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Deepstaria et Voice of Desert : Montpellier Danse s’ouvre du côté obscur

  • Écrit par : Romain Rougé

deepstariaPar Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ Son directeur Jean-Paul Montanari avait prévenu, cette 44e édition de Montpellier Danse est peut-être à l’image de la couleur de son affiche (bleu nuit), c’est-à-dire représentative de l’état du monde et d’un climat quelque peu délétère. Ce n’est donc sûrement pas un hasard si le festival s’est ouvert sur deux premières mondiales signées Wayne McGregor et Saburo Teshigawara, qui sondent la noirceur de la condition humaine tout en distillant ici et là quelques lueurs de beauté et d’espoir.

 

Deepstaria : Wayne McGregor en eaux troubles
 
À la base, Deepstaria est un énigmatique espèce de méduse. Wayne McGregor, lui, utilise ce nom pour faire émerger des profondeurs une danse atrabilaire. Trouvant sa source dans le néant, celle-ci dépeint notre condition humaine, mystérieuse et fatale : comment remonter à la surface lorsqu’on est pleinement conscient de notre inexorable disparition ? Quelle est notre place dans le trou noir de notre infini univers ?

Ces questionnements ondoient dans chaque mouvement de danseuses et danseurs qui virevoltent dans les abysses avec une grâce mystico-stellaire, se reflètent dans une lumière tamisée ou stroboscopique, se fondent dans une pénombre enveloppante, renaissent ou s’évaporent dans le vacarme assourdissant des abîmes… Superbe, la scénographie est une plongée au fond de cette fosse des Mariannes onirique où l’on se noiera en pleine conscience.

La descente chorégraphique est vertigineuse et cette immersion totale dans le vide de l’existence sonne finalement comme un rêve éveillé. Exigeante, la pièce mêle habilement classique virtuose et contemporain sophistiqué mais manque, il est vrai, parfois un peu d’âme. On vibre, sans être médusé.

©Laurent Philippe

Deepstaria  - Company Wayne McGregor
Concept, direction, chorégraphie et design : Wayne McGregor
Crée avec et dansé par les interprètes de la compagnie Wayne McGregor : Rebecca Bassett-Graham, Naia Bautista, Salvatore De Simone, Jordan James Bridge, Chia-Yu Hsu, Hannah Joseph, Jasiah Marshall, Salomé Pressac, Mariano Zamora Gonzalez
Conçue en collaboration avec :
Set : Benjamin Males
Lumière : Theresa Baumgartner
Costume : Ilaria Martello
Bijouterie : Hannah Martin
Composition sonore : Nicolas Becker et LEXX
Généré par Bronze
Dramaturgie : Uzma Hameed
Direction des répétitions : Odette Hughes
Collaborateur lumière : Ben Kreukniet
Durée : 1h15

Coproduction : Festival Montpellier Danse 2024, Spoleto Festival dei Due Mondi, Pfalzbau Bühnen Ludwigshafen, Sadler’s Wells Theatre
Commande conjointe du West Kowloon Cultural District, Hong Kong.Remerciements au Centre for Creative and Immersive eXtended Realities, Université de Portsmouth.
Soutenu par Harlequin Floors, Target 3D et le British Council dans le cadre du programme britannique et français Spotlight on Culture 2024 Together We Imagine.

 

voiceVoice of Desert : Saburo Teshigawara danse avec le noir

Autre salle, même ambiance. Au cÅ“ur du théâtre de l’agora, des corps apparaissent et déchirent la nuit sur une scène dénuée de tout artifice. Le néant, encore lui. Saburo Teshigawara nous conte la douleur à travers l’art japonais du mouvement, subtil et ténébreux. Éloge de la lenteur, les gestes deviennent le miroir obscur du kintsugi qui répare les objets brisés : Voice of Desert happe ce qu’il y a autour de l’existant pour danser avec l’invisible.

Minimalistes et sensuels, les tableaux s’enchainent au rythme d’une lumière fragmentée qui s’avère plus menaçante que la nuit qu’elle fend. Impénétrables, les artistes sont tour à tour électrisés ou pétrifiés, figures fantomatiques venues d’un autre temps pour témoigner de la disparition d’un monde. C’est l’impression terrifiante que laissera cette pièce d’une sombre beauté.

© Mariko Miura

Voice of Desert - Compagnie Karas
Mise en scène, chorégraphie, conception lumière, costumes : Saburo Teshigawara
Collaboration artistique : Rihoko Sato
Avec Saburo Teshigawara, Rihoko Sato, Kei Miyata, Rika Kato, Izumi Komoda
Coordination technique, assistant lumière : Sergio Pessanha
Production : KARAS
Durée : 55min
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2024
Production, tournées : EPIDEMIC (Richard Castelli, Mélanie Roger, Florence Berthaud)
Avec le soutien de l’Agence des affaires culturelles du Japon (Bunkacho).

Spectacles découverts à Montpellier et présentés du 22 au 24 juin 2024 - MONTPELLIER DANSE 


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