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Cosmo : Julie Villeneuve et son chien pas stupide

  • Écrit par : Guillaume Chérel

cosmosPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ « Il y a eu un orage, et moi qui m’inquiète à distance pour mon chien avec lequel je ne suis pas – mais que je sais terrorisé par les grondements du ciel – un ami me demander : « Qu’est-ce qui t’inquiète autant ? », je réponds : « Qu’il soit tout entier plongé dans le présent, plein d’angoisse, et sans conscience que ça va s’arrêter ! », l’ami conclut : « Tu devrais écrire sur ta relation à Cosmo ». C’est comme ça que ça a commencé ! Â».

Si vous avez eu un chien, dans votre vie, vous comprendrez le seule en scène de Julie Villeneuve, intitulé « Cosmo Â». Dans le cas contraire, les confidences de la comédienne vous laisseront peut-être froid.e.s. Elle-même confesse qu’avant « d’avoir un chien Â», elle trouvait ridicules les « propriétaires Â» de canidés, autocentrés sur leur « bébé Â» d’amour. C’est son compagnon, qui en voulait un, comme souvent dans un jeune couple, avant de passer à l’étape enfant… L’ex parti, elle s’est retrouvée avec « Cosmo Â», un nom choisi surtout pas par hasard.

« Un Monde s’est ouvert plus grand, explique-t-elle. Avant Cosmo, je ne regardais pas les oiseaux, les plantes, il n’y avait que les humains et je me sentais très seule Je ne pensais pas que cet autre que je cherchais pouvait aussi être un chien. Â» De sa relation fusionnelle avec son « fidèle compagnon Â», Julie Villeneuve a tiré une autofiction touchante, qui interroge sur la singulière relation entre l’homme et l’animal. Et pas n’importe lequel : un descendant du Loup qui, paradoxalement, se comporte de la même manière que les humains (chasse en horde, rapports de force et de pouvoir, etc…).

Julie Villeneuve a écrit un spectacle en forme de déclaration d’amour pour Cosmo, « cet autre, si radicalement autre », auquel elle s’est instantanément « attachée Â». Mais pas seulement, puisqu’elle s’auto-analyse, en creux, et en direct-live, sans toujours bien comprendre ce qui lui est arrivée, semble-t-il. Ainsi, quand elle décrit ce corps chaud collé contre son dos, au lit, difficile de ne pas penser à cet ex-compagnon qui lui a légué ce chien. Ou lorsqu’elle raconte avoir quitté, à dix-huit ans, cette famille de bourgeois névrosés, et ce grand appartement trop grand, blanc et froid, pour aller vivre avec des enfants de rues, en Roumanie. Ce passage tombe comme un cheveu sur la soupe. Aveuglée par son mal-être, elle ne voit pas la misère de ces gosses, le nez pourtant plongé dans des sacs plastiques, remplis de colle (pour se shooter oublier leur détresse). Elle qui pourrait « Ãªtre au ski Â», dixit, avec ses parents. De son vécu, de son point de vue égocentré, elle n’a retenu que la chaleur humaine de la bande, réduite à dormir les uns aux autres pour ne pas avoir froid, et/ou se sentir moins seul.e. Ce, avant de retourner en France, où l’attend l’amour inconditionnel d’un chien choyé, et mieux traité qu’un gamin de Bucarest.

L’actrice a le courage de se livrer. De se f… carrément à poil, lors d’une danse de louve sauvage, qu’elle mime parfaitement en ombre chinoise. Elle ose dire sa lâcheté face à la maltraitance d’un autre chien que le sien, sous ses yeux (encore une fois). Elle ne cache pas, non plus, qu’elle a empêché Cosmo de jouer avec ses semblables, de peur qu’il se fasse déchiqueter, allant jusqu’à menacer de les « gazer Â» s’ils s’approchaient trop. Enfin, elle réalise qu’à la fin de sa vie, elle a gâché le seul moment de liberté de ce brave Cosmo, le jour où il est allé batifoler avec une chienne en chaleur, lui interdisant ainsi de répondre à l’Appel de la forêt (cf. Jack London). Comme s’il était coupable d’infidélité. Lui qui n’avait d’yeux que pour elle depuis dix-sept ans.

Au public de se faire son opinion. À la création, en 2022, Julie et son chien occupaient ensemble la scène. Depuis Cosmo a disparu mais son absence, représentée par son coussin, en guise de « cou-couche-panier Â», est la plus grande des présences. Lors de cette introspection, dressée avec tendresse, poésie, et humour, Julie Villeneuve nous parle de la solitude de chacun d’entre-nous. Le spectacle manque parfois de rythme. Il est souvent joué trop lentement. Sauf lorsqu’elle se met en colère contre son frère, qui semble jalouser son amour exclusif pour ce chien. Mais il ne laisse pas indifférent celles et ceux qui ont eu un, voire plusieurs chiens dans leur vie. Nous seuls savons qu’on n’oubliera jamais la profondeur du regard de chacun d’entre eux.

Cosmo
Durée : 1 h 15
A partir de 14 ans.
Compagnie : Le Facteur Indépendant
Conception, mise en scène, écriture, jeu : Julie Villeneuve.
Co-mise en scène et direction d'actrice : Mathilde Lefèvre
Son : José Amerveil
Création lumière : Yann Loric et Jade Rieusset
Chargée de production-diffusion : Fabienne Sabatier

Dates et lieux des représentations:

- Du 15 au 19 octobre au Théâtre La Criée, Théâtre National de Marseille( 30 quai de Rive Neuve, Marseille 7e)

 


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