Le dernier jour d’un condamné : une adaptation qui gagnerait à plus de mesure
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - lagrandeparade.fr/ Les intentions de Victor Hugo, en publiant en 1829 ce texte, étaient de proposer un plaidoyer enflammé pour l’abolition de la peine de mort. C’était un acte politique, qui l’est encore aujourd’hui ; même si la peine capitale est abolie en France, elle suscite toujours de nombreux débats et, surtout, est encore appliquée dans de nombreux pays.
Pour ce faire, Victor Hugo tient une idée géniale : plonger dans l’esprit d’un condamné à mort, lors des dernières heures précédant son exécution. On ne connaîtra quasiment rien de cet homme, de son histoire (hormis qu’il s’exprime comme un individu cultivé, qu’il est mari une adé et père d’une petite fille de 3 ans), ou de son crime (crime de sang dont il se dit coupable), car le propos n’est pas là . Il réside dans une immersion totale dans les méandres des idées, des sentiments, des sensations de celui qui sait qu’il va mourir, qu’on va le tuer, que la société va le tuer.
C’est à un discours en forme de journal intime que nous convoque cette adaptation, en un monologue qui dissèque chaque affect. Reclus dans les quelques mètres carrés de sa cellule, l’homme passe par toute une gamme d’émotion que William Mesguich, seul en scène, est chargé de nous communiquer.
Malheureusement, la mise en scène est très lourde, et, en soulignant chaque effet, chaque moment, de façon très appuyée (lumières, ponctuations de musique, récitation en boucle et en écho de "Demain dès l’aube"…) elle coupe court à l’émotion. Tout est exagéré, poussé au paroxysme, tandis qu’il aurait fallu de la finesse, de la distance, de la retenue pour suivre cet homme dans les tourments qu’il endure. William Mesguich est parfois particulièrement touchant, lorsqu’il n’est pas dans cette gestuelle forcée et hystérique. Dans ces instants, il fait montre d’un talent certain, et émeut profondément. Malheureusement, le reste du temps, son jeu est à l’aune de la mise en scène, trop appuyé.
Un spectacle qui vaut pour son sujet, mais gagnerait à plus de mesure !
Le dernier jour d’un condamné
D’après Victor Hugo, Adaptation de David Lesné
Mise en scène : François Bourcier
Avec William Mesguich
Durée : 1h 15
Dates et lieux des représentations :
Du 29 août au 4 novembre 2017, du mardi au samedi à 19 h et le dimanche à 17 h – Studio Hébertot, 75017 PARIS