Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Le principe est simple : choisir cinq pièces en un acte ( Feu la mère de Madame, Léonie est en avance, On purge bébé, Mais n’te promène donc pas toute nue) dont une inachevée ( Cent millions qui tombent ) et faire en sorte qu’elles se croisent à l’envi pour mettre en lumière les conflits sempiternels qui sévissent - presque - toujours dans l’intimité des unions matrimoniales. 

L’occasion, encore et toujours, pour les inconditionnels du maître de s'esclaffer gaiement sur les comiques de mots et de caractères qu’entraînent les situations truculentes imaginées : l’annonce nocturne erronée ( on s’est trompé de porte!) du décès d’une (belle-)mère, les itératives scènes de jalousie d’un mari exaspéré des tenues légères de sa femme, les caprices incompréhensible d’une femme enceinte ou encore les inquiétudes terribles qu’entraînent la constipation d’un enfant en bas-âge…

[bt_quote style="default" width="0"]Je suis fatigué. Tu me feras une scène demain.[/bt_quote]

Applaudissons : la distribution qui génère des couples aussi peu assortis physiquement qu’excentriques - notons qu'André Marcon est fort distrayant déguisé en Roi Soleil par « temps de pluie Â», la mise en scène enlevée qui offre des intermèdes musicaux dansés façon comédie musicale des années 50 où maîtres et domestiques ( qui rêvent de se venger derrière leur sourire flatteur…) se trémoussent à coup de plumeau ou de pots de chambre, les costumes qui s’assortissent délicieusement au décor suranné ainsi que la scénographie, aussi esthétique que pertinente : une grande pièce blanche immaculée dans laquelle siègent seulement des chaises aux assises confortables et aux couleurs chamarrées. Côté jardin et cour et en fond de scène, l’on trouve des portes bien utiles pour échapper aux confrontations trop pesantes. En lettres de lumière, on lit enfin « Hôtel Feydeau Â» – un clin d’oeil à l’Hôtel Terminus, où le dramaturge s’était réfugié pour écrire des pièces après sa séparation d’avec son épouse.

Si ce télescopage de pièces enlève sans doute du percutant à chacune, il met cependant en exergue la guerre sans pitié à laquelle se livrent de nombreux couples aux prises avec le quotidien et fait entendre les rancoeurs des valets ( qui rêvent de saturnales !…). Oui, ici éclatent avec évidence les topoi du théâtre de Feydeau et ses moqueries constantes envers la bourgeoisie. Les femmes peuvent tout autant se présenter en objets de désirs pétillantes - toujours gnangnan cependant! - qu'en mégères affublées de robes de chambre disgracieuses; les hommes aspirent à prendre la poudre d’escampette et pourtant marchent au doigt et à l’oeil de leurs épouses qu’ils craignent...et les préoccupations restent triviales même lorsqu’on s’apprête à recevoir - ou à devenir-un ministre! 

Le public rit beaucoup et applaudit cette comédie de chambre sympathique avec pantoufle et chemise de nuit. Et pour ceux qui aiment moins les pièces de Feydeau ( et on avoue en faire partie...), Georges Lavaudant réussit le tour de force de nous faire toutefois passer un agréable moment :  une mécanique bien huilée, enrayée par un esprit espiègle, gagne à notre humble avis en saveur et en modernité...

Hôtel Feydeau
Georges Feydeau – Georges Lavaudant
Dramaturgie
 : Daniel Loayza
Adaptation, lumière : 
Georges Lavaudant
Décor, costumes
 : Jean-Pierre Vergier
Son
 : Jean-Louis Imbert
Maquillage, coiffure, perruques
 : Sylvie Cailler et 
Jocelyne Milazzo
Chorégraphie : 
Francis Viet
assisté de Darrell Davis
Construction du décor
 : Ateliers de la MC93 – Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis
Avec Gilles Arbona, 
Astrid Bas, 
Lou Chauvain,
 Benoit Hamon, 
Manuel Le Lièvre, 
André Marcon, 
Grace Seri
, Marie Vialle

Dates et lieux des représentations:

- Les 28 et 29 novembre à la Scène nationale de Sète et du bassin de Thau
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- Du dim. 10/12/17 au sam. 23/12/17 à Villeurbanne Théâtre National Populaire (TNP)  - réservation Tel. +33 (0)4 78 03 30 00
- Du mar. 06/02/18 au mer. 07/02/18 à Belfort Le Granit - Tel. +33 (0)3 84 58 67 67
- Du mar. 27/02/18 au jeu. 01/03/18 à Annecy Bonlieu Scène nationale - réservation Tel. +33 (0)4 50 33 44 11