Les souliers rouges : une féérie musicale, tourbillonnante de grâce
- Écrit par : Xavier Paquet
Par Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ « Vivre ou ne pas vivre, vivre son rêve même à tout prix ». Paroles d’un des titres-phare de ce conte musical et éloge à la vie, à la liberté, à la quête individuelle de l’assouvissement de ses rêves.
Dans cette libre adaptation du conte d’Andersen, revisité par la plume de Marc Lavoine, Isabelle, une jeune danseuse prometteuse, rêve de devenir étoile de l’Opéra de Paris. Victor, chorégraphe à succès, souhaite monter un ballet et cherche une ballerine, talentueuse mais naïve, amadouable, prête à tout pour réussir, afin de l’incarner.
Car l’œuvre que souhaite jouer Victor n’a rien d’anodin : « Les souliers rouges » est un ballet maudit dont la légende dit que toute personne qui portera cette paire de chaussons aura succès et gloire mais devra renoncer à sa vie personnelle et à l’amour sous peine de mourir. Un pari fou et audacieux qui permettrait à Victor de retrouver la gloire de son passé. Mais élément imprévu, un journaliste spécialisé et charmé par l’idée, rentre dans la danse : Ben viendra-t-il contredire les plans de Victor et son charme fera-t-il d’Isabelle une nouvelle héroïne maudite de ce ballet ?
Plus qu’une comédie musicale, « Les Souliers rouges » relèvent davantage du conte musical avec uniquement une partition chantée et aucun élément narratif ne servant de construction à l’histoire : ce style plutôt british donne un spectacle tout en rythme et en mouvement permanent, sans temps-mort et avec une énergie sur l’ensemble des tableaux qui s’enchaînent. La mise en abîme de l’Opéra apporte de la grâce entre chant et danse, entre univers baroque et dimension plus contemporaine. Cette virée progressive vers le sombre et le tragique donne de la profondeur à l’histoire et de l’éclat à la performance déjà réussie.
Malgré quelques fausses notes et parfois un manque de technicité vocale, ce spectacle nous éblouit par la qualité de sa scénographie : un univers plutôt épuré fait de draps et de voiles suspendus qui s’ouvrent, s’étirent, se retirent avec harmonie et élégance. Les lumières sont très travaillées, léchées, avec des nuances et des contrastes riches et profonds, chaudes et glaçantes en même temps.
La projection de la vidéo se fait à bon escient et cela nourrit l’histoire et enrichit visuellement la mise en scène qui en devient plus expressive dans l’esprit gothique et avec quelques références historiques ou plus actuelles à des œuvres du répertoire.
La grâce est apportée par la danse, omniprésente et bluffante de rythme, de mouvements, de fluidité : des chorégraphies précises, millimétrées qui mélangent le style classique à l’art plus urbain et dont les costumes, de mousseline, magnifient le soin apporté aux tableaux.
Très joli conte musical, « Les Souliers rouges » revisite le conte originel en lui donnant une grâce et une portée universelle : avec poésie et féerie, il aborde le thème du dilemme et du choix à opérer quand on cherche à assouvir plusieurs passions. Pourquoi renoncer ? Sur quoi renoncer ? Le risque ne fait-il pas partie du sel de l’aventure ?
A la cupidité de Victor répond la candeur d’Isabelle dont la fraicheur, la naïveté et la fragilité lutteront jusqu’au bout aux tourments de la malédiction. L’Etoile continuera de briller.
Les souliers rouges
Conte d'Andersen revisité par Marc Lavoine et Fabrice Aboulker
Mise en scène : Jérémie Lippmann
Chorégraphie : Tamara Fernando
Dates et lieux des représentations :
- Les 9, 10 et 11 février 2024 à Salle Pleyel ( 252 Rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris)
- 17 février 2024 - Roubaix - Le Colisée
- 9 mars 2024 - Toulouse - Casino Barrière
- 27 mars 2024 - Nantes - Cité des Congrès
- 6 avril 2024 - Genève - Théâtre du Leman
- 14 avril 2024 - Lyon - La Bourse du Travail
- 16 avril 2024 - Arcachon - Théâtre Olympia
- 17 avril 2024 - Bayonne - Salle Lauga
- 20 avril 2024 - Cannes - Palais des Festivals
- 21 avril 2024 - Marseille - Le Cepac Silo