Parfums de Chine, la culture de l’encens au temps des Empereurs : un voyage olfactif à travers deux mille ans d’histoire
- Écrit par : Imane Akalay
Par Imane Akalay – Lagrandeparade.fr / Ambre gris, patchouli, clou de girofle, bois d’aigle, jasmin sambac, musc, cannelle, myrrhe, bois de santal, camphre, oliban, benjoin, styrax. Des noms qui évoquent autant de voyages exotiques et font rêver. Ces substances, dont les échantillons sont pour la plupart prêtés par la maison Dior, entrent depuis plus de deux millénaires dans la composition des parfums. En Chine, le langage olfactif a toujours revêtu une grande importance. Pendant la période des Zhou (1046-256 av. JC), il servait de vecteur de communication avec l’au-delà. Après l’unification de l’Empire en 221 av. JC, l’usage de l’encens s’est progressivement étendu au-delà du contexte sacré et s’est érigé en art de vivre.
L’exposition présente dans une succession chronologique les objets utilisés pour le parfum – boîtes destinées à conserver les encens composés, brûle-parfum, vases servant à contenir la cuillère et les baguettes utiliséEs pour manipuler l’encens et les cendres. Le plus ancien objet exposé remonte aux Royaumes Combattants (452-221 av. JC). Il s’agit d’une coupe en bronze à couvercle ajouré sculptée d’animaux extraordinaires. Les matériaux se diversifient avec le temps : bronze, grès, terre cuite sous la dynastie Han (206 av. JC – 220 apr. JC), grès à couverte de céladon, laque sculptée et alliage cuivreux à la patine chaude et lisse sous la dynastie Yuan des lettrés, dont l’idéal d’élégance alliait la discrétion du parfum et l’élégance simple de son contenant, mais aussi porcelaine au décor peint au bleu de cobalt d’influence japonaise ; porcelaine multi-chromatique et renouveau des formes antiques sous la dynastie Ming (1368-1644).
Sont également exposées des œuvres représentant des scènes où le parfum est présent : deux magnifiques stampages exécutés d’après des bas-reliefs en pierre datant des Wei du Nord (286-534 apr. JC), des rouleaux datant de la dynastie Ming, des peintures et de merveilleux dessins réalisés à l’encre sur papier, représentant des scènes de vie et soulignant l’omniprésence du parfum dans cette culture. Les usages de l’encens d’abord essentiellement culturels, se sont multipliés et étendus en art de vivre, utilisés pour la dévotion privée, les pratiques de santé, la purification du corps et la méditation, la protection contre les influences néfastes, et aussi bien inhalés qu’ingérés.
Enfin, l’exposition offre aux visiteurs des expériences olfactives. Grâce à des bornes olfactives disposées dans les différentes salles, le visiteur peut découvrir les effluves d’encens provenant de différentes compositions reconstituées d’après les formules en usage aux époques présentées, grâce au travail du parfumeur-créateur de la maison Dior Parfums, François Demachy. Si les parfums produits ne sont pas typiques du goût occidental actuel, ils sont très évocateurs pour le visiteur du sud de la Méditerranée, rappelant, par exemple, les « tabkhira » relevant de traditions ancestrales au Maroc et utilisées aux mêmes fins de purification et de protection… une véritable madeleine de Proust.
Les objets, dessins et toiles présentés proviennent pour la plupart des collections du musée de Shangai et sont présentés en Europe pour la première fois. Cette exposition exceptionnelle permet d’aborder de multiples aspects de la culture chinoise. Il s’agit d’un très joli voyage olfactif et multi-sensoriel à travers cette riche civilisation.
Parfums de Chine, la culture de l’encens au temps des Empereurs
au MUSÉE CERNUSCHI ( Musée des Arts de l’Asie de la Ville de Paris 7, Avenue Vélasquez Paris 8e)
Commissaires : Eric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi , Li Zhongmou, vice-directeur du musée de Shanghai
Tél. 01 53 96 21 50
Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf le lundi et certains jours fériés, nocturne le vendredi : 21h
Tarifs exposition : Plein : 9 € Réduit : 7 € (accès gratuit aux collections permanentes)