Seldom Colin ou le romantisme renouvelé...
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.fr/ A l'heure où le romantisme se résume parfois tristement à des chansons aux mélodies sirupeuses, à des textes tous plus niais les uns que les autres ou, pire encore, à "50 nuances de Grey" et ses avatars sado-masos, les musiques et textes du premier album de Seldom Colin, "The Romantic egotist", offrent une alternative aussi agréable à l'écoute qu'intéressante par son projet.
Seldom Colin est né en France, mais ayant habité plusieurs régions, il navigue désormais entre Paris et Barcelone aussi naturellement qu'il louvoie entre diverses influences : musique classique, jazz, hip-hop, et musique électronique. Dans ce dialogue de styles, Seldom Colin crée des morceaux à la fois familiers et originaux, résolument modernes dans leur forme, dans un effort marqué pour abolir les frontières – déjà poreuses il est vrai – entre chanson, électro et acoustique.
Il nous reste à nous interroger sur ce titre curieux : qu'est-ce que l'égotisme ? Une simple envie de parler de soi à qui veut l'entendre ou bien la nécessité impérieuse de sonder sa propre personnalité ?
Lyrique, cet album l'est forcément, tant l'artiste semble s'inspirer de ses propres sentiments, dans une nostalgie douce et un peu désenchantée : comme le dit si bien le personnage du "Romantic egotist" dans le morceau du même nom, l'idée que l'on se fait de l'autre est souvent préférable à sa présence réelle. Comment ne pas penser aux grands romantiques du XIXème, dans leur quête aussi exaltée qu'illusoire d'un absolu de l'amour ? Surtout lorsqu'on regarde la très belle pochette de l'album, sorte de version actuelle et épurée du tableau de Caspard David Friedrich, peintre romantique allemand dont "Le Voyageur contemplant une mer de nuages" est devenu un classique du genre.
Pour adapter à notre époque ces questionnements universels, Seldom Colin fait appel à des chanteuses et chanteurs de styles et d'horizons différents. Il en résulte un album à la fois pluriel dans ses influences et cohérent dans sa pâte sonore : on y trouvera des titres comme "Silhouette", où la voix pure de Marion Mayer, associée au timbre rauque et presque animal du chanteur, sublime encore davantage l’association du classique et de l’électro. Quelques clins d'oeil à Erik Satie, quelques mélodies tout droit sorties de la Belle Epoque... Signalons également la participation d’Edurne Arizu qui pose son timbre sur des trompettes aux sonorités rétro, ainsi que le beat plus moderne de "A Step Away", à l’image d’un Parov Stelar au mieux de sa forme.
L'album de Seldom Colin sort le 5 février prochain. On lui souhaite de réussir à sortir du lot de la production électronique actuelle car il le mérite.
SELDOM COLIN
THE ROMANTIC EGOTIST : 1er ALBUM - Disponible le 5 février 2016