Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ C'est Guignol qui accueille le public. Marionnette espiègle et insolente, il mène par le bout du nez le ventriloque qui la manipule. "Les gens qui dorment, il faut les réveiller". Nous voilà prévenu.e.s.

Soudain, magie du spectacle, Guignol apparaît en chair et en os sur un gradin, grand dadais rieur, gesticulant et imprévisible. En fond sonore, des bruits d'une machinerie invisible, des "vibrations intranquilles". Lumières en clair-obscur. C'est l'heure d'entrer. Au dessus de nos têtes, des pantins suspendus...sur leur visage, un bas qui leur donne un air inquiétant que leur maquillage poudré rehausse d'une touche désuète. Autour de la piste, des bancs et deux pupitres d'école. Deux immenses rideaux rouges font cathédrale...et puis ça commence mais rien ne se passe comme prévu, une sorte de générale qui déraisonne. 

Marie Molliens, par le truchement d'un univers de marionnettes, a brodé une démonstration circassienne des différents sens que peut prendre le mot "Hourvari". Accompagnée de ses enfants, de sa mère et d'artistes grimés en pantins, désobéissance et liberté sont les maître-mot du charivari qui s'installe sur scène. Au début de la représentation, les contretemps se multiplient, les difficultés inattendues aussi. Il faut encadrer des enfants débordant d'énergie, retenir des marionnettes joueuses, réparer les sottises des uns, soigner les autres...La confusion, le désordre deviennent la raison suffisante du plateau : tout va à vau-l'eau, les structures du décor, les lumières, les costumes, tout fait les frais de l'ouragan que déclenchent les protagonistes de ce rêve éveillé. Grand bruit, grand tumulte sans cesse, avec des instruments qui étourdissent de leur impétuosité. Esthétique du chaos : ça pourrait être la fin du monde mais il y a l'alphabet à apprendre et les enfants (im)posent déjà leur pied ferme sur le fil de l'avenir. Alors, même si l'on se livre avec une inquiétante euphorie communicative à la destruction totale du monde établi, the show must go on et le grand n'importe quoi s'affirme comme une oeuvre nouvelle à part entière. Un pied de nez jubilatoire à la morosité ambiante. Une ode à l'agitation, manifestation humaine d'un désespoir qui n'a pas dit son dernier mot.  

Hourvari plonge dans une ambiance fellinienne voilée d'une subtile mélancolie, de visions oniriques et d'absence de frontière entre le rêve, l'imaginaire, l'hallucination et le monde réel. Des images d'une extraordinaire poésie restent en mémoire: un duo d'acrobates et leurs ballons en baudruche, des souliers ferrés qui s'enflamment, un numéro de sangles aériennes emmêlé aux guirlandes de lumière qui illuminent le toit du chapiteau, deux créatures harnachées de clochettes dont chaque grelot accompagne les envolées acrobatiques d'un Pierrot blanc, une comptine revisitée de manière musclée et qui se jongle, un âne suspendu qui affronte la gravité sous une pluie ininterrompue de confettis colorés, un final sur une bascule aux sauts spectaculaires et puis....Marie Molliens, la fabuleuse Marie, qui danse sur son fil, encore et toujours, reine des funambules dont on découvre avec émotion les premiers pas de ses deux princes, Orphée et Achille...deux fils sur ce fil qui symbolise tout à la fois la fragilité de la vie mais aussi le chemin à suivre, l'avenir qui se dessine dans un pas de trois. 

On sort d'Hourvari électrocuté d'enthousiasme, éclaboussé de talent, imprégné de magie. Les spectateurs fidèles le savent : avec la cie Rasposo, le cirque est toujours une fête! Foncez découvrir cette nouvelle pépite circassienne! C'est dit!

Hourvari

Avec : Robin Auneau, Eve Bigel, Camille Judic, Niels Mertens, Marie Molliens, Achille et Orphée Molliens, Tiemen Praats, Joséphine Terme, Seppe Van Looveren, Claire Mevel et Benoit Segui

Ecriture, mise en scène, lumière : Marie Molliens
Regard chorégraphique : Milan Herich
Assistants à la mise en scène : Robin Auneau et Fanny Molliens
Intervenants artistique : Aline Reviriaud, Sarah Anstett et Jacques Allaire
Création costumes : Solenne Capmas
Création sonore : Fabrice Laureau et Grégory Adoir
Assistant création lumière : Théau Meyer
Création masques : Camille Judic et Thaïs Paquet
Contributeur en cirque d’audace : Guy Perilhou
Chargé de production : Robin Bellanger
Administratrice : Mélanie Delage
Régisseurs : Théau Meyer et Gregory Adoir
Construction : Agatha Rose et Gaëtan Dubriont

Dates et lieux des représentations: 

- Du 7 au 13 juin 2025 à Grabels dans le cadre du Printemps des Comédiens
- Du 26 au 28 juin 2025 - LE MANS (72) – Le Plongeoir, PNC dans le cadre du Festival “Le Mans fait son Cirque“
- Du 5 au 17 juillet 2025 - VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON (30) - Festival “Villeneuve en Scènes“ Dans le cadre du Festival d’Avignon Off
- Du 3 au 5 septembre 2025 - CUNEO (ITALIE) – Mirabilia dans le cadre du Festival “Bi-Cap Mirabilia“
- Du 12 au 21 septembre 2025 PARIS (75) – Coopérative De Rue et De Cirque dans le cadre du Festival “Village de Cirque“
- Du 27 septembre au 1er octobre 2025 - PERPIGNAN (66) – L’Archipel, Sc. Nat. du Festival
-  Du 9 au 14 octobre 2025 - PAU (64) – Espaces Pluriels, Sc. Conv. Pau & Le Parvis, Sc. Nat. Tarbes & Espace Jéliote, CNMa Oloron
- Du 19 au 21 octobre 2025 - AUCH (32) – Circa, PNC dans le cadre du Festival “Circa“
- Du 27 au 29 octobre 2025 - NEERPELT (Belgique) – Theater Op de Markt - dans le cadre du Festival “Theater Op de Markt“
- Du 7 au 11 novembre 2025 - ANTONY (92) – Azimut, PNC, Espace Cirque en partenariat avec l’Onde, Théâtre Centre d’Art
- Du 26 décembre 2025 au 4 janvier 2026 - MONCHIQUE (P) – Lavrar Ô Mar
- Du 16 au 18 janvier 2026 - LANNION (22) – Le Carré Magique, PNC
- Du 23 au 29 janvier 2026 - QUIMPER (29) – Théâtre de Cornouaille, Sc. Nat. dans le cadre du Festival “Circo Nova“
- Du 4 au 6 février 2026 - CHÂTEAU-GONTIER-SUR-MAYENNE (53) – Le Carré, Sc. Nat.

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