Tant que le soleil frappe : Swann Arlaud, jeune pousse marseillaise
- Écrit par : Romain Rougé
Par Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ Présenté en compétition officielle longs métrages du 44e Cinémed (et sélectionné pour la 37e édition de la Semaine internationale de la critique de la Mostra de Venise), le film de Philippe Petit brosse le portrait d’un paysagiste engagé, en quête d’une ville plus vivante. Sortie en salle le 8 février 2023.
« Toutes les villes ont la même gueule aujourd’hui », lance le cinéaste un peu désappointé. Il faut dire que Max, son personnage principal, s’engage dans un projet peu commun à l’ère des plans immobiliers sans âme et démesurés : un jardin en plein centre-ville de Marseille et, sacrilège, sans clôture ! Un dessein qui ne fait pas l’unanimité, surtout dans des cités à l’urbanisme de plus en plus aseptisé…
Swann Arlaud (d’une coolitude désarmante !) campe un Max à la fois candide et tenace, dont le rêve va vite devenir une quête à la compréhension de soi-même : un personnage qui cherche à faire sens commun dans un monde où l’individualité prédomine. En filigrane sont joliment abordées les nouvelles structures familiales avec lesquelles il faut composer quand la vie nous mène dans d’infinies directions.
De la beauté dans l’échec
Pour Swann Arlaud, le cœur du film est éminemment « politique ». « On met l’accent sur l’échec dans une époque où il faut absolument réussir. C’est beau de parler des gens qui perdent ! Dans la société d’aujourd’hui, on sait aussi qu’on doit ralentir mais on ne réagit pas… Des initiatives comme celles de Max, il en existe des tas mais elles sont sans cesse empêchées. » Et Philippe Petit de renchérir : « Il y a des vertus dans l’échec, le monde qu’on nous impose aujourd’hui balaie de facto l’apprentissage et l’expérience qu’on tire de nos plantades. »
De Rome à Marseille
Si le film devait être tourné à Rome, c’est finalement à Marseille que Philippe Petit a posé sa caméra avec l’intention première de filmer « une ville méditerranéenne » aux murs baignés de soleil et trempés de fêlures. « Toutes les façades n’ont pas besoin d’être ravalées, regardez comment les peintures à Rome vieillissent : c’est magnifique ! La ville est aussi peu ou pas éclairée, elle laisse de la place à des espaces publics ‘délaissés’. Le film parle aussi de ça, de cette bétonisation qui ne laisse aucune place au vide, où tout devient moche. »
Cela étant dit, on aurait peut-être aimé que le film embrasse un peu plus sa destinée marseillaise, la cité phocéenne reste (trop) en arrière-plan quand elle sied parfaitement au sujet abordé. Preuve en est : le réalisateur a dû demander une autorisation de tournage auprès d’un promoteur… à Tokyo !
Mais Tant que le soleil frappe préfère parler (très justement) de persévérance et d’idéal. C’est un film qui ne crie pas, qui ne renonce pas, qui rayonne à travers un collectif optimiste, en quête d’autres voies, d’autres horizons. Une bulle d’oxygène qui invite à l’imaginaire dans sa simplicité la plus créative. Un film qui célèbre l’art de cultiver son jardin.
Tant que le soleil frappe
Sortie : 8 février 2023
Réalisation et scénario : Philippe PETIT
Adaptation et dialogues : Philippe PETIT et Marcia ROMANO, avec la collaboration de Laurette POLMANSS et Mathieu ROBIN
Avec : Swann ARLAUD, Sarah ADLER, Grégoire OESTERMANN, Pascal RÉNÉRIC, Lee FORTUNÉ-PETIT
Djibril CISSÉ, Marc ROBERT, Philippe PETIT
Production : Frédéric DUBREUIL
Image : Pierre-Hubert MARTIN
Montage : Valentin FÉRON
Son : Régis BOUSSIN, Grégoire COUZINIER, Théo SERROR
Musique originale : Andy CARTWRIGHT