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Les monstrueuses : l’histoire touchante et poétique d’une jeune femme qui ne voulait pas donner la vie

  • Écrit par : Imane Akalay

monstrueusesPar Imane Akalay – Lagrandeparade.fr /
 La pièce démarre sous le clair de lune, quelque part dans le désert. Telle une poétesse épique, Leïla Anis déclame, crie sa peur viscérale de la Majnouna – « la possédée» -- la femme monstre qui hante et poursuit de sa malédiction.

Et puis l’histoire se pose. Nous sommes en France en 2008. Ella, trente ans, vit en couple. Son compagnon désire un enfant. Ella est terrifiée à l’idée d’enfanter. En sortant du laboratoire d’analyse avec la confirmation de sa grossesse, elle s’évanouit. Et se réveille le lendemain à l’hôpital, dans la plus grande confusion, convaincue de s’appeler Jeanne et de vivre en 1929. Un médecin très humain identifie une amnésie post-traumatique et décide de l’accompagner dans son cheminement anachronique.

Ella porte en elle une lourde histoire familiale liée au rapport à l’enfant. Ancrée dans son inconscient, la mémoire prénatale a forgé son psychisme. L’annonce de sa grossesse va libérer les douloureux épisodes qui ont marqué sa généalogie. Elle se glisse dans la peau de diverses aïeules de ses lignées française et yéménite, et vit une succession d’histoires terribles liées à leurs maternités. Abandon, rejet, culpabilité, ces femmes se sont accusées, condamnées, maudites : « monstre tu as été, monstre tu engendreras Â».

Ella revit la violence de son histoire prénatale afin de pouvoir s’en affranchir. Le choc de l’annonce de sa grossesse la plonge dans des émotions qui font écho à celles de l’inconscient collectif et résonnent avec celles de l’héritage collectif des femmes de sa généalogie. A mesure qu’elle progresse dans son voyage généalogique, son histoire s’éclaire, la confusion s’amenuise. La prise de conscience est son chemin de guérison.

Et c’est cela, la Majnouna – le monstre de la mémoire enfouie, la création de l’inconscient collectif. Sa prise de conscience est salvatrice : « la Majnouna n’est pas mauvaise. Le monstre c’est le silence Â». En l’identifiant, elle s’est affranchie du monstre des superstitions ancestrales et des terreurs enfantines. Elle est enfin prête à donner la vie.

Leïla Anis, l’auteur du texte, interprète avec force et émotion les différentes figures féminines de cette lignée familiale. Son écriture est poétique et délicate, le récit est touchant et met en exergue l’importance de l’héritage et de la transmission dans le psychisme humain.

Les monstrueuses

Auteure et comédienne : Leïla Anis
Metteur en scène et comédien : Karim Hammiche
Création musicale : Clément Bernardeau
Créatrice lumière : Véronique Guidevaux
Régie son : Pierre-Emmanuel Jommard
Production : Compagnie Oeil Brun
Co-production : Théâtre de Cachan, Grange Dimière-Théâtre de Fresnes, L'atelier à spectacle-scène conventionnée de l'Agglo du pays de Dreux, Ville de Dreux, Conseil départemental d'Eure-et-Loir, Région Centre-Val-de-Loire, Drac Centre-Val-de-Loire

A partir de 13 ans

Dates et lieux des représentations: 

- Du 21 novembre au 2 décembre 2017, dans le cadre du focus « femmes !, à la maison des Métallos - Paris.

- DU 6 AU 27 JUILLET 2018 - RELÂCHES : 11, 18 JUILLET à 11h25  au 11 • GILGAMESH BELLEVILLE ( 11, bd Raspail, 84000 - Avignon ) Avignon OFF 2018

 


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