Joey Goebel : une journée singulière dans la « Grande Puterie débile" !
- Écrit par : Félix Brun
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ James est un lycéen pas commun : il aborde son retour au lycée Osbourne, après avoir perdu son père. Tout dans son attitude, sa tenue, dénote un anachronisme, une auto-marginalisation, une déviance : « J’avais une allure de grand dadais fané qui me faisait ressembler à un épouvantail. Quand cet épouvantail s’asseyait, il croisait les jambes, et quand il était debout, il se tenait droit, comme s’il avait un sceptre à la place de la colonne vertébrale, et il gardait la tête haute, au sens propre du terme. » A la fois misanthrope, marginal et marginalisé, ce grand « Duduche » veut devenir écrivain. James s’illustre par son autodérision, ses réflexions et répliques drôles, dénonçant la cruauté "ragotique" et la moutonnerie des adolescents qui succombent aux phénomènes de mode, et à l’image que chacun veut se donner. Il est l’acteur de scènes ubuesques et délirantes, en cours, chez le directeur, au réfectoire. James, dans cette lutte contre la "Grande Puterie Débile", va parvenir ,par une stratégie particulière, à faire annuler le bal de la promo qui symbolise à ses yeux tout ce qu’il condamne et abhorre. Mais James, dans son comportement anticonformiste, ne recherche-t-il pas lui-même à se donner une image, une personnalité, afin d’attirer vers lui le regard des autres, parce qu’au fond il veut être aimé et aimer à son tour ?
Joey Goebel distille dans cette journée une satire d’une société nord-américaine en proie aux pires contradictions, à travers la vie dans Osbourne, dans la période délicate de l’adolescence, transition sensible et fragile entre l’enfant et l’adulte : "Si un soupir pouvait prendre une forme humaine, il aurait eu mon apparence à l’âge de 17 ans."
Amusant, touchant, cynique, tendre, attachant, sont les impressions que laisse ce roman dans lequel, nombreux sont celles et ceux qui vont se reconnaître…. !
"Les gens et leurs trous, pensai-je. Leur humanité s’étirait pour devenir aussi fine que le tissu d’un bikini tandis que leur cerveau grillait tel du bacon sur le sable."
Mais, au fait, James n’est-il pas Joey Goebel ? A lire sans retenue, sans préjugés et sans conformisme.
Seul contre Osbourne
Auteur : Joey Goebel
Traduction : Samuel Sfez
Editions : Héloïse d’Ormesson