Une affaire d’Etats : silences, mensonges, pressions, secrets…
- Écrit par : Félix Brun
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Jeudi 19 octobre 1995, au petit matin…Djibouti, lieu-dit le Goubet, l’anse du Diable(la bien nommée). Le corps à demi-calciné de Bernard Borrel est retrouvé. Sa voiture stationnée sur le parking, portière du conducteur ouverte. Un bidon de carburant dans la malle, un short de couleur verte sur la banquette arrière. Et, entre le véhicule et la dépouille, un certain nombre d’objets en relation avec cette macabre découverte : un briquet, une sandale imprégnée d’essence, une montre, un bidon vidé de son contenu. Sans tarder, et surtout sans vraiment mener une véritable enquête, les gendarmes français de la prévôté de Djibouti concluent à un suicide et alertent immédiatement Paris par télégramme. Qui est Bernard Borrel ? Un juge français détaché auprès du gouvernement de Djibouti… Elisabeth Borrel, l’épouse du magistrat réfute la thèse du suicide, trop grossière, d’un cynisme énorme, dénonçant les conclusions d’une instruction bâclée, irréaliste, expédiée sans scrupules ni pudeur. Elle exige des explications, la vérité de la part des gouvernants français et djiboutiens. Un panier de crabes qui excelle dans le déni de justice, le mensonge d’Etat, la disparition des indices, les intimidations…et avec tout ça trois élections présidentielles !
Journaliste à RFI, David Servenay s’est investi dès 1995 dans ce dossier, menant en parallèle une enquête permettant de rassembler de nombreux indices et éléments à charge…mais sa hiérarchie en janvier 2007 le somme d’abandonner ses investigations sur l’affaire Borrel…sur ordre de l’Elysée? La thèse du suicide a été écartée au fur et à mesure que l’analyse des faits, des indices, des autopsies, que David Servenay et des juges intègres et honnêtes ont diligentés. A ce jour, vingt-deux années après, l’affaire n’est toujours pas élucidée officiellement…le sera-t-elle un jour ?
Bernard Borrel avait-il découvert un trafic particulièrement lucratif pour le pouvoir djiboutien ou les militaires français en poste à Djibouti ? Quel est le mobile de ce crime ? Pourquoi les dirigeants français successifs et le président djiboutien ont étouffé, embrouillé la vérité ? S’agit-il d’un assassinat politique ?
Cette BD est un document structuré en neuf chapitres qui décortiquent, découvrent les preuves, dénoncent les contradictions, démasquent les contre-vérités, l’imposture et le cynisme des technocrates et des "serviteurs" de l’Etat, des Etats. David Servenay diligente une contre-enquête et élabore plusieurs hypothèses sur ce meurtre. Avec un dessin sobre, Thierry Martin assure la clarté et la simplicité d’un scénario pour le moins tortueux. La fin de l’ouvrage est un long entretien avec Elisabeth Borrel et les avocats de ses deux fils ; un point, vingt-deux ans après, sur l’instruction judiciaire…le nouveau Président de la République aura-t-il le courage et l’audace de lever le voile, de délivrer la vérité sur la disparition de Bernard Borrel ?...à suivre, mais pour certains qu’importe la vérité, l’essentiel est de convaincre !
Une affaire d'Etats - Le Juge Borrel - Octobre 1995, le juge Borrel est assassiné
Scénariste : SERVENAY David
Coloriste : MARTIN Thierry
Illustrateur : MARTIN Thierry
Editions : Soleil
Collection : Noctambule
Parution : 13 septembre 2017
Prix : 17,95€