Romain Puértolas : Napoléon contre Daesch
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Il fallait y penser… Faire revenir à la vie Napoléon Bonaparte, tel « Hibernatus », maintenu en parfait état de conservation par les eaux glacées de la mer du Nord. Repêché par un chalutier Findus, décongelé, l’empereur retrouve Paris au moment des attentats… Juste à temps pour sauver le monde occidental ?
Romain Puértolas, auteur de « l’Extraodinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa », best-seller en 2013, démontre une fois encore qu’il est non seulement doué pour les titres loufoques, mais aussi pour imaginer des situations grotesques. Car l’empereur débarque d'avion, où il a découvert avec horreur qu’il valait mieux dire « black » que noir, par exemple, dans un Paris anglicisé. Habillé à la hâte d'un tee-shirt à l'effigie de la chanteuse latino Shakira, d'un jean moulant slim-fit, et chaussé de Converses, il n'est pas au bout de ses surprises, le lecteur non plus. Le « grand » Napoléon se retrouve dans un hôtel formule 1 et boit du coca light mais ça lui fait du bien à son ulcère.
Pris en charge par le chirurgien Bartoli, un cacique de la CGT (Confrérie des grognards tristes), dans un monde où les femmes portent le pantalon, et où Daesh sème la terreur, l’Empereur retrouve son naturel : ayant rallié des danseuses de cancan (parce qu’elles portent beau le Bleu Blanc Rouge), il finance sa nouvelle campagne de France, en cédant son précieux chapeau biscornu sur eBay. La suite est à l’avenant… On aime, ou on trouve ça lourdaud. Il s’agit ici davantage d’écriture-loisir que de littérature. Et par les temps qui courent, Puértolas a trouvé son public. Son humour n'est jamais gratuit, ni dépourvu de sens. Par exemple quand il est question de la laïcité de la République Française, alors qu’on continue de partir en vacances à Pâques, de ne pas travailler le jour de l’Ascension, de recevoir des cadeaux pour Noël, de fête la Toussaint, de tirer les rois et de retransmettre la sacro-sainte messe le dimanche matin sur le Service Public.
Il faut reconnaître que c’est souvent amusant. Notamment les dialogues à contre-pied, ou quand on prend Napoléon pour ceux qui se prennent pour lui… D’où internement à l’asile de Sainte-Verge, dont il s’extraie pour reprendre la lutte contre le péril islamiste, ayant découvert que l’imam de Paris est son plus authentique descendant. Ou lorsqu’il imagine que les djihadistes se transforment en communauté hippie. Une morale ressort de la farce : « Débattre plutôt qu'abattre », lit-on au détour d'une page de « Re-vive l'empereur ». L’amour comme l’humour étant, comme chacun sait, l’impolitesse du désespoir.
Re-vive l’empereur
Le Dilettante.
Auteur : Romain Puértolas
Pages : 350.
Prix : 22 euros