Anna Kova : un univers singulier et pluriel qui fait vibrer notre corde sensible
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.fr/ Bienvenue dans l'univers singulier et pluriel d'Anna Kova : entretien avec une artiste qui, par sa voix unique et son mélange de styles, fait vibrer notre corde sensible!
Vous avez collaboré au tube "All in you" des Synapson en 2015. Qu'est-ce que cette rencontre vous a apporté d'un point de vue artistique ? Et en terme de notoriété ? Avez-vous d'autres collaborations prévues avec eux prochainement ?
J'ai même écrit ce titre. Cette rencontre m'a apporté beaucoup de choses. D'ailleurs, toutes les rencontres que j'ai faites en collaboration m'ont nourrie artistiquement et humainement. J'en ai besoin pour avancer, prendre des risques, tenter de nouvelles choses, surprendre encore et toujours. Avec Synapson, ça a été une rencontre très simple et très rapide. Je leur ai assez vite envoyé une maquette qui n'a pas bougé depuis. Je suis très fière que ce titre ait fait un tel bout de chemin. Nous sommes devenus des amis, je sors de plusieurs tournées avec eux et nos liens s'en sont d'autant plus renforcés. On a, de plus, appris qu'on était disque d'or avec cet album. Je n'aurais jamais imaginé que ce titre aurait un tel impact. C'était une belle surprise, et cela m'a apporté une jolie reconnaissance. Pour l'instant, nous n'avons pas d'autre projet concret en perspective mais on se fait écouter des choses et ils préparent leur prochain album. De toute façon, on aime travailler ensemble donc c'est une collaboration qui se reproduira.
Avec quels autres artistes avez-vous déjà travaillé ? Et avec qui seriez-vous tentée de vous associer au sein d'un projet musical dans le futur ?
J'ai travaillé avec des gens de styles assez différents : beaucoup de rappeurs, comme FA2L, Guizmo, j'ai partagé beaucoup de scènes avec des légendes comme Disiz ou les Sages Poètes de la Rue. Ce sont des collaborations qui m'ont énormément apporté. Et pour l'avenir, j'ai fait une collaboration toute récente avec Grand Corps Malade pour un titre qui sera le générique de fin de son film "Patients" qui sortira le 1er mars 2017, coréalisé avec Mehdi Idir. Ce sont deux personnes qui ont de l'or entre les mains et je suis très heureuse de pouvoir participer à ce projet.
Vos influences semblent très diverses, si bien qu'on peut difficilement vous classer dans un genre musical défini : vous semblez faire le lien entre rap, r'n'b, électro, jazz, hip-hop, soul, trip-hop. Quels sont les musiciens et les groupes que vous aimez et qui vous inspirent particulièrement ?
C'est difficile aujourd'hui de classer et d'étiqueter la musique, tout se réinvente sans cesse, et c'est plutôt une très bonne chose, il me semble. Et même si ma musique fusionne beaucoup de styles et d'influences diverses, tout me paraît cohérent et coule de source en live, sur scène, parce qu'il y a de la sincérité dans ma démarche. J'espère que les gens, malgré ce mélange de rap, d'électro, de jazz, de soul, s'y retrouvent.
Depuis quelques années, j'ai un gros coup de coeur pour Robert Glasper qui est un pianiste de jazz qui arrive à fusionner comme personne l'ancien et le nouveau, le jazz et le hip-hop, qui peut partager des titres avec Erykah Baduh ou Snoop Dogg. Et tout paraît à la fois si simple et tellement travaillé. C'est quelqu'un qui est capable de créer du jamais entendu et en même temps vous faire penser à Coltrane ou à The Roots... C'est un artiste que je suis de près car il a un univers singulier.
Avez-vous participé à d'autres projets ou joué dans d'autres formations avant de produire vos deux EP solo ?
J'ai joué à droite à gauche, collaboré avec plusieurs artistes, j'ai été choriste plusieurs fois dans des groupes à Boston et à New-York, mais la véritable formation est celle qui existe aujourd'hui. Nous sommes six sur scène : Lawkys à la basse et à la contrebasse, Moneydee aux synthés, MiM aux machines, et deux choristes qui ont des voix superbes. Je voulais vraiment qu'il y ait plus de voix, pour permettre des moments de respiration et exploiter au maximum cette fusion des styles.
Vous avez une signature vocale tout à fait particulière, toute en variations et contrastes, et vos morceaux sont pourtant d'une fluidité et d'une profondeur étonnantes à l'écoute. De quelle façon travaillez-vous vos chansons pour parvenir à cette alchimie ?
Il y a effectivement énormémement de travail : la voix est un muscle sans pitié. Si on ne le travaille pas pendant une semaine, tout est rouillé la semaine suivante et il faut repartir de zéro. J'ai eu la chance d'avoir des bases classiques et lyriques. J'ai commencé à travailler ma voix avec une cantatrice argentine et elle m'a beaucoup fait progresser sur des airs d'opéra. Le fait d'avoir commencé par là me permet de savoir un peu mieux comment gérer mon souffle, ma diction, la technique de façon générale. Je suis moi-même très passionnée par tout ce qui touche à la voix et je donne des cours. J'ai d'ailleurs l'intime conviction que tout le monde sait chanter. Il n'y a rien de plus puissant que la voix et on doit en prendre soin.
Vous êtes à la fois l'auteur, le compositeur et l'interprète de votre deuxième EP, intitulé "Pigments". Quels sont les différents sens que vous donnez à ce titre ?
C'est un titre qui évoque la palette des sentiments explorés, toutes les couleurs possibles. Cela renvoie aussi bien-sûr à mon envie de mélange. C'est un album qui a tout de même une facture plus électro et plus produite, ce qui s'explique par le fait que je me suis associée à un excellent beatmaker qui s'appelle MiM et qui vient de ce monde-là . Dans cet EP, on passe de l'ombre à la lumière. Le titre "Believe" annonce d'ailleurs un nouvel EP prévu pour début 2017, qui sera sans doute plus chaud, plus lumineux, plus profond, plus organique. Ce que je fais rappelle un peu Massive Attack et Portishead, qui sont pour moi des références. D'où l'orientation trip-hop de certains morceaux. J'ai, en plus, eu la chance de faire plusieurs premières parties de Tricky, ce qui confirme le lien que j'ai avec les sons du trip-hop.
Sous la destructuration apparente des morceaux de ce nouvel EP semble se cacher un travail d'arrangement extrêmement minutieux. Combien de temps avez vous passé à le concevoir ? Quel a été votre entourage pendant cette phase délicate de préparation et de mixage ?
C'est ce qui a été le plus dur. C'est ce dernier passage, quand tout est plus ou moins écrit et produit, le moment où on prend du recul et où tout est sculpté, épuré, pour ne garder que l'essentiel. Mais je suis contente du résultat car c'est travaillé et réfléchi du début à la fin. Mes musiciens m'entourent pendant cette phase, et je me nourris aussi beaucoup des avis de mes proches.
On a été particulièrement séduit par le morceau intitulé "Believe", dans lequel vous alternez des envolées lyriques à donner la chair de poule et des placements de voix beaucoup plus graves. Qu'est-ce que cette chanson dit de vous ?
Elle dit à peu près tout ! Mais ce n'est pas seulement à propos de moi. Cela n'a pas été un morceau facile à écrire mais je voulais qu'il fonctionne comme une voix interne, un leitmotiv qui incite à se dépasser, à toujours aller plus loin. J'ai écrit ce titre après le 13 novembre et je pense l'avoir écrit plus pour les autres que pour moi, pour exprimer l'envie d'avancer quelles que soient les difficultés et les obstacles.
Quelles sont vos prochaines dates de concerts et vos projets futurs ?
On joue à La Maroquinerie le vendredi 25 novembre 2016 à 21 h. Pour le reste, certains titres doivent bientôt sortir (mais je n'ai pas encore le droit de parler de tout !). Et la veille du concert à La Maroquinerie (jeudi 24 novembre donc), je jouerai aussi au Pavillon Ledoyen pour la Fondation Womanity, fondation vouée à l'émancipation des femmes et des filles dans les pays où c'est le plus compliqué. Cela aide à financer l'éducation des filles dans ces pays, des cellules de soutien pour les femmes victimes de violence, des journaux où les femmes peuvent avoir la parole. Je suis heureuse de faire partie de ce gala.
Dates des concerts:
- 24 novembre 2015 au Pavillon Ledoyen ( Paris)
- 25 novembre 2016 Ã la Maroquinerie (23 Rue Boyer, 75020 Paris)