Chat noir ! : Les belles heures de la bohème de Montmartre !
- Écrit par : Philippe Delhumeau
Par Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ Boulevard Rochechouart, Place Pigalle, rue des Saules, rue Saint-Vincent, rue Lepic, des adresses incontournables liées à la vie populaire et artistique depuis que Montmartre est Montmartre. L’esprit de village anime toujours les gens qui y vivent, y montent, s’y arrêtent, peinent à en partir, mais finissent toujours par y revenir.
Le Sacré Cœur dresse fièrement son opulente façade blanche à des lieues à la ronde. Montmartre, c’est une histoire qui s’accorde au masculin – féminin – pluriel, se peint au pastel et au fusain sur la Place du Tertre, se raconte façon Bruant au Lapin Agile, s’envole avec les frous-frous au Moulin Rouge, fait glousser les trinqueux dans des brèves de comptoirs, encanaille les jeunes poulbots des bacs à sable, pousse le cochonnet et tire la boule dans une impasse de l’avenue Junot, s’écrit sur le mur des Je t’aime au square Jean Rictus… Aujourd’hui, le sourire est figé. Que reste-t-il des cabarets qui attiraient le tout-Paris et les artistes à deux sous ?
Jean Barlerin, Clément Beauvoir, Isabelle Ernoult, Clémentine Lebocey, Elsa Robinne, Joseph Robinne emmenés par Etienne Luneau rallument les lumières du Chat Noir !
Rodolphe Salis ouvre le cabaret en 1881 dans le bas Montmartre sur le boulevard Rochechouart. Malgré l’étroitesse et l’inconfort des lieux, le café-concert fait jaser sur la place parisienne pour la bonne ambiance qui y règne. Succès oblige, le Chat Noir déménage rue de Laval dans une belle demeure bourgeoise. Rodolphe Salis a le nez fin, les artistes en vogue du moment y vont et viennent au gré de leurs inspirations et de leur soif ! Absinthe et chansons relient écrivains, peintres et musiciens. Erik Satie, Verlaine, Marie Krysinska, Toulouse-Lautrec s’y croisent régulièrement et d’autres artistes y puisent le vin de leurs inspirations. Lieu de liesse où il fait bon chanter, danser, boire un p’tit coup, jouer du piano à bretelles et du piano droit, chaque soirée écrit une nouvelle page dans le grand livre de l’histoire montmartroise.
C’est cet esprit qu’Etienne Luneau s’est évertué à mettre en scène au Théâtre 13 / Jardin. Sous sa houlette, le cabaret impressionne par l’éclectisme des genres artistiques engagés qui se frottent les uns aux autres sans vergogne. Les chansons à texte reprises à Aristide Bruant, Maurice Vaucaire Jean Richepin incitent à pousser le refrain tout en s’amusant et en trinquant avec un copain d’infortune. Riches d’âmes et de cœur étaient les artistes qui fréquentaient le Chat Noir, mais sans le sou étaient-ils car la bohême les habillait de fantaisie et d’insouciance. Les sept comédiens sont les interprètes vibrants et dévergondés à souhait de cette génération de peintres, musiciens, chanteurs disparus, mais dont les noms et les arts associés font partie de la mémoire de Montmartre.
La scénographie s’approprie l’espace du plateau et laisse libre champ à un bric-à -brac d’ustensiles, de caisses en bois et de planches qui se montent, se démontent, se remontent le spectacle évoluant.
Au Chat Noir, Jean Barlerin (Aristide), Clément Beauvoir (Rodolphe), Isabelle Ernoult (Nini), Clémentine Lebocey (Yvette), Etienne Luneau (Jules), Elsa Robinne (Marie), Joseph Robinne (Maurice) mettent les formes dans cette comédie burlesque et luronne. Les performances s’enchainent dans une mécanique finement huilée, le cabaret revit dans ce déploiement d’énergie collectif et complice. La mise en scène d’Etienne Luneau se veut simple, populaire et subtile.
Le Chat Noir est un spectacle généreux, sincère, talentueux, séduisant et tellement… Cabaret.
Le Chat Noir
Texte et mise en scène : Etienne Luneau
Avec 
Jean Barlerin,
Clément Beauvoir,
Isabelle Ernoult,
Clémentine Lebocey,
Etienne Luneau,
Elsa Robinne,
Joseph Robinne


D’après des textes, poèmes et chansons d'Aristide Bruant, Jean Richepin, Alphonse Allais, Rodolphe Salis, Adolphe Willette, Charles Cros, Stéphane Mallarmé, Edmond Haraucourt, Jules Vallès, Jules Jouy...
Direction musicale : Joseph Robinne
Décors et création lumières : Nicolas Hubert


Production : Compagnie Grand Théâtre, avec le soutien de l'ADAMI, la SPEDIDAM, DRAC Centre-Val de Loire, L'Echalier, Festiv'en Marche.
Remerciements au Festival de Théâtre de Seilhac et à la Compagnie ACIDU
Dates et lieux des représentations:
- Du 16 mai au 18 juin 2017 au Théâtre 13 / Jardin ( 103 A, boulevard Auguste-Blanqui – 75013 Paris (métro Glacière))