Baie des Anges : quand fiction et réalité s’entremêlent, entre noirceur et fureur de vivre
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Gérard souhaite rendre hommage à l’un de ses amis qui s’est suicidé à quarante ans trois mois et sept jours, au même âge exactement que celui auquel sa mère s’était éteinte. Il sollicite donc deux comédiens, Armand et une jeune femme, pour créer un spectacle autour de cette histoire. Très vite cependant leurs vies personnelles se confondent avec celles des personnages. A la manière d’une enquête policière, l’on découvre les éléments majeurs de la vie du disparu, tourmentée et sombre...et l'on voit transparaître derrière le masque des comédiens des fragilités, des désirs, des mesquineries que la fiction fait percer.
L’écriture singulière de Serge Valletti séduit par ses touches elliptiques et sa capacité à créer, toujours, des atmosphères à la fois étranges et poétiques. La mise en scène de Hovnatan Avedikian invite le spectateur à suivre un projet théâtral en gestation : on assiste ainsi à des discussions autour de la mise en scène, des moments de jeu et des dialogues sur la vie et le théâtre. Par le biais des effets de lumière, des choix de la bande sonore et des postures des comédiens, l’on plonge dans l’univers des films noirs américains. L’on aime l’idée de cette vieille armoire de laquelle entrent et sortent les fantômes du passé et de ce décor dont on ne saurait dire s’il est un lieu de répétition ou le salon de Gérard. La distribution est d’une grande qualité : David Ayala interprète un Gérard inquiétant, amateur de gros cigares, aussi rugueux d’apparence que fragile dès lors qu’un jupon lui fait tourner la tête ; Nicolas Rappo est son contrepoint parfait, délicat et élégant ( et qui joue l’amant marseillais délicieusement); Joséphine Garreau est lumineuse dans ce huit-clos tamisé et instille avec talent la touche de féminité nécessaire à cette intrigue : telle une héroïne de films des années 50, elle offre une danse hypnotique en robe de lumière, attire en ombres chinoises et émeut en Fernandina rejetée par son mari.
Une pièce séduisante qui joue de mise en abîmes pertinentes et qui déclenche les mêmes émotions que le clignotement d’une guirlande de Noël…pétrie de nostalgie douloureuse et de fulgurants éclairs de vie.
[bt_quote style="default" width="0"] Enterrée la gentillesse. Allée 12, carré 37. [/bt_quote]
Baie des anges
Interprète(s) : David Ayala, Joséphine Garreau, Nicolas Rappo
Metteur en scène : Hovnatan Avedikian
Régisseur général : Eric Pedini
Attachée presse : Elodie Kugelmann
Producteur : Faramarz Khalaj
Co Producteur : Jean Flores
Administration : Joel Maytie
Communication / Diffusion : Chloé Guilbert, Anne-Laure Degasne
Stagiaire Production : Barbara Garnier, Sacha Azoulay
SEMIRAMIS
 - COPRODUCTION : THÉÂTRE DE GRASSE
Durée : 1h30
- Du 6 au 28 juillet 2017 à 13h45 au Théâtre 11 - Gilgamesh Belleville au Festival d’Avignon Off
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