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Sonate : le K. Mozart

  • Écrit par : Christian Kazandjian

sonatePar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Sonate, à partir d’une fiction mettant en présence Mozart et le mystérieux Köchel, nous plonge dans l’éprouvant processus de la création.

Un piano, des partitions éparses sur le sol : toute une œuvre. Quelques notes surgissent de l’ombre : la Sonate pour piano n°11, en la majeur, K 331 de l’immense Wolfgang Amadeus Mozart. Quel est donc ce mystérieux K qui figure après le titre de chacune des quelque 600 pièces écrites par le génie de Salzbourg ? Sonate, pour y répondre, met en scène le compositeur et celui qui, durant 12 longues années, en dressera le répertoire : Ludwig von Köchel, botaniste, géologue et musicologue. La rencontre n’aurait, dans la vie réelle, jamais pu se produire, Köchel étant né neuf ans après la mort de Mozart. Mais au théâtre tout se peut, comme de faire endosser, par une seule comédienne, les deux rôles. Une robe de chambre pour le compositeur, un chapeau cabossé pour son admirateur y pourvoit. Les dialogues aigre-doux ou passionnés, font entrer dans le secret de la création, les affres du découragement, l’exaltation de la découverte, l’abattement puis la joie voire l’euphorie. La pièce aborde l’art par ses deux versants : celui de la création et celui de la transmission, sans laquelle l’œuvre serait mort-née. Alors oui : c’est par la grâce de l’opiniâtreté d’un admirateur que les sonates, opéras, concertos de Mozart n’ont pas été dispersées, dilapidées, perdues peut-être. Grâce donc, sans aucun doute, au travail d’un amateur éclairé qui donna au monde ce que l’on nomme communément « catalogue Köchel ».

Un pont entre les cultures

Pour incarner ce couple improbable, il fallait le double talent ( et même triple en y incluant l’écriture du texte) de Camille De Léobardy pour répondre au défi. La comédienne se révèle excellente pianiste, se risquant même à l’improvisation sur le thème de cette Sonate n°11, dite également « alla turca », n’hésitant pas à y introduire du Bizet, du Piazzolla, du ragtime, comme un rappel que la musique, les musiques sont en perpétuelle évolution, se nourrissant les unes des autres, établissant des ponts entre les civilisations, les cultures. Camille de Léonardy pousse la démonstration, dès l’ouverture, avec cette « Sonate en la majeur pour harmonica et djembé », illustration de ce qu’on connaît désormais sous le vocable de « world music ». La musique est compagne des actes du quotidiens : on fredonne, on chante chez soi, dans la rue, seul, entre amis. Mais sait-on toujours combien, « pour toucher le cœur de l’homme », le créateur se heurte aux difficultés matérielles, morales, aux angoisses et aux moments où s’égare l’esprit aux confins de la folie, pour enfin atteindre un but qu’on repousse sans cesse, en quête de perfection.
Décor, accessoires, costumes épurés à l’extrême, jeu où le mime, espéranto gestuel d’universelle compréhension, prend parfois la place du verbe, sont mis en scène pour mieux exalter le difficile processus de création. La musique de Mozart, toutes les musiques en somme, sont remarquablement servies par Camille De Léonardy, dans un seule-en-scène qui nous donne envie, à, peine rentré de réécouter une sonate de Wolfgang Amadeus, un tango, un air jazzy ou polyphonique, voire une comptine de notre enfance.

Sonate
De et par : Camille de Léonardy
Avec la collaboration artistique de Pierre Ficheux
Durée : 1h10

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu'au 8 novembre 2022 au Studio Hébertot Paris 17e (01.42.93.13.04) les lundis et mardis.


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