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La liberté : Derrière la carte postale, l'enfer intérieur

  • Écrit par : Guillaume Chérel

la libertéPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Prison dite « ouverte Â», située en Corse, Casabianda accueille 130 hommes qui, à plus de 80 %, terminent des peines d'emprisonnement pour des crimes sexuels intrafamiliaux. C'est un centre de détention à la scandinave, au sein d'un vaste domaine agricole : les prisonniers travaillent et il n'y pas de barreaux. Elle n'a rien à voir avec les prisons habituelles : à la place des murailles, et des miradors, les arbres, le ciel et la mer donnent l'impression de liberté... Or, comme le dit bien un des détenus qui a accepté de témoigner à visage découvert, ça bout dans la tête. L'enfer est intérieur. Et la réinsertion prévue à plus ou moins long terme est loin d'être gagnée : « Nous restons des dangers potentiels Â», ose dire l'un des prisonniers. Prisonnier de ses pulsions, comprend-t-on. De sa psyché. De son histoire familiale : en général, ils ont eux-mêmes été agressés sexuellement et ne peuvent s'empêcher de répéter l'acte qu'ils ont subi.
Alors que l'idée initiale de Guillaume Massart était de partir d'une observation de ce singulier territoire d'enfermement... ouvert, le documentariste a adopté une forme différente, au fur et à mesure du tournage, sur plusieurs mois."La Liberté" est devenu un film hybride, bancal, parfois dérangeant, souvent touchant, quand le cinéaste se substitue aux psys qui ne font pas le travail jusqu'au bout... La parole de ces détenus les plus « mal aimés Â» du milieu carcéral (ils se font agresser) est forte et déstabilise et ce n'est pas là que le bât blesse : le film est trop long (même si on comprend que ce n'est qu'avec du temps que la situation se décante), certains plans n'en finissent pas, la caméra bouge, on dirait que le montage n'est pas terminé. Ce côté brut de décoffrage ne sert pas le propos, car on finit non seulement par être mal à l'aise, à cause de certains discours (comme ce culturiste qui a des idées confuses sur l'amour), et on finit par s'agacer plus que s'ennuyer. Et c'est dommage parce que c'était une des rares fois où l'on peut essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête d'un « agresseur sexuel Â», le plus souvent incestueux. Où l'on comprend que c'est, en grande majorité un acte de répétition, quasi atavique, et donc mental, psychologique, difficilement maîtrisable puisque relevant de la blessure narcissique...
Le film ne suggère pas l'idée de rédemption, il pose des questions. Non pas morales mais vitales sur les manques thérapeutiques de l'univers carcéral, voire de l'ensemble des méthodes de thérapies pour ce genre de crimes. Le principal intérêt du film est dans la parole des détenus, d'ordinaire passée sous silence, qui se libère peu à peu sous nos yeux... D'où le côté voyeur d'un tel film. Ce documentaire, qui met mal à l'aise, a sans doute été utile aux détenus qui ont accepté de s'ouvrir. Sur le fond, c'est positif, mais dans la forme, il y a quelque chose qui cloche. Une heure de trop, peut-être. A moins que ce ne soit le sujet... qui dérange, forcément.

La liberté
Triptyque Films
Durée : 2 h 26 mn
Documentaire
Réalisation:  Guillaume Massart
Avec la participation à l'écriture d'Adrien Mitterrand
Assistant à la réalisation : Simon Kansara
Son : Pierre Bompy
Montage : Alexandra Mélot
Montage son : Julie Roué
Mixage : Niels Barletta
Etalonnage : Lucie Bruneteau
Sortie en salles : 20 février 2019


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