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La Tentation des pieuvres : l’art tentaculaire de Maguelone Vidal

  • Écrit par : Romain Rougé

la tentationPar Romain Rougé - Lagrandeparade. com/ Metteuse en scène, musicienne et performeuse, Maguelone Vidal explore les relations poétiques et sensorielles entre le corps et le son. Elle présente sa dernière création au Printemps des Comédiens, les 18 et 19 juin 2022.

Maguelone Vidal, quand on vient voir La Tentation des pieuvres, vient-on assister à une pièce de théâtre, à un concert ou à un cours de cuisine ?
Un peu ces trois choses à la fois, même si ce n’est pas un cours car on voit très bien tout ce qui se passe en cuisine. On vient assister à une « odyssée gastrophonique » ! Ça fait un peu crâneuse dit comme ça, mais c’est ainsi que la Philarmonie de Paris avait très justement défini le spectacle.

Pourquoi une bourride de petites seiches ?
D’abord parce que je voulais travailler avec le chef cuisinier Claudius Tortorici : il a passé sa vie à revisiter la cuisine familiale sicilienne et il a une présence scénique impressionnante. De plus, c’est un jeune retraité, le projet était donc réalisable. C’était important pour moi de travailler sur un plat qui symbolise l’universel comme idée de local sans les murs. C’est pourquoi j’ai proposé ce plat méditerranéen par excellence qui est dégusté partout dans le monde et qui est, en même temps, un plat populaire. Il est aussi intéressant car sa conception est très dramaturgique avec l’eau qui bout, l’aïoli qui est monté, les plaques à induction qui crépitent… C’est aussi un plat très odorant grâce aux fumées qui s’échappent de la cuisson. J’aime la « gastrophonie », cette idée de chemin vers autre chose, tous ensemble. La bourride de petites seiches se prête bien à cette notion de dégustation et de plaisir collectif.

Vous parlez de musique culinaire : comment, concrètement, réussissez-vous à la mettre en scène ?
Toute la partition musicale est construite autour du plat qui est en train d’être cuisiné. Tout est écrit en fonction des sons émanant des actions du cuisinier qui a, de fait, le rôle du chef d’orchestre.

vidalVous déployez un singulier et impressionnant dispositif scénique : est-ce une gageure ?
Le dispositif en forme de pieuvre est composé de huit branches au bout desquelles sont positionnés les musiciens. C’est le public qui investit le plateau car ce spectacle est avant tout une célébration des convives. Le dispositif n’est pas une gageure à partir du moment où je voulais avant tout célébrer l’hospitalité du spectacle vivant. Les musiciens servent le public et ce dernier se nourrit autant du plat proposé que du spectacle ! L’objectif est d’être ensemble, de partager. Une centaine personne qui partagent le même plat, en même temps, c’est très rare.

Vous parlez d’ailleurs de communion…
Les confinements successifs et cette période de pandémie nous ont énormément isolés : la nécessité du spectacle vivant dans son sens le plus archaïque m’est apparue assez évidente : on se donne rendez-vous tous ensemble, à une heure donnée, pour partager des émotions. On écoute de la musique, on est ébloui par cette cuisine-spectacle qui devient la quintessence de l’être-ensemble. Tous nos sens sont convoqués, on se met à parler avec son voisin qu’on ne connaît pas forcément…

Ce lien étroit que vous entretenez avec la musique et les sens semble vous tenir à cœur dans votre travail. D’où est-ce que cela vient ?
Ça me constitue tellement ! Mes grands-parents avaient un restaurant, j’ai toujours été sensible à ce ballet de serveurs et de plats frais orchestré comme un spectacle. Ce rapport au goût et aux sons vient de là. Ça me fait aussi vibrer de travailler l’aspect synesthétique de la musique. Je parle d’ailleurs plutôt de spectacle vivant hybride, d’hybridation structurelle, non pas de disciplines artistiques ou de gestes simplement superposés. Ce côté-là vient plutôt de mes études en médecine ! Dans La Tentation des pieuvres, comme dans un restaurant, il y a un lien qui se crée entre les invités (au centre de tout), les musiciens, le chef et les aliments cuisinés. Mais là, un poireau qui cuit et qui produit du son devient spectaculaire !

La Tentation des pieuvres
Mise en scène, conception musicale, saxophones, voix et objets : Maguelone Vidal
Chef cuisinier : Claudius Tortorici 
/ Electronique : Christian Zanési ou Vivien Trelcat 
/ Violoncelle, voix : Didier Petit
/ Batterie, voix : Philippe Foch 
/ Scénographie : Emmanuelle Debeusscher 
/ Création lumière : Laïs Foulc
/ Regard extérieur : Emilie Rousset
/ Ingénieur du son : Axel Pfirrmann
/ Régie lumière : Mylène Pastre
/ Régie plateau et générale : Jean-Marie Deboffe/ 
Régie cuisine : Margaux Decaudin ou Emilie Ayer
Direction de production : Nathalie Carcenac 
Diffusion : Marthe Lemut

Production : Intensités 
/Coproduction : Comédie de Reims – Centre Dramatique National, Césaré – Centre National de Création Musicale Grand-Est, La Muse en Circuit – Centre National de Création Musicale Île De France, Arsenal – Cité Musicale – Metz, Centre Dramatique National – Montpellier 
Partenariats : Ina-GRM – Paris 
Décor : Ateliers du Centre Dramatique National – Montpellier 
ntensités reçoit le soutien du Ministère de la Culture – Drac Occitanie au titre de l’aide à l’ensemble musical conventionné, de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée au titre du conventionnement et de la Ville de Montpellier.

Dates et lieux des représentations: 

- Les Samedi 18 juin (13h et 20h30) et Dimanche 19 juin (13h et 20h30) 2022 - Printemps des Comédiens – La Bulle Bleue (34)

 

 


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