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N degrés de liberté : La Commune de Paris 1871 ou quand gronde l’orage

  • Écrit par : Christian Kazandjian

traugerPar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Où le bruit et la fureur d’une révolution politique et sociale avortée se combinent avec le système désordonné du changement climatique.

Pendant qu’entrent les spectateurs, les sept comédiens, sur scène et dans la salle, pratiquent leurs exercices d’assouplissement, répètent des textes. Puis ils dressent, en bâtisseurs, un praticable de deux mètres carrés, là où se joueront la plupart des scènes d’un spectacle qui ne se veut point didactique, mais reflet d’un réel passé et contemporain. Ils donneront donc des épisodes de la courte (72 jours), mais fertile expérience de la Commune de Paris de 1871. Cette tempête qui bouscula la France, au temps de l’explosion industrielle, et porta loin ses échos, des décennies durant, de par le monde, fait écho au bouleversement météorologique actuel. L’épopée de la Commune est rendue par quelques épisodes essentiels : débats sur la condition ouvrière, sur l’égalité hommes-femmes, sur la représentativité de l’élu ou la Banque, sans omettre la violence de la répression du pouvoir central. En un peu plus de deux mois, la Commune posera les jalons des luttes futures : égalité salariale, citoyenneté pour tous (de nombreux élus et officiers de la Commune étaient étrangers), émancipation des opprimés (colonisés, femmes, enfants), démocratie participative. Autant de revendications aujourd’hui encore trop souvent non suivies d’effets. Comme ne l’est pas la question climatique.

Une universalité toujours actuelle

N degrés de liberté,  pièce écrite collectivement par In Itinere Collectif, aborde un épisode de l’Histoire qui, de national, deviendra universel. Il demeurera pratiquement occulté par l’école et le débat public, continuant toutefois, d’alimenter toute pensée émancipatrice dans le monde. Le parallèle est établi entre la tempête qui ébranla l’ordre politique et social ancien, toujours en gestation, et l’ouragan qui menace de destruction la vie. La rencontre et l’union de citoyens, comme la fusion de minuscules gouttes de pluie, génèrent fureur et force. Qu’elles soient humaines ou naturelles. Le choix d’un plateau réduit à deux mètres carrés où se pressent littéralement les comédiens, confère une vision d’unité dans l’architecture d’un monde nouveau. Les corps s’amalgament, se contorsionnent, se distordent pour former décors, édifices et accessoires. Le mime, la Commedia dell’arte sont convoqués par les sept artistes formés à ces techniques. La plastique de certaines scènes revêt la beauté de certains tableaux de Géricault (Le Radeau de la Méduse) et Delacroix (La Liberté guidant le peuple), artistes visionnaires, comme le furent les acteurs de la Commune de Paris ou d’autres villes : Narbonne, Lyon ou Le Creusot. Que cinq nationalités soient représentées dans la troupe confèrent au spectacle cette touche d’universalité et d’actualité que représente l’expérience de la Commune. L’approche du jeu puise dans les expériences antérieures du théâtre de Brecht, Artaud, du Living Theater, d’André Benedetto, théâtre éminemment politique, d’où n’est pas absente une certaine forme d’humour, attribut des classes populaires et des persécutés.

N degrés de liberté, tout de vivacité et vitalité délivre une belle bouffée d’empathie et solidarité et dans un monde où l’individualisme est prôné par certains pouvoirs dominant dans le champ de la politique, du débat d’idées, de la culture.

N degrés de liberté
Ecriture : In Itinere Collectif
Mise en scène : Thylda Barès

Dates et lieux des représentations:

- Jusqu’au 26 novembre 2024 au Théâtre de Belleville, Paris 11e (01.48.06.72.34.)

- Le 30 novembre 2024  à Gif sur Yvette (91) -  Scène de recherche ENS Paris Saclay

 

 

 

 

 


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