Murielle Magellan : l'éveil du chameau et la découverte du désir
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ L’Eveil du chameau, de Murielle Magellan, est une pièce pleine de bonnes surprises. Barbara Schultz (à fond) et Pascal Elbé, comme Valérie Decobert sont excellents. Même si en sortant, on se dit qu’on a plutôt bien aimé mais qu’il manque peut-être quelque chose. La mise en scène peut-être, trop lente ? La mayonnaise entre les acteurs prend cependant plutôt bien. On passe un bon moment parce qu’on s’attache aux personnages.
C’est l’histoire de deux êtres qui, a priori, n’auraient jamais dû se rencontrer. Un évènement inattendu va les mettre en relation et changer le cours de leur vie : le fils de l’un a mis enceinte la fille de l’autre… Mickaël, joué par Elbé, est un célibataire endurci, homme à femmes, libre et égocentrique, apparemment. Il travaille tout de même pour une ONG caritatrive et a des valeurs d’honnêteté. Elle, s’apppele Maryse, mariée, quadragénaire, rangée, fidèle, bourrée de principes mais débordante d’énergie. Et un peu fofolle… Leurs deux mondes vont s’opposer puis s’attirer.
 Le duo s’impose naturellement. Lui avec sa belle gueule de baroudeur, sa voix posée, calme et plutôt taiseux. Elle, vocanique, colérique, voire violente, têtue, persévérante et passionnée. L’Éveil du chameau est une comédie émouvante. C’est Barbara Schulz, quadragénaire pleine de principes qui porte la pièce sur les épaules. Quant au "chameau", c’est un ours libertin qui ne met absolument aucun bonne volonté pour communiquer poliment avec le sexe dit faible, qui semble l’obséder. Totalement absorbé par sa tâche humanitaire, il semble oublier sa propre personne au point d'avoir totalement zappé l'existence d'un fils de 23 ans. Evidemment, comme dans un vieux film Hollywoodien, les contraires vont s’attirer. Le chameau mal léché, aux instincts primaires, excite le désir de cette belle femme au tempéramment de feu. Les scènes où Maryse parle quasiment à son sexe (d’habitude c’est le contraire : il s’agit d’un homme évoquant son Popaul) sont très drôles. En fait non, d’ailleurs, c’est le contraire… Elle lui répond. A son sexe. Elle découvre quelque chose qui la trouble : assouvir son désir sans sentiment amoureux. Bref l’attirance physique. Le plaisir charnel. Ce qui n’est pas une bagatelle à quarante ans passé si l’on y songe.
Le décor est constitué d’un bureau-salon mal rangé, joliment conçu par Oria Puppo, où les dossiers voisinent avec les bouteilles de limonade : c’est son truc, la limonade… Aux côtés de Pascal Elbé et de Barbara Schulz (vedettes de ciné/télé), Valérie Decobert a un peu de mal à trouver sa place mais elle s’en sort très bien. Il y a beaucoup de non-dits dans cette pièce beaucoup plus subtile qu’elle en a l’air. Car derrière la prétendue comédie se cache le drame d’un fils qui n’arrive pas à devenir père (à cause du sien, devine-t-on) et a malgré tout le courage de tenter de l’être grâce à cette bonne épouse (qui bovaryse sans doute) et le secoue au point qu’il ne peut plus de passer d’elle. Au moins pour un temps. Le happy-end reste ambigu. Ils ont envie l’un de l’autre mais surtout d’être l’un dans l’autre… Ce qui se passera après, libre à chacun de l’imaginer. L'éveil du chameau est une bonne surprise. Ce serait dommage de rater ça. Le couple Elbé-Schultz fonctionne à merveille.
L'éveil du chameau de Murielle MAGELLAN
Mise en scène : Anouche SETBON
Avec Barbara SCHULZ, Pascal ELBÉ et Valérie DECOBERT
- Jusqu'au 31 décembre 2016 au Théâtre de l’Atelier
 (1 place Charles Dullin, 
75018 Paris)
 / Téléphone : 01 46 06 49 24 / Email
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