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Printemps des Comédiens : Aurélie Leroux présente ses Métamorphoses, « une polyphonie vibrante de nos humanités »

  • Écrit par : Romain Rougé

aureliePar Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ La metteuse en scène s’installe dès le 9 juin 2022 au Hangar Théâtre avec sa nouvelle création. Habituée à travailler au sein des Écoles supérieures d’art dramatiques, c’est sa rencontre avec des comédiennes et des comédiens de l’Ensad de Montpellier qui a, entre autres, inspiré cette pièce.

Aurélie Leroux, le mélange des genres vous tient habituellement à cœur (théâtre, danse, musique, art visuel) et cela semble également le cas dans ce « Métamorphoses (… l’affaire Vacant »).

Mes créations naissent toujours d’une enquête menée sur un sujet ou sur une œuvre et d’une union en fonction de celles-ci avec différents praticiens. J’éprouve effectivement , depuis que j’ai débuté le théâtre, cette nécessité qu’il soit porteur des diversités et possibles du vivant, qu’il s’y crée une mouvante rencontre entre différents genres, au-delà de toutes frontières et étiquetages. « Métamorphoses (…l’affaire Vacant) » s’inscrit dans ce cheminement : il se construit par un dialogue entre théâtre et danse, lumière et sons, en la recherche d’un espace vibrant de relations.

En quoi votre rencontre avec 14 jeunes actrices et acteurs issus de l’École Supérieure Nationale d’Art Dramatique de Montpellier a été une inspiration ?

Avant de rencontrer ce groupe, je venais de découvrir le livre « Métamorphoses » d’Emanuele Coccia : ce fut une véritable « bouffée » d’oxygène que ce regard réparateur sur notre façon d’envisager notre relation au monde ! Nous sortions des confinements, et je voulais avant toute chose partager avec eux cet élan pour envisager nos lendemains. Puis tout est parti d’eux, de leurs propres enquêtes si diverses et riches soient-elles sur ce sujet. Et j’ai écouté leurs voix, leurs corps, leurs imaginations pour rêver ce spectacle qui serait tout autre avec un autre groupe. Chaque actrice et acteur porte ici une figure traversée par un désir ou une peur d’une métamorphose, le temps d’un moment partagé ensemble dans un bar. Une polyphonie vibrante de nos humanités.

Qu’est-ce que le Krump, cette danse urbaine qui vous fascine et qui jalonne « Métamorphoses » ?

En les années 2000, un clown Thomas Johnson se glisse dans les anniversaires au sein des Ghettos de Los Angeles en inventant une gestuelle porteuse de récit dans le but de faire changer ces vies difficiles par l’apport de l’imaginaire. Pionnier du « clowning », il sera imité par les enfants du quartier. Au fur et à mesure, cette pratique deviendra ce qu’on appelle le Krump. Une danse qui se différencie des autres danses urbaines par son aspect spirituel et rituel, son désir de refuser camisole et isolement, de transformer colère, rage en une louange profonde en la vie, de dessiner un territoire à ceux qui n’en ont pas.

Comment avez-vous découvert cette danse ?

Ma rencontre avec le Krump fut un long chemin et une réelle immersion ! Ma précédente création « Atterrir » traite de la figure d’un enfant qui n’a plus nulle part où aller, en quête de terre. J’ai travaillé dans une association pendant plusieurs années notamment avec des adolescents qui avaient vécu déplacements, et pertes de terre. Je voulais témoigner avec eux et pour eux. Mais avec cette nécessité d’un au-delà des mots et aussi d’un langage universel. Et au fil des coïncidences, j’ai rencontré la krumpeuse Léonie Mbaki, avec qui nous avons créé ce solo, nourrissant sa gestuelle des récits et des témoignages.

Pourquoi l’avoir intégré dans « Métamorphoses » ?

J’ai décidé de poursuivre ce chemin avec le Krump pour cette pièce avec évidence car cette pratique se fonde sur la nécessité de la métamorphose : sa gestuelle repose tant sur un désir de soulèvement, que sur une affirmation de corps protéiformes. Nous ne sommes bien sûr pas ici dans un spectacle de Krump, mais c’est un outil formidable pour des acteurs et actrices de théâtre et pour un projet comme celui-ci.

Si vous aviez le pouvoir de métamorphoser le monde actuel, par quoi commenceriez-vous ?

pixabayL’hospitalité qui en fait cruellement défaut et qui impliquerait d’autres métamorphoses !

Vous avez été, pendant plusieurs années, collaboratrice artistique d'Alain Fourneau à Moscou, dans le cadre d'un projet franco-russe mené́ avec la troupe de Youri Pogrebnitchko. Quel regard portez-vous sur les événements dramatiques en Ukraine et l’impact que ça a forcément sur les artistes russes ?
Je ne peux qu’en constater l’horreur. Je pense aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens, à ces vies détruites. À ce pays. Je le soutiens. Je pense aussi à mes amis russes, et particulièrement à ceux qui ont de la famille en Ukraine. Et je me lie à ces artistes russes qui travaillent de toutes leurs forces à lutter contre cette sanglante dictature.

Métamorphoses (… l’affaire Vacant)

Texte et mise en scène : Aurélie Leroux / Ensad Montpellier
Avec : Fanny Barthod, Léïa Besnier, Pierre Bienaimé, Laurence Bolé, Adeline Bracq, Etienne Caloone, Théophile Chevaux, Stan Dentz-Marzin, Claire Freyermuth, Camille Grillères, Noémie Guille, Mélanie Helfer, Guilhem Logerot, Théotime Ouaniche, Léonie Mbaki Mabolia
Krump : Léonie Mbaki Mabolia 
Création sonore : Sébastien Devey 
Création lumière : Émilie Chomel et Mustapha Touil 
Costumes : Nadia Rahmouni 
Régie plateau, construction : Rémi Jabveneau
Avec le soutien de Montpellier Méditerranée Métropole

Dates et lieux des représentations: 

- 9, 12, 15, 18, 22, 25 juin 2022 au Hangar Théâtre - Dans le cadre du Festival du Printemps des Comédiens ( 34)

 


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