Boris Gibé : « Il faut poétiser l’imaginaire pour être subversif »
- Écrit par : Romain Rougé
Par Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ Boris Gibé revient au Printemps des Comédiens avec Anatomie du désir qui met en scène une cérémonie anatomique (et magique !) dont il est aussi le seul acteur humain. À voir du 1er au 10 juin 2023 au Domaine d’O.
Boris Gibé, quel est le principe de ce spectacle ?
Je voulais évoquer ce théâtre anatomique des facultés de médecine d’antan avec un dispositif scénique panoptique, en renvoyant notamment à l’époque pendant laquelle l’église a permis d’ouvrir les corps pour les étudier. L’idée est de se retrouver dans un ancien amphithéâtre où le public devient en quelque sorte un étudiant-spectateur. C’est une expérience unique où l’on va montrer des choses à la fois très intimes et cosmiques.
Le vivant qui apprivoise la mort est un des thèmes de votre spectacle. Quel rapport personnel entretenez-vous avec la vie et la mort ?
Je travaille beaucoup avec les choses invisibles, les objets dans l’air. Nous sommes tous des êtres cosmiques, moins binaires et plus universels qu’il n’y parait. On vit par exemple dans un monde peuplé de millions de communautés de bactéries, invisibles et pourtant nécessaires. Et si dans le spectacle les organes prennent vie, c’est aussi pour leur donner une identité. Le côté macabre est ainsi désamorcé et permet une grille de lecture ouverte.
[bt_quote style="big-quote" width="0"]Anatomie du désir parle de l’objectivisation de l’objet, du besoin qu’ont les hommes de faire d’une femme un objet.[/bt_quote]
Il est aussi la question de la transgenralité : c’est un sujet qui vous interroge ou vous touche au quotidien ?
Je ne me pose pas vraiment ces questions-là . Le genre, ce sont juste des codes, c’est pour moi purement éducatif. Anatomie du désir parle de l’objectivisation de l’objet, du besoin qu’ont les hommes de faire d’une femme un objet : c’est pourquoi je deviens moi-même cet objet, par empathie, pour traverser ces questions de posture fragile. Au temps des théâtres anatomiques, il n’y avait que des hommes qui étudiaient la médecine, ça questionne quand même sur leur folie et fait écho à notre époque : peut-on accepter de voir ces images-là aujourd’hui ?
Entre attraction et répulsion, où placez-vous le curseur en tant qu’artiste ?
Entre la performance visuelle, sensorielle et poétique, à la lisière du circassien, du danseur et du marionnettiste. Je souhaite que le spectateur entre en empathie grâce une mise en scène immersive. Il faut poétiser l’imaginaire pour être subversif.
Anatomie du désir
Avec : Boris Gibé
Manipulation : Marion Boire
Cuisine : Julien Lechevin
Conception, scénographie et mise en piste : Boris Gibé
Regard extérieur : Elsa Dourdet
Regard chorégraphique : Aragorn Boulanger
Conseil dramaturgique : Taïcyr Fadel
Régie technique : Olivier Pfeiffer
Réalisation sonore : Olivier Pfeiffer
Réalisation lumière : Victor Egéa
Réalisation accessoires anatomiques : Audrey Veyrac
Effets spatiaux : Arnaud Paquotte
Conception technique et construction machinerie : Florian Wenger
Conception technique du gradin anatomique : Quentin Alart, Armand Barbet, Clara Gay-Bellile et Charles Bédin
Construction du gradin anatomique : Quentin Alart, Adrien Alessandrini, Armand Barbet, Eric Capuano, Thomas Chassagny, Clément Delage, Daniel Ferreira, Baptiste Lachuga et Laurent Mulowsky
Stagiaires : Ilona Dinis, Lena Bedel et Martina Monnichi
Production : Les Choses de Rien
Soutiens : Ministère de la Culture : conventionnement DRAC Hauts-de-France ; Région Hauts-de-France ; Aide au développement - DICREAM ; Aide à la création cirque - DGCA
Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings
Coproductions : Tandem, scène nationale – Arras - Douai ; Les Deux scènes, scène nationale – Besançon ; Le Quartz, scène nationale - Brest ; Le Volcan, scène nationale - Le Havre ; Les Halles de Schaerbeek – Bruxelles ; Les Théâtres de Compiègne ; 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg - Cirque Théâtre d'Elbeuf ; La Batoude - centre des arts du cirque – Beauvais ; Le Printemps des Comédiens – Montpellier ; Cirque Jules Verne Pôle national cirque et art de la rue – Amiens
Accueils en résidence : La Fabrique des possibles – Noailles (60) ; L’académie Fratellini - Saint Denis (93) ; Le Château de Monthelon - atelier international de création – Montréal (89) ; Festival Tempo – Kaunas (Lituanie) dans le cadre de Kaunas 2022 capitale européenne ; Nebia · Bienne spectaculaire (Suisse) ; Théâtre de la Cité Internationale – Paris.
© Martynas Plepys
Dates et lieux des représentations:
- Les 1, 2, 3, 4, 7, 8, 9 et 10 juin 2023 au festival Printemps des Comédiens - Domaine d'Ô ( 34)
- Du 10 au 22 Juillet 2023 – Villeneuve en scène – Festival Villeneuve les Avignon (30)
-Du 24 novembre au 1er décembre 2023 : Cirque Théâtre d'Elbeuf
- Du 11 au 16 janvier 2024 : Tandem, scène nationale d'Arras Douai
- Du 9 au 13 avril 2024 : Théâtres de Compiègne
- Du 4 au 15 juin 2024 : Les 2 scènes , scène nationale de Besançon