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Une semaine de lecture avec Nicolas Fargues, Julia Kerninon et Sally Rooney

  • Écrit par : Serge Bressan

farguesPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Nicolas Fargues pour son « journal de prison » et le stage d’écriture qu’il a mené pendant sept mois. On enchaîne avec l’impeccable Julia Kerninon et un texte entre réflexion littéraire et bribes d’autobiographie. On boucle avec le nouvel et quatrième roman de l’Irlandaise Sally Rooney, surnommée la « Françoise Sagan 2.0 ». Bonne lecture !

NICOLAS FARGUES : « On est le mauvais garçon qu’on peut »

Dans la préface, on lit : « Les centaines de notes de choses vues, vécues et entendues rassemblées ici sont autant d’empreintes immédiates et chronologiquement restituées de toutes les fois que j’ai cherché à mettre des mots sur les menus et plus lourds détails de cette expérience ». Pendant sept mois, l’auteur a animé un atelier d’écriture dans la prison de la Santé, à Paris, durant lequel il suggérait aux détenus des thèmes comme « Décrivez votre codétenu » ou « Faites votre autoportrait ». Avec « On est le mauvais garçon qu’on peut », il signe son « journal de prison », un exercice auquel s’était livré Jean Genet en 1949 avec « Journal du voleur ». Toutefois, à aucun moment, Fargues n’envisage de se mettre dans les pas de Genet- il tente simplement de raconter la prison, de rapporter au plus près le quotidien des prisonniers. Auteur remarqué pour, entre autres, « Tour du propriétaire » (2000), « Tu verras » (2011) et « Au pays du p’tit » (2015), il évoque les rencontres, les paroles entendues aussi surprenantes qu’inattendues, les conversations et dessine en mots quelques portraits. Il ne craint pas de relater les quelques moments de frayeur qu’il a pu éprouver durant cette expérience. Et n’oublie pas de manier, au hasard des pages, l’humour… Sans jamais tomber dans le voyeurisme.

« On est le mauvais garçon qu’on peut »
Auteur : Nicolas Fargues
Editions : P.O.L
144 pages
Prix : 16 €

 

kerninonJULIA KERNINON : « Le passé est ma saison préférée »

On l’a quittée l’an passé sur un joli succès de librairie avec un roman, « Sauvage ». On retrouve cet automne Julia Kerninon avec un nouveau livre au beau titre, « Le passé est ma saison préférée ». Romancière, essayiste et traductrice, là, elle signe un texte follement ambitieux, délicieusement réussi. Il aurait pu être un grand mélange, c’est un texte intelligent. Propos de l’auteure : « Ce petit livre hybride tisse des fils en apparence distincts : la trajectoire extraordinaire de Gertrude Stein et le caractère périlleux du succès dont elle a fait l’expérience, mais aussi ma fascination esthétique pour le passé, certaines spécificités de la langue anglaise à laquelle je me frotte régulièrement en tant que traductrice, le travail complexe et sans cesse recommencé de l’écriture, et ce que signifie être une femme en littérature, hier et aujourd’hui ». Multiplicité des thèmes- l’exercice est parfaitement maîtrisé par Julia Kerninon qui ne cache pas la face obscure de la poétesse américaine et féministe Gertrude Stein (1874-1946). Mieux : sans avoir l’air d’y toucher, avec « Le passé est ma saison préférée », Julia Kerninon déroule son autobiographie en cheminant sur des chemins de traverse. Un livre d’irrévérence et d’admiration à lire en état contemplatif…

« Le passé est ma saison préférée »
Auteure : Julia Kerninon
Editions : Julliard
128 pages
Prix : 18 €

 

rooneySALLY ROONEY : « Intermezzo »

Le père est mort. Les deux fils se retrouvent, ils ne se sont pas vus depuis des années. Il y a Ivan Koubek, 22 ans, joueur d’échecs de grand niveau, aussi solitaire que sensible. Il y a Peter, la trentaine, il vit à Dublin, il est juriste et cumule les conquêtes féminines. Voilà pour la présentation d’« Intermezzo », le nouveau roman de Sally Rooney, 33 ans, romancière irlandaise qui a connu le succès international avec « Normal People » (2018) ou encore « Où es-tu, monde admirable » (2022), marxiste revendiquée et tenue pour la « Françoise Sagan 2.0 »… Durant la période de deuil, les deux frères vont vire des « amours périlleuses » : Ivan rencontre Margaret, une femme plus âgée (36 ans) que lui, l’histoire ne va pas bouleverser seulement sa vie mais celle aussi de Peter qui va devoir changer de regard sur son cadet que, jusqu’alors, il considérait avec une certaine condescendance et qui a pour petite amie Naomi, dix ans plus jeune que lui sans que cela ne lui pose le moindre problème… Dans cette vie qui va, c’est le temps d’un entracte, d’un intermezzo entre fragilité et aventure. Maîtresse dans l’art de conter les non-dits, les normes sociales, la sensualité et la confusion de sentiments, Sally Rooney s’impose comme l’écrivaine du « je-ne-sais-quoi » et du « presque rien ».

« Intermezzo »
Auteure : Sally Rooney
Traduction : Laetitia Devaux
Editions : Gallimard
464 pages
Prix : 24 €

 


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