Lasser, tome 5 – Trahisons en terres celtes : une réjouissante conclusion pour une série formidablement originale !
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ 1938, Le Caire. Gabian, vieux loup de mer et proche de Lasser, lui demande d’accepter une enquête en Gaule dont il ne connaît ni la teneur ni le commanditaire. Malgré ses légitimes réticences, le détective ne peut abandonner son ami et se laisse convaincre de retourner dans le pays qu’il a fui quelques années plus tôt. Entre-temps, il est devenu le Détective des dieux, mais il s’attend à un retour aux sources compliqué ! Et il a bien raison : à peine débarqué dans le port de Marselha, il est la cible d’une fusillade nourrie. Lasser réalise qu’il va devoir replonger dans son passé, celui qui a vu la mort de ses parents, et affronter ses propres démons. Il se découvre un oncle, des cousins, et une ascendance moins banale qu’il ne le supposait. Sur fond de catastrophe climatique, il devra se mesurer à un druide noir machiavélique. Mais sauver le monde est à ce prix !
Après avoir suivi les aventures de Lasser dans les quatre premiers tomes (Un privé sur le Nil, Mariage à l’égyptienne, Mystère en Atlantide et Dans les arènes du temps, dont nous vous avons parlé plus longuement sur ce même site), voici que nous est proposé l’épilogue, avec un retour aux sources qui clôt en beauté le cycle.
On retrouve ici ce qui fait le charme indéniable de cette série : un monde uchronique foutraque, qui mélange allégrement la fantasy débridée et les codes du roman noir, un privé qui sirote son whisky en reluquant les jolies filles, mais qui fait preuve d’une sensibilité rare. Le changement de décor permet aux lecteurs de quitter les rivages romains et égyptiens, pour se plonger dans le folklore celtique. On croisera ainsi, outre les dieux eux-mêmes, nombre de créatures folkloriques ou mythiques, des Korrigans (aussi potaches que l’on pouvait s’y attendre), des fées (indubitablement originales) et bien sûr Arthur, Merlin ou Morgane. La bonne idée, c’est d’utiliser une intrigue qui résonne fortement aujourd’hui : Lasser doit en effet résoudre un problème de dérèglement climatique, qui menace la survie des humains et des divinités.
Et bien entendu, Lasser se prend raclée sur raclée, affronte nombre d’ennemis bien décidés à lui faire la peau (mafieux ou dieux, excusez du peu), soulève des lièvres que bien des gens auraient préféré maintenir secrets, mais peut compter sur l’aide d’amis fidèles pour s’en sortir ! Les personnages secondaires sont toujours aussi soignés, et on découvre une belle brochette de nouveaux venus, très bien campés.
Les auteur·rices ont l’élégance de réellement terminer cette série, sans faux-fuyants. La personnalité de Lasser gagne encore en profondeur et trouve ici un ancrage qui lui faisait logiquement défaut lorsqu’il était loin de sa terre natale. Il peut enfin tourner la page d’un passé douloureux, pour envisager un avenir plus serein. La fin est belle et s’il s’agit d’une sorte de happy end, il ne recèle aucune mièvrerie, toujours soutenu par cette touche d’humour qui fait le charme de ces aventures.
On se régale à la lecture d’un ouvrage drôle, trépidant, très bien écrit, qui clôt avec brio une série formidable.
Pour les amateurs de SF, qui avaient cru reconnaître certains caméos, et pour ceux qui étaient passés à côté (rassurez-vous, cela ne perturbe en rien la lecture), Sylvie Miller et Philippe Ward ont l’élégance de les dévoiler dans une postface réjouissante – et de ne pas fermer tout à fait la porte à un retour de Lasser, de Fazimel, de ces années 30 où les dieux antiques ont gardé leur place, tout en s’adaptant au monde moderne. Si l’on quitte avec un petit pincement au cœur ces héros attachants et cet univers délirant, on peut donc espérer les retrouver un jour !
Lasser, tome 5 – Trahisons en terres celtes
Auteur·rice : Philippe Ward et Sylvie Miller
Éditions : Critic
Collection : Fantasy
Parution : 6 juin 2019
Prix : 22 €
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