Par Delphine Caudal - Lagrandeparade.com/ La célèbre marquise de Merteuil se présente sur scène, quinze ans après son retrait de la vie parisienne. « Et oui â€¦ Je suis vieille ! Â»

Nous voilà plongé.e. s dans une suite librement écrite par Marjorie Frantz du classique de la littérature française « Les Liaisons Dangereuses Â», de Choderlos de Laclos. Elle est gantée, entourée d’une cape noire, chignon et tresse serrés, bardée d’un sourire narquois qui en dit long sur son caractère impétueux et manipulateur. Avec nonchalance, et une élégance maîtrisée, elle s’assied sur un des canapés roses trônant sur scène.
Une femme, plus jeune, dans une gracieuse robe de mousseline bleu claire, fait son apparition en se délectant d’un plan qu’elle a réussi à mener à bien. Elle a judicieusement utilisé le nom de Valmont, décédé des années auparavant, pour attirer cette marquise disparue. Il s’agit de Cécile Volanges, qui a finement préparé cette rencontre, dans le but de faire reconnaître à son ancienne confidente les dramatiques conséquences de « ses petits jeux malsains Â».

[bt_quote style="default" width="0"]Quand une femme combat une autre femme, l’issue est fatale.[/bt_quote]

L’échange entre les deux femmes est cinglant, la répartie réjouissante. Ce duel féminin est superbement interprété par deux comédiennes captivantes et attendrissantes : Chloé Berthier, dans le rôle de Cécile, et Marjorie Frantz, auteure de la pièce et interprète de la marquise de Merteuil. On savoure cette joute verbale, le public est très rapidement conquis. Cécile Volanges, devenue Cécile de Gercourt, est devenue une femme assurée, qui ne laissera pas la marquise dévoiler ses petits secrets au grand jour. Cette dernière serait sur le point de faire publier un récit autobiographique, ce qu’elle aurait promis au vicomte de Valmont de son vivant.

C’est avec un immense plaisir qu’on écoute l’intelligence des propos de cette perspicace marquise, lorsqu’elle tente de se défendre des virulentes accusations de sa petite cousine, Cécile. « La connaissance est la plus belle des choses Â».

Elle rappelle ce qu’était la condition féminine quinze ans plus tôt, et ce qu’il en est encore dans les mÅ“urs. Elle n’acceptera jamais l’infériorité de son sexe, et son injustice quant au libertinage. « Je ne suis pas perverse, je suis désobéissante Â»

C’est avec émotion que l’on écoute sa tristesse lors de l’assassinat en duel de son amant, le vicomte de Valmont. Elle en était éperdument amoureuse, et son chagrin ne fit qu’augmenter lorsqu’elle comprit qu’il tombait amoureux d’une autre. L’interprétation de Marjorie Frantz est particulièrement touchante. « Valmont est le seul homme qui a respecté mon intelligence Â».

Mais Cécile ne se laissera pas désarmer par cet aveu de faiblesse. Elle n’en oubliera pas son objectif premier. « Si vous êtes tombée amoureuse d’une ordure charismatique, ce n’est pas de ma faute Â».

On salue allègrement la prouesse théâtrale des deux femmes. L’on avait jamais vu un public retenir à ce point son souffle à l’unisson… Un magnifique moment! C’est une perle du théâtre contemporain que l’on recommande vivement !

Merteuil

Pièce écrite par : Marjorie Frantz
Mise en scène : Salomé Villiers
Assistant mise en scène : Alexandre de Schotten
Avec Chloé Berthier et Marjorie Frantz

© Cédric Vasnier

Dates et lieux des représentations :

-  Jusqu'au 7 mai 2023 au Théâtre Lucernaire ( 53 rue Notre-Dame-Des-Champs 75 006 Paris)

- REPRISE - Du 31 janvier au 31 mars 2024 - LUCERNAIRE(53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris)- Du mardi au samedi à 20h00 Dimanche 17h00