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Darius, Stan et Gabriel contre le monde méchant : l’odyssée poético-drolatique de trois anti-héros atypiques

  • Écrit par : Julie Cadilhac

DariusPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Darius, Stan et Gabriel sont colocataires. Mon premier est une sorte de Guns N'Roses sur le retour, cheveux longs blonds décolorés, mimiques efféminées et bedaine de cinquantenaire, au chômage depuis peu. Mon deuxième est un maigrelet nerveux qui fait vivre le « ménage Â» avec ses livraisons à vélo. Mon troisième est étudiant en art et dessine des pochettes de disques pour des groupes de musique désargentés qui le payent au lance-pierre. Mon tout est un trio d’idiots consternants qui n’ont aucune prise sur les évènements auxquels ils sont confrontés et qui décident donc, suite au débarquement intempestif d’un quatrième larron, archétype de la bêtise crasse, du nom de Benoît, de lui voler sa voiture et de rouler jusqu’au Mali pour rejoindre une de leurs connaissances qui vient d’être expulsé de Belgique.

Le ton est donné. Leur périple, faute d’une bagnole valable, s’échoue vite sur les rives d’un domaine où règne un châtelain fort étrange, alcoolique jusqu’à la lie, carburant au Jack Daniel’s, avec sa fille Camille, aussi nymphomane que perchée. Tous deux cachent un cadavre prétendu être le fiancé de la jeune femme et dont elle semble se moquer comme de sa première pelle. Un soi-disant accident, une chute malheureuse pour laquelle on attend l'arrivée des flics qui ne se pressent pas... Les situations improbables s’enchaînent et se déchaînent, déclenchant des rires salvateurs dans le public tant cette tragi-comédie humaine fait de l’absurde matière à se divertir ...mais à méditer aussi sur nos manquements et nos fragilités.
Cette pièce « réunit plusieurs tendances qui ont traversé les spectacles de Claude Schmitz ces dernières années : le cinéma, la tentative de faire un théâtre se situant à la croisée du politique et du poétique et le goût pour une écriture originale servie par des interprètes provenant d’horizons hétéroclites Â». Elle oscille donc entre des moments joués et une longue séquence filmique projetée. Chacune des scènes est pertinente car dans cette atmosphère baignée de n’importe quoi, tout est justement extrêmement réfléchi ; déstabilisant même tant le réalisme joue avec l’onirisme et le poétique. On suit ces loosers magnifiques, pieds nickelés du XXIème siècle, paumés jusqu’à la moelle mais solidaires, avec un intérêt croissant. Claude Schmitz fait preuve d’une maîtrise de l’image louable, insérant une séquence à la webcam, des minutes d’allumage d’une télé d’appartement et un court-métrage avec une vraie réflexion préalable sur leur intérêt et leurs enjeux. Le résultat est aussi zarbi que sinistrement drôle, invite évidemment à la conclusion que l’enfer, c’est les autres mais aussi un peu soi-même quand même. La mise en scène joue avec les espaces du plateau en les décloisonnant habilement, brisant la frontière entre le réel et l’imaginaire…la scène finale - superbe - notamment s’achève dans une grotte qui rappelle le "Go Down, Moses" de Romeo Castellucci, vision apocalyptique d’un cauchemar éveillé, ballet étrange de non-retour où les solitudes et l’impuissance exultent dans un cannibalisme métaphorique.
Bref, dit comme ça, ça fait vraiment prise de tête…alors que pas du tout! Voilà l’occasion de passer une soirée de franche rigolade tant les répliques fines fusent et ces Don Quichotte improbables n’en manquent pas une ( les interprètes sont tous excellents). En vrac, filez le voir pour l’intervention à la webcam de "l’afro-pessimiste", le « On s’connaît à peine Â» qui vous ôtera tout complexe de maladresse, la tente devant le château, le sexe fétichiste à la patte squelettique, le Manneken Pis dans le jardin à la française, l’escalier tueur 2, les baies tentatrices, le sex-appeal de Frank le motard, la hache contre l'épée, les trois petits cochons et évidemment le goûtu « Alors Poitiers? Â»â€¦
Darius, Stan et Gabriel contre le monde méchant? ça craint d’un bout à l’autre - même l’eau du lac est vaseuse - et c’est pour ça que c’est bon…

Darius, Stan et Gabriel contre le monde méchant
Avec Marc Barbé, Lucie Debay, Clément Losson, Patchouli, Olivier Zanotti, Francis Soetens
Mise en scène  : Claude Schmitz
Dramaturge : Judith Ribardière
Stagiaire à la mise en scène : Judith De Laubier
Stagiaire à la scénographie : Jade Hidde
Stagiaire aux accessoires : Camille Chateauminois
Scénographie : Boris Dambly
Création Sonore et Musique Originale : Thomas Turine
Lumières : Octavie Piéron
Image : Florian Berutti
Direction technique : Fred Op de Beeck
Construction du décor : Fred Op de Beeck, Yoris Van de Houte, Alocha Van de Houte, Didier Rodot, Rudy Gérard, Olivier Zanotti et Jade Hidden
Sculpteur - Peintre : Laurent Liber, Boris Dambly et Guillaume Molle.
Avec la participation amicale de Drissa Kanambaye et Djeumo Sylvain Val.

Durée : 2h20
Co-production : Comédie de Caen & Paradies
Avec l’aide de la Fédération Wallonie Bruxelles
Avec le soutien du Théâtre Océan-Nord
Film produit par Wrong Men North, Chevaldeuxtrois, Les Halles de Schaerbeek et Paradies
 / Acteurs Marc Barbé - Lucie Debay - Patchouli - Clément Losson - Olivier Zanotti - Andreas Perschewski - Pierre Sartenaer - Radenko Stupar - Sasha Teofanovic - Pancho
/ Réalisateur Claude Schmitz
 / Scénaristes Arthur Egloff et Claude Schmitz / 
Producteurs Jérémy Forni et Benoit Roland, Producteurs associés Annabelle Bouzom - Pierre-Louis Cassou, Alexandra Boussiou, Benoit Hennaut et Les Halles de Schaerbeek
 - Avec l’aide du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Crédit-photo: Clémence de Limbourg

Dates et lieux des représentations:

- Du mer. 29/03/17 au ven. 31/03/17 à Montpellier - humain Trop humain - Tel. +33 (0)4 67 99 25 00

- Les 5 et 6 avril 2017 au Théâtre de l’Union ( 20, rue des Coopérateurs , 87006 Limoges)

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