Daniel Angeli. Paparazzi de A à Z : vie de « planques »…
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Le surnom lui colle, « le roi des paparazzi ». Il préfère se définir, comme il le fit alors qu’il n’avait pas encore 20 ans, comme « témoin de notre temps »… A 78 ans, Daniel Angeli dit aussi qu’il a toujours fonctionné, photographié plus exactement, avec cet « objectif une », titre de sa biographie parue en 2010 et qui était un joli clin d’œil à son carburant : faire le plus possible de « unes » de journaux et magazines- dans sa carrière de photographe, il aura donc « fait » plus d’une cinquantaine de « une » de « Paris-Match », longtemps un des magazines références dans le genre à travers le monde avec son principe « le poids des mots, le choc des photos ». Cet été, retiré des affaires actives, il a droit à une exposition pour lui tout seul à 110 mètres de hauteur, 35ème et dernier étage de La Grande Arche de La Défense à Paris. C’est « Daniel Angeli. Paparazzi de A à Z », il y présente sur 1 200m² plus de 200 photos, dont nombre d’inédites…
Il y va d’une confidence : « Je suis très touché, et un peu surpris, qu’on me consacre aujourd’hui cette exposition qui me permet de revivre toutes ces incroyables années qui ont fait ma carrière. Chaque photo a son histoire, je me souviens de chacune d’elle. J’espère que le public aura plaisir à découvrir ces clichés qui sont aussi de vrais témoignages de ces grandes années où les stars étaient quasi inaccessibles... » Cinquante ans de carrière dans un grand espace, pour des thématiques de A à Z. C’est A comme « artiste », ceux qu’il a photographiés parmi lesquels Marc Chagall ou encore Picasso. C’est Q pour les « culs » et des photos volées et dénudées d’idoles comme Romy Schneider ou Brigitte Bardot… C’est aussi S comme Saint-Tropez (l’été) et G comme Gstaad (l’hiver), « the place to be », deux des quelques endroits sur la planète où il faut être quand on exerce ce métier. Paparazzi.
Ce paparazzi qu’on assimile si souvent à un individu sans loi ni foi, sans état d’âme, prêt à tout (même à demander à des parents de mettre des jouets pour Noël sur la tombe de leur enfant assassiné deux mois plus tôt). Ce paparazzi un peu voyou, un peu marlou, un peu voleur (de vie privée). Ce photographe qu’on a vu, pour la première fois en 1960, dans « La dolce vita », le film de Federico Fellini : Marcello Mastroianni y campait un chroniqueur mondain toujours secondé par un ami photographe particulièrement indiscret, un certain Paparazzo. Fellini et son scénariste indiquaient, à l’époque, avoir trouvé dans un récit de voyage du début du 20ème siècle ce patronyme qui évoque en effet le « papatacci » (littéralement « mange et tais-toi »), un moustique des marécages qui pique discrètement sa victime et transmet différentes maladies accompagnées de fièvres alors que la seconde partie du mot, « razzo », signifie fusée. « Papa-razzo » peut donc se comprendre : « la fusée silencieuse qui rend fiévreux ».
A la sortie de l’adolescence, par l’entremise d’une connaissance de son père, Angeli s’est retrouvé laborantin dans une agence de presse. Il n’avait pas vraiment envisagé de la photo faire profession. Il sympathise avec Raymond Depardon, son aîné de six mois, ils décident qu’ils seront « témoins de notre temps ». Depardon deviendra un des plus grands photographes d’actualité, Angeli fixera des instants volés. Il confie : « J’étais très timide, et le télé-objectif me permettait d’être en recul par rapport aux gens »… Et ainsi, il est devenu « le roi des paparazzi »- ce qui lui fait dire : « Mon surnom de Roi des paparazzi, j’en suis fier, je le revendique. C’était les plus belles années de ma vie. Le studio, je n’aimais pas ça. La guerre, les manifs, non plus. Moi, j’adorais faire des clichés naturels. Et puis, j’étais fasciné par les people… » Parmi ses « prises » en une cinquantaine d’années, il y a eu Giovanni Agnelli, le patron de la FIAT nu sur son bateau, la reine Elizabeth II d’Angleterre, la famille princière de Monaco, les Stones Mick Jagger et Keith Richards, les actrices Brigitte Bardot et Romy Schneider, Charlie Chaplin dans un fauteuil roulant quelques jours avant sa mort. Il y a aussi de magnifiques portraits, tout à fait officiels et pas volés, comme celui de Simone Veil ou encore les clichés de Johnny Hallyday dont il a été le photographe officiel pendant près de vingt ans. Mais aujourd’hui encore, il assure que son plus gros coup, sa plus belle « paparazzade », ce sont ces clichés de Sarah Ferguson, la princesse de York photographiée avec son amant au bord d’une piscine en 1992. Des photos qui provoquèrent un immense scandale dans la famille royale d’Angleterre…
De cette vie de « planques », de ces traques aux stars et à la jet-set, de ces chasses au scoop, Daniel Angeli a fait une œuvre. Ce sont des photos exposées pour de si nombreux souvenirs volés.
A voir
-« Daniel Angeli. Paparazzi de A à Z ». Exposition sur le toit de La Grande Arche de la Défense, 1 Parvis de la Défense, 92 044 Paris La Défense Cedex.
Ouvert tous les jours de 10h à 19h. Jusqu’au 30 janvier 2022.
01 40 90 52 20. www.lagrandearche.fr