Gran Balan : Christiane Taubira en sa Guyane tant aimée…
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / On la connaissait magnifique maîtresse en l’art oratoire. Amoureuse des mots, Christiane Taubira l’a démontré comme députée (française et européenne), candidate à la Présidence de la République ou encore Garde des Sceaux. On la connaissait aussi brillante à l’écrit, tant en essai qu’en poésie. Et la voilà à 68 ans qui publie son premier roman, « Gran Balan ». Elle s’y est plongée avec un délice et un bonheur qui transpirent à toutes les pages. Le décor ? Sa Guyane natale et tant aimée- un décor qui se révèle quasi personnage principal au même titre que Kerma, qu’on retrouve au tribunal. Parce qu’il a fait, contre quinze euros, le taxi pour deux jeunes qui ont commis un méfait. Et il risque une peine de prison. Dès lors, l’auteure nous emmène dans la vie de Kerma- qui est-il vraiment ? qui sont toutes celles, tous ceux qui emplissent son quotidien ? C’est le grand bouillonnement, le foisonnement… Il y a des mères courage, des femmes fortes, d’autres puissantes. On va croiser également des élus (pas toujours au dessus de tout soupçon), des éducateurs engagés et concernés, beaucoup de petites gens- qu’on dit « de peu » mais qui ont beaucoup… Et puis, « Gran Balan », c’est aussi un beau livre, un grand roman empli de paysages enivrants, de villages perdus qu’on apprécie éperdument- un décor aussi magnifique que terrifiant dans lequel se glissent, de ci de là , des palabreurs et des conteurs. Les traditions locales transpirent des pages, il y a de la violence et des errances. Aussi de la poésie, des sourires et tant et tant d’émotions…
Gran Balan
Auteur : Christiane Taubira
Editions : Plon
Parution : 10 septembre 2020
Prix : 17,90 €
Extrait:
« C’est grave. Très grave. Et quoi qu’il advienne, c’est tourment pour toujours.
-De quoi vivez-vous ? Vous travaillez ?
-J’ai un emploi. Je gagne mille cent trente-six euros.
-Vous n’aviez donc pas besoin de ces quinze euros pour conduire vos amis malfaiteurs sur les lieux du crime ?
-Non, monsieur le président général, je n’en avais pas besoin.
C’est un avocat général, du parquet. Ces nuances lui échappent. Il a bien compris cependant que ce monsieur en écarlate et hermine, bien pâle donc probablement tout neuf sous notre soleil, ignorant sans doute encore des nécessités et des détours de la débrouille, est général de quelque chose… »