Par Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ Guillaume, producteur de théâtre, attend Eric, son auteur, au tournant : celui-ci lui a en effet promis un nouveau spectacle de haute volée pour relancer leur carrière mais celui-ci se fait attendre.

Normal, Eric gagne du temps n’ayant pas initié quelconque projet d’écriture et surtout n’ayant aucune idée. Alors au final pourquoi chercher loin quand toute l’inspiration peut se trouver devant soi ? C’est ce que comprend Eric quand il décide de raconter la vie de Charles Gentes, grand-père de Guillaume, chanteur populaire des cabarets de Montmartre dans les années 1950.
Surnommé « La voix d’or Â», il forme avec Christine Vercel, autre vedette de l’époque, un duo aussi glamour et célèbre que tourmenté. Derrière le strass, les paillettes du music-hall, les affres de la célébrité, c’est une histoire d’amour aussi passionnelle que torturée qui sera le socle de cette histoire familiale. Haïssant son grand-père dont il a le souvenir d’un être froid, fermé et rigide, Guillaume va découvrir par le processus de l’écriture de cette histoire, de son histoire, ce qui a provoqué l’ascension et la chute d’une idole et ce qui a pu le rendre aussi possessif. Un voyage qui l’emmènera du Liban aux cabarets de Montmartre, des années 1930 à l’après-guerre.
La construction narrative de la pièce est déjà vue, une construction de l’histoire en direct et du théâtre dans le théâtre mais la mise en abîme et les changements d’époque se font avec beaucoup de fluidité. Le mélange de réalité et de fiction permet des rebondissements continus et créent avec intelligence un effet de surprise permanent. Alternant le processus de création, la vie réelle et actuelle et les flashbacks dans un passé plus ou moins lointain, la pièce présente beaucoup de tableaux avec des changements rapides et une rythmique qui lui donne tout son allant.
Ecrite avec beaucoup d’humour, « La voix d’or Â» nous offre une dynamique joyeuse et lumineuse alternant avec les émotions et la profondeur des blessures de certains personnages : le sourire charmeur et l’allure séductrice sur scène, les tourments et jalousies côté coulisses. La scénographie découpe le plateau entre l’arrière-plan, symbole du passé glorieux et des scènes de cabaret, et l’espace devant pour les scènes actuelles ou familiales douloureuses. Pour faire vivre autant de rebondissements, la mise en scène apporte beaucoup de variétés entre humour, émotion, poésie, parties narratives ou dialoguées, chorégraphies et bien évidemment partitions musicales.
Accompagnés par un pianiste live, les comédiens nous font revisiter le répertoire de l’époque et nous replongent avec délice dans la musique des Brel, Moreno, Piaf entre autres. Pour mettre en musique tout cela, remercions la troupe qui avec générosité, talent et énergie nous porte dans l’histoire et nous fait vibrer dans cette fresque familiale aux allures de biopic musical.
Foule sentimentale, soif d’idéal !

La voix d’or
Auteur : Eric Bu, Thibaud Houdiniere
Metteur en scène : Eric Bu
Avec Sandrine Seubille, Élodie Menant, Grégory Benchenafi, Marc Citti ou Stéphane Giletta, Benjamin Egner, Charlie Fargialla

 Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu'au 12 janvier 2025 au Théâtre La Bruyère ( 5, rue La Bruyère, 75009 Paris)