« Contre nature » de Cathy Galliègue : trois femmes coupables et victimes…
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / En ouverture, on lit des mots de l’écrivain portugais Fernando Pessoa (1888- 1935) : « La réalité n’a pas besoin de moi ». Belle entrée pour « Contre nature », le troisième et nouveau roman de Cathy Galliègue, après les remarqués « La nuit, je mens » (2017) et « Et boire ma vie jusqu’à l’oubli » (2018).
L’auteure a vécu de longues années en Guyane française où elle a dirigé le Labo des histoires. Dans son nouveau roman, texte choc et émouvant avec la prison pour décor, elle met en scène trois femmes. Des femmes aux destins brisés, à l’histoire de vie différente. Toutes trois n’ont rien en commun et ne sont pas en quête d’amitié, pourtant dans cet univers pénitentiaire, elles vont se rencontrer, se rapprocher. Il y a Vanessa surnommée Paradis- elle a vendu son corps avant de vendre celui d’autres jeunes filles ; et aussi Pascale qu’on appelle Culbuto- elle a été condamnée parce qu’elle a tué ses bébés ; et enfin Leïla, alias le Rat parce qu’elle est auxiliaire à la bibliothèque de la prison- elle rêvait d’une vie hors des sentiers battus, s’est mariée à un homme pervers qu’elle a tué. C’est justement à la bibliothèque que les trois femmes vont se croiser, se rencontrer. Au fil des pages, chacune se raconte- le dernier chapitre sera déroulé à trois voix. En magnifique redresseuse de torts, Leïla s’est mise en tête d’initier à la lecture et l’écriture Pascale et Vanessa, de faire tomber leurs réticences. Avec élégance, Cathy Galliègue montre que ces trois femmes, qu’on aimerait qualifier de « puissantes », n’ont rien en commun, qu’aucune d’entre elles ne recherche la moindre once d’amitié. Trois femmes qui ne veulent pas aller contre nature. Peut-être parce que la réalité n’a pas besoin d’elles…
Contre nature
Auteure : Cathy Galliègue
Editions : Seuil
Parution : 1er octobre 2020
Prix : 18€
[bt_quote style="default" width="0"]A partir de ce moment-là , on m'a appelée « détenue ». Je suis entrée dans un monde qui n'existe pas, dans lequel les codes et la liberté de la société du dehors n'existent plus, où chaque chose anodine du quotidien est soumise à autorisation et où même le nom est remplacé par un numéro. Mais ça n'est rien. Ça n'est rien à côté de l'odeur.
[/bt_quote]