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Harpagon, avaricieux et amoureux, dans une mise en scène de Philippe Person et Florence Le Corre : une pièce à la jeunesse revigorante où l'on rit beaucoup !

  • Écrit par : Christian Kazandjian

avarePar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ L’Avare développe avec humour et dérision les rapports entre l’argent et l’amour, dans une mise en scène tout de vivacité.

Trois cent cinquante ans après sa mort Molière reste un des auteurs les plus joués en France. Et L’Avare est de toutes ces pièces, probablement la plus connue du public. Certaines répliques telles que : « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger », ou « Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent », font partie de ces répliques apprises à l’école, qui peuplent nos souvenirs. Quant à l’intrigue, elle fait également partie du patrimoine culturel. Traçons-en les grandes lignes, pour mémoire. Harpagon, vieux barbon atrabilaire, obsédé de manière pathologique par l’argent règne sur sa maisonnée en véritable tyran écrasant de son autorité parentale ses deux enfants et la domesticité. Un retour de printemps le pousse à vouloir épouser une jeunesse (bien dotée il s’entend) amoureuse de son fils Cléante. Pour sa fille Elise, qui soupire pour Valère, fils d’un riche napolitain s’étant fait engagé comme intendant pour être près de sa bien-aimée, il projette un mariage avec un riche quinquagénaire qui renoncerait à la dot de la jeune femme. Une suite de quiproquos, d’intrigues, culminant avec le prétendu vol de la cassette aux 10 000 écus d’or, débouchera sur une fin heureuse : le vieux ladre est vaincu par les amoureux et leurs complices au sein de la maisonnée, mais comblé toutefois par le réapparition quasi miraculeuse de son trésor. Car pour Harpagon, quoi de plus important que la fortune, au risque de la perte de son autorité patriarcale.

Patriarcat et argent

La pièce, inspirée de La Marmite de Plaute, comme toute l’œuvre de Molière, a gardé toute sa fraicheur et son actualité. Elle a, pourrait-on même affirmer, gagné en force, dans notre époque où la suraccumulation du capital est de mise parmi les élites économiques. La cassette d’Harpagon enterrée dans le jardin s’est transformée en comptes en banques cachés dans les paradis fiscaux et l’avarice, elle, en revanche, est remplacée par une ostentation de luxe inédite. Il est toutefois un aspect de l’ancien régime présidant aux destinées des humains : le patriarcat et son lot de violence et d’inégalités de genre, dont, il est louable, une partie des sociétés tentent d’éradiquer des actes et des esprits. Molière lui a choisi, comme à chaque fois qu’il a dénoncé l’hypocrisie des puissants, le rire et la caricature, pour un résultat d’une fine démonstration. Les costumes (modernes), le décor (des coffres scellés de cadenas et de chaînes) les effets spéciaux (sirènes de police et d’alarme), la musique (de Polnareff à Morricone) projettent la pièce dans notre ère où argent, réussite et paraître font loi.

La troupe des élèves de l’école du Lucernaire, une vingtaine de comédiens jouant en alternance, dirigée par Philippe Person, qui met en scène avec Florence Le Corre, en donne une version enlevée et stimulante. Pari hautement réussi, qui n’a pas à rougir de la confrontation avec les représentations antérieures ayant fait appel à des monstres sacrés pour mettre en scène et/ou interpréter les différents rôles, de Molière lui-même et Armande Béjart son épouse, à Denis Podalydès, en passant par Michel Bouquet, Michel Serrault, Roger Planchon, Jean Marais , voire Louis De Funès. Un Avare revigorant où l’on rit beaucoup, à consommer sans modération y compris avec les enfants.

L’Avare
De Molière
Adaptation : Philippe Person
Mise en scène : Florence Le Corre et Philippe Person
Avec Marie Dubois-Poulain, Alicia Frugier, Marie Gamarra, Blanche Gilistro, Gabriel Granet, Cecilia Gully, Margot Heckmann, Basile Jean, Blaise Jouhannaud, Émile Kosseim, Antoine Maabed, Lola Maniere, Zoe Mesnage, Estelle Nerant, Gwendal Noat, Leana Nolan, Ambre Olive, Arthur Potel, Alexandre Saint-Etienne, Prasanna, Lisa Templeraud, Bastien Viera et Valentin Yverneau

Dates et lieux des représentations:

- Jusqu’au 3 novembre 2024 au Lucernaire, Paris 6e (01.45.44.57.34) 

 


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