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Les larmes de Pancrace : un thriller light et sans surprise

  • Écrit par : Catherine Verne

Les larmes de pancracePar Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Un mari transi se fait tuer en rentrant confiamment chez lui par une main féminine. On soupçonne d'abord son épouse présente sur les lieux, jeune mère en plein baby blues et d'une innocence angélique, que l'enquêteur, un commissaire parisien en vacances dans le bordelais, va s'ingénier à disculper.

A déguster frais, car la lecture perd à être réchauffée, l'intrigue imbriquant nombre de ramifications et autres sous-menus qu'il vaut mieux garder tous à l'esprit pour ne pas voir s'évaporer l'eau à la bouche. Plat de facture légère, destiné à tout public, quoique sans tarif réduit pour les plus jeunes, qui pourront se tourner vers le Club des cinq, tout aussi divertissant dans le genre sandwich light. Pour amateurs en particulier de bordelais, sinon de grands crus de Bordeaux, avec ambiance cave aux secrets et racines viticoles ancestrales propres à la province glauque, sans le millésimé Claude Chabrol. Pour les adeptes du roman semi-actuel semi-historique très à la mode, alternant en décor estival pinède- rosé -décapotable et douves de château- armoiries- peste noire. Pour adeptes du style sans esbroufe, avec quelques rares effets de tournures dans les descriptions, pas toujours heureuses mais plantant des scènes aisées à suivre et dans les codes sociaux et psychologiques communs. Pour fatigués des amours tortueuses et mélodramatiques, que reposent les personnages sachant s'offrir sur le canapé un joyeux moment de bagatelle en guise de dîner sans plus se prendre la tête. Pour les friands de vengeance froide sur lit adultère à la sauce financière salée. Pour les fans du héros, un tendre sympathique fondant devant les gerbilles et les pigeons, le commissaire Amédée, qui emprunte à Hercule Poirot son débonnaire bedonnant et aux plus affamés limiers d'Agatha Christie leur niaque aiguisée. Pour le goût du détail jusqu'à son regard subtil passé inaperçu, genre brin de fil de fétu de paille de miette de micro-preuve qu'on ne décèle que grâce à la nanotechnologie, et qui permettra à notre Colombo de confondre le coupable arrogant. Pour apprentis historiens lancés dans la résolution de l'énigme des Templiers sous la docte férule de Disney. Pour gentils sorciers passant leur diplôme en option sort et malédiction après leur idole, Harry Potter. Pour psychanalystes du dimanche, raffolant de cauchemars à couloirs et de traumatismes de la petite enfance bourgeoise.
Bref, ce roman est un innocent patchwork mêlant les filons du thriller à succès, le genre standard où on trouve un relent de sauvagerie remontant des temps médiévaux obscurs, une dose de concupiscence et de cupidité toujours d'actualité, ainsi qu'entre autres objets ravissant l'imaginaire vulgaire, une clé passe-partout des rêves et les joyaux d'un patrimoine convoité, sans oublier tous les ingrédients de la folie de la plus pure tradition populaire féminine, hystérie spectaculaire comprise, le tout saupoudré d'un soupçon... de soupçons prévisibles.
Un plateau-repas sans pain surprise. On digère bien malgré quelques lourdeurs désagréables dans la mise à mort du méchant, laquelle s'organise en plusieurs actes consciencieux qui ne feront baver que les lecteurs les plus aigris sans doute, parmi ceux que les fictions projectives font jubiler, imaginant leurs propres tortionnaires mordre lamentablement la poussière. On avale mine de rien quelques raccourcis glissés dans l'enquête, de ceux qui vous amènent d'un coup de baguette magique sur la bonne piste en vertu d'un hasard facétieux typique des séries B. Un pavé léger de 464 pages qui fait passer sagement le temps comme devant un téléfilm sans autre prétention que distraire, en mode digestion du réveillon.

Les larmes de Pancrace
Auteur: Mallock
Editeur: Fleuves
Parution: 11 février 2016
Prix: 14,90 euros


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