Menu

Changer l'eau des fleurs : une jolie pièce, revigorante d'espoir et d'optimisme

  • Écrit par : Xavier Paquet

l'eau des fleursPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ S’appeler Toussaint ce n’est pas banal, mais quand on est garde-cimetière ce n’est plus une vocation, c’est un destin. Pourtant ce destin, pas plus que son nom, Violette ne l’a choisi : née sous X, mariée à Philippe qui a disparu du jour au lendemain sans laisser de traces, ancienne garde-barrière devenue gardienne du cimetière de Brancion-en-Châlon, petit village bourguignon.

Sa vie est paisible et son quotidien tourne autour de son travail : un peu de nettoyage des médailles funéraires, de fleurissement des tombes, elle veille avec amour sur ses voisins, plus morts que vivants. Une quiétude entrecoupée par les visiteurs dont elle recueille confidences et note les passages dans des registres qu’elle tient à jour. Sa seule distraction repose sur Charles Trenet, son idole, dont elle écoute et entonne les chansons à toute heure de la journée.

Mais qu’est-ce qui a poussé cette femme à choisir la solitude et le silence des morts comme compagnons de vie ? Sa vie prend une autre tournure quand Julien, commissaire, est de passage pour comprendre pourquoi sa mère décédée tenait à être enterrée ici et ses cendres dispersées sur la tombe d’un inconnu. A partir de ce moment, les questions succèdent aux réponses dans ce huit-clos où chaque vérité se délivre au compte-gouttes au milieu des silences d’outre-tombe.

Adaptée du roman du même nom, la pièce présente une version épurée du texte d’origine tout en gardant la poésie et l’humanité qui en ont fait son succès : cette rencontre de deux êtres cabossés, aux blessures enfouies, dont l’amour et la tendresse pour l’autre font revenir à la vie des cœurs morts.

Le décor se décompose en deux parties : un dédale de compositions florales et de pierres tombales sur la gauche, deux étagères métalliques symbolisant l’intérieur de Violette au centre. Une scénographie sans frontières entre l’une et l’autre partie comme si la vie de Violette ne pouvait se partager entre son chez soi et les dernières demeures de ses voisins. Un extérieur fleuri et coloré, un doux parfum d’été, qui contraste avec l’intérieur du logement, gris et sombre, comme Violette l’est à l’intérieur. Une mise en scène soignée, amenant des symboles et clins d’œil astucieux dans certains détails et valorisée par un jeu de lumières tout en subtilité dans ce magnifique décor qu’est le théâtre Lepic.

Drôle, tendre et émouvante, « Changer l’eau des fleurs », interprétée avec justesse, illustre la résilience de l’être humain et sa capacité à soulager ses fêlures pour renaitre de ses cendres. 

« La mort commence lorsque personne ne peut plus rêver de vous ». Pourtant cette jolie pièce fait renaître les vivants et redonne des motifs d’espoir et d’optimisme face aux aléas de la vie : le bonheur réside dans les choses simples, simple comme la vie remplie d’humanité de Violette.

Changer l'eau des fleurs
Adaptation : Caroline Rochefort et Mikael Chirinian
 Auteure : Valérie Perrin
Avec Caroline Rochefort, Morgan Perez, Frédéric Chevaux ou Jean-Paul Bezzina
Metteurs en scène : Salomé Lelouch, Mikael Chirinian

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu'au 17 décembre 2022 au Théâtre Lepic ( 1, avenue Junot, 75018 Paris)


À propos

Les Categories

Les bonus de Monsieur Loyal