes/ont infligé. Le lecteur prend la cruauté et la douleur en pleine face, sans concession aucune, passant par un maelström de sentiments, de l’empathie à la colère. Il nous est arrivé d’avoir envie de poser le livre tant l’émotion était forte (en particulier dans « l’ogre de ciment » ou « memorial »). Toutes les horreurs dont sont capables les humain·es (ou presque) apparaissent dans ce recueil. Ca pourrait être désespérant, ça ne l’est pas. Parce que l’humour, même teinté d’un cynisme réjouissant est bien présent (« Saint-Valentin »). Parce qu’il y a quand même des lueurs d’espoir, des personnages lumineux, un avenir qui, peut-être (peut-être, pas sûr) sera un chouïa plus beau, grâce à la ténacité de quelques-un·es.

Nous reconnaissons une tendresse particulière pour les récits qui mettent en scène Navarre (parce que Navarre, tout simplement) mais la galerie de personnages est formidable, de la petite Yasmin à la grand-mère Deborah, de la Reine Titania au biker Alphonse, ils forment un ensemble réjouissant qui évolue tout au long des histoires.

Elfes, gnomes, ogres, serial killer, gamin·es paumé·es, anges, fées, fantômes, antéchrist, vampires et humain·es dansent une sarabande de fin des temps pour un final (sniff !) en beauté de Navarre !

Si elle n’est pas indispensable, nous conseillons toutefois la lecture de la trilogie Testament avant ce recueil : L’héritière, Alouettes et Humain·es, trop humain·es.

Eschatologie du vampire
Autrice : Jeanne A. Debats
Éditions : Actusf
Collection : Hélios poche
Parution : 22 avril 2022
Prix : 9,90 €

 


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