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Surf : Aurel Jacob nous présente Lost in the Swell, le trio breton incontournable toujours à la recherche de spots inconnus !

  • Écrit par : Julie Cadilhac

aurel jacobPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Nous avons découvert sur YouTube le collectif Lost in the Swell (composé d'Aurel Jacob, Ronan Gladu et Ewen Le Gofflors) lors du premier confinement au printemps 2020.

Et quel BONHEUR de voyager par procuration avec eux dans des lieux exotiques où seuls les baroudeurs très aguerris ont mis les pieds, à la recherche de vagues jamais surfées et de sensations de pleine nature décuplées! Non seulement ils sont drôles et sympas et l'on vit un moment de complicité fort agréable en leur compagnie mais on apprécie aussi leur militantisme écologique toujours présent dans leurs périples. Du Gabon en fat-bike au Maroc en compagnie d'ânes, de la Patagonie en voilier à une immersion en mode Robinson Crusoé sur une île déserte en Indonésie, chaque nouvelle aventure rappelle avec nostalgie et plaisir les pionniers des années 1970 qui se lançaient à la recherche de vagues vierges et vivaient des heures mémorables loin de la civilisation chronophage. Les Lost in the Swell ne négligent cependant pas l'exploration de leur pays et vous découvrirez également sur leur site des reportages, en Bretagne notamment, qui offrent l'occasion de vibrer devant des paysages marins français enthousiasmants! Ajoutez à cela la présence d'une bande-son de qualité et des minutes de glisse exaltantes et vous devinerez combien ces surfeurs offrent généreusement des parenthèses rafraichissantes dont on aurait tort de se passer! 

Aurel Jacob (qui rentrait d'une immersion enneigée sous tente dans les Pyrénées à 2500 mètres d'altitude  pour un projet vidéo avec Mathieu Crépel et Damien Castera) a répondu à nos questions et nous l'en remercions vivement!

Nom: Aurel Jacob

Lieu de naissance : Neufchâteau dans les Vosges ( ce qui est original pour un Lorrain d’être surfeur...!)


Formation et parcours : Diplômes enseignements surf & natation


Sponsors : Oxbow (partenaire principal) Posca, NOTOX (Surfboard), Fiiish (pêche) CrossCall (téléphone Français)

Livre(s) préféré(s) : Tout dans l’univers de la SF. Beaucoup de BDs et de mangas.

Citation qui te représente bien: « Celui qui se transforme en bête se libère de la douleur d’être un homme » Hunter Stockton Thompson

lost in the swellLost in the Swell est une association promouvant tout à la fois le surf et la voile avec une forte préoccupation écologique, c’est bien ça?

Tout à fait ! Mais pas seulement ! En résumé, notre but est de trouver des vagues inconnues dans des endroits reculés. Bien évidemment, cela laisse sans dire que nous partons à l’aventure, ce qui signifie : galères, surpassement de soi, travail en groupe, entre-aides etc.
C’est aussi des rencontres, des découvertes, vivre en autonomie voire même par moments en survie…
Il est vrai que dans toutes nos grandes aventures d’explorations, il y a systématiquement cette observation de la nature, des déchets (certains viennent de l’autre bout du monde), et d’une constatation dramatique : que les choses empirent!
Étant sur les plages pour découvrir de nouveaux spots, et dans l’eau, nous sommes tout autant touchés que les animaux marins et terrestres.
J’ai cette image gravée en tête, celle du Gabon, de voir les Potamochères grattant le sol pour de la nourriture dans des sacs plastiques enterrés dans la terre au dessus de la plage alors qu’il n’y a aucun village aux alentours, voire même à des centaines de kms !!!
Donc il est bien normal que nous témoignons dans nos vidéos de ce problème planétaire….
Gwalaz (herbe marine en Breton), le petit trimaran pour le tour de Bzh et des Îles Salomon, a été construit en infusion à l’aide d’une résine biosourcée, et straté de fibre de lin tout comme nos planches NOTOX qui sont éco-conçues. Les vélos pour l’exploration des côtes Gabonaises sont en bambous.
Notre impact écologique nous importe beaucoup puisque nous sommes énormément en mouvement pour aller surfer dans notre région Bretagne, et, comme cela s'ajoute à nos trips Lost in the swell parfois loin de France, à l’autre bout du monde, nous avons pour projet en parallèle de planter des arbres dans nos environs locaux pour équilibrer autant que possible notre bilan carbone…

[bt_quote style="big-quote" width="0"]Notre impact écologique nous importe beaucoup puisque nous sommes énormément en mouvement pour aller surfer dans notre région Bretagne, et, comme cela s'ajoute à nos trips Lost in the swell parfois loin de France, à l’autre bout du monde, nous avons pour projet en parallèle de planter des arbres dans nos environs locaux pour équilibrer autant que possible notre bilan carbone…[/bt_quote]

Quand et comment s’est-elle formée? Peux-tu m’en présenter ses membres actifs?

« LITS » c’est une association classique. Elle est composée de :

Ronan gladu, notre vidéaste, qui est peu à l’image.
Ewen Le Goff, le surfeur pêcheur.
Et quant à moi, je suis le surfeur artiste du trio.

[bt_quote style="default" width="0"]Nous sommes des potes d’enfances, aux caractères différents, c’est sans doute pourquoi nous arrivons à surmonter les difficultés rencontrées lors de nos voyages, à coopérer, à nous entraider…[/bt_quote]

lost in the swell

Partir à la recherche de vagues jamais surfées…c’est  votre challenge. Comment trouvez-vous les lieux au départ? Grâce à des contacts locaux? 

Nous allons dans des endroits où il n’y a personne…pour découvrir des vagues insurfées...
Nous travaillons beaucoup avec les cartes satellites. C’est d’ailleurs comme cela que certains spots dans le monde ont été découverts par le biais de surfeurs qui étaient tout simplement dans l’avion, et avaient, une vue d’ensemble sur la côte, une vue aérienne, tout comme nous à présent avec les cartes satellites comme GoogleEarth ou Bing Map …
Nous avons l’œil, et nous étudions les houles du secteur, la bonne saison pour les vents également, et pour être certains de ne pas revenir sans contenu, nous partons parfois jusqu’à trois mois pour avoir un maximum de swell (houles) et avoir la possibilité de surfer plusieurs fois le même spot. J’entends par là, qu’il faut savoir que, d’un spot à l’autre, ils peuvent être singulièrement différents.
Il y a toujours un temps d’adaptation, de repérage, et de compréhension.
Tout comme capter le côté mécanique de la vague, comment elle se forme, pourquoi à tel endroit, et ensuite déchiffrer et lire ce qu’elle va faire avant de se mourir…
Compliqué ! L’histoire de toute une vie !!!

On vous a vus au Gabon dans « Le Paradis Perdu » passer des heures physiquement éprouvantes sur vos « fat bike ». Chaque voyage se prépare différemment je suppose. Pour celui-là, vous aviez fait de l’endurance en amont?

Oui, on en a vraiment bien ch*** ! 700km de côte pendant 3 mois ! Nous avions 60kg de matos chacun dans nos remorques.
Notre terrain principal était de rouler sur la plage, à marée basse pour avoir du sable dur, et notre moyenne n’excédait guère les 7 voire 8 km/h.
Ensuite, en terme de prépa physique, on y est allés à « la légère » (sans jeu de mot haha). Je veux dire qu’on n’a pas fait d’entraînement spécifique à proprement dit.
Nous surfons tous les jours à la maison dans le Finistère, si pas de vagues, c’est un coup de foil, voire running, vélo route ou vtt, donc pour résumer, on a juste la forme, et ce n’était pas une course, si l’un flanchait, on décidait de faire une pause, et même d’attendre le lendemain si besoin.

aurel jacob

Vous avez eu aussi de nombreuses surprises avec la faune locale….Peu importe le flacon, pourvu que l’adrénaline monte et qu’on ait des sensations fortes j’imagine? Quel animal, définitivement, vous a le plus inquiété? 

Alors, on aime bien jouer avec les sensations, c’est vrai, mais qui ne l’aime pas ? 

[bt_quote style="default" width="0"]Chacun ses limites. Et puis, le but n’est-il pas de les surpasser ?[/bt_quote]

Dans nos trips précédents, on a su se faire un peu surprendre, avoir un peu peur.

Par exemple aux Îles Salomon, où l’on provoquait le destin pour acquérir des images des Posorus, des crocos marins (les plus gros du monde). Il faut aller voir la web-série pour se donner une idée ;)
Mais c’est vrai qu’au Gabon, on a eu très peur car on a eu très chaud. Chargés par les éléphants de savane au très mauvais caractère. Chargés par des hippos sur la rive d’une lagune, collectant de l’eau à filtrer.
Je ne parle pas des nombreux requins bouledogues qui ont gravité autour de nous lorsque nous étions au surf dans l’eau marron opaque.
Nous établissons des campements proches des lagunes à la fois pour tout simplement être proches de l’eau à filtrer et à boire, et d’autre part, car tout au long de notre explo par la côte, il y avait systématiquement un bon spot uniquement s'il y avait une lagune…
C’est vrai que c’était peu rassurant, mais à la fois pratique. C’est un point d’eau commun à plusieurs espèces, donc c’était facile de voir des bêtes depuis nos tentes.
Beaucoup de crocodiles sur les berges. J’adore les crocos...Ils me fascinent.

Votre dernier trip, en Patagonie, offre aux lecteurs de vos images des minutes vertigineuses dans des paysages naturels époustouflants.Si tu devais citer un moment exceptionnel de ce dernier voyage, lequel serait-ce?
Impossible, tout le voyage était exceptionnel, tout comme chaque aventure.
On nous demande souvent de choisir quel était le meilleur trip, et la réponse est souvent identique : que chaque aventure est différente, et on ne peut pas comparer une destination à une autre, un trip à un autre..

On voit cependant de nombreuses heures de galère…dues au climat ou à des conditions peu favorables pour rider. Quelles qualités doit-on emporter dans sa valise pour réussir de telles expéditions?

Beaucoup de chance et une bonne étoile quelque part là-haut…
Nous mettons bien évidemment toutes les chances de notre côté !
Mais des fois, comme la pêche par exemple, malgré l’expérience, la technique, l’on ne pêche rien... Difficile d’être au bon endroit - au bon moment.
Nous sommes un trio soudé. Nous avons connaissance des faiblesses des uns et des autres.

[bt_quote style="default" width="0"]Bien que nous n’ayons pas les mêmes caractères, nous sommes un trio solidaire.[/bt_quote]

Nous nous connaissons suffisamment bien pour détecter et anticiper lorsque l’un d’entre nous commence à flancher.
On se serre les coudes dans les moments difficiles, on s’apporte du soutien à tout point de vue pour que l’aventure puisse continuer le mieux possible.

aurel jacob

Nul n'ignore l'importance de bien choisir ses compagnons de voyage. Qui est le plus optimiste du trio? Qui a tendance à râler? Quel rôle chacun d'entre vous endosse-t-il dans vos échappées belles?

Nous avons, avec le temps et l’expérience, trouvé les rôles de chacun en fonction de ses propres qualités et de ses envies. Nous avons des journées physiques et mentalement dures, donc râler est notre sport favori !
C’est très Français d’ailleurs, et sur ce point, nous sommes très bons haha.
Nous avons des corvées quotidiennes : chercher du bois ; s’occuper du feu ; aller chercher de l’eau ; la filtrer ; faire à manger ; la vaisselle ; etc. Cela paraît cool, mais c’est du taf !
Le soir après une longue journée, on n’a qu’une envie, c’est d’aller dans sa tente juste s’allonger, se détendre, s’étirer, et dans ces moments là, on pense à son confort en France, et on se dit qu’à la maison, c’est vraiment facile de vivre, de cuisiner sans difficultés.

[bt_quote style="default" width="0"]C’est une mission de faire des pâtes au feu de bois. Tout se passe à terre, toujours accroupi, on se brûle, on marche sur une épine, un bout de bois enfui sous la surface du sable... En d’autres termes, on continue à faire « du sport » pendant la popote. [/bt_quote]

Découvrir des vagues jamais surfées demande pas mal d’observations préalables je suppose…pour éviter de se mettre en danger avec les courants ou d’éventuels écueils naturels. Vous est-il arrivé d’avoir de mauvaises surprises? De vous faire franchement peur?

Je réponds à la question un peu plus haut pour l’aspect approche d’un nouveau spot. Et effectivement, on peut se faire peur…
Non pas que l’analyse soit si mauvaise, mais parce que c’est assez gros en terme de taille de vague, et sur le moment, on pensait que c’était plus petit.
On avait remarqué ce courant, et une fois dedans, il est beaucoup plus fort que ce qu’on avait imaginé.
L’entrée dans l’eau était facile, mais en sortir était plus compliqué ! Voire même franchement flippante et périlleuse !!!

ronan gladu

Qu’utilise Ronan comme appareils pour faire ces captations d’images? Uniquement un drone?

Drone oui, c’est obligatoire pour certains types d’images. Et c’est un précieux outil puisqu’il nous a permis, au Gabon par exemple, d’avoir une vue aérienne des environs, et de nous indiquer le chemin le moins compliqué à prendre. Détecter s'il y a des bêtes au loin sur le chemin. Pouvoir filmer nos vagues jusqu’à la fin car ce n’était pas possible de le faire depuis les planchers des bêtes.
Nous avons 3 ou 4 GoPro. 2 Boîtiers Nikon avec différents objectifs. Et un trépied... trop lourd.
C’est Ronan qui a le plus de matériel et qui est le plus lourd de nous trois. Nous l’aidons souvent à porter les caissons avec le matos dedans.

Décidez-vous ensemble de ce qui apparaîtra au montage et de ce qu’on coupe?

Auparavant, nous bossions à ses côtés pour l’épauler dans le dérushage.
On lui apportait critiques et visions. C’est d’ailleurs lui qui demandait ce que nous en pensions. Mais on faisait aussi appel à la famille, aux amis proches.
Ronan est devenu un maître dans l’univers du montage. Il a son propre style. On reconnaît ses créations.
Nous l’aidons sur la musique, trouver de nouvelles tracks, demander les droits aux artistes ou labels.
J’avoue que nous découvrons les épisodes comme tout le monde à présent.

Dernière question : que fait le trio pendant le confinement? Il rêve déjà à de futures destinations? Lesquelles?  Est-ce l'occasion de réfléchir à de nouvelles manières de procéder? Vous évoquiez votre envie de partir moins longtemps... 

Nous écrivons l’avenir ! Nous avons déjà des projets sur papier. L’idée est de garder une vraie explo par an, et à côté, faire des court-métrages plus faciles à réaliser. A vrai dire, nous devrions être en Antarctique au moment où j’écris (janvier 2021). Mais hélas covid...Nous avons changé nos plans mais nous repartons avec Maewan et son capitaine Erwan Le Lan alias « Gandalf » fin mars sachant que le bateau est toujours au Sud de la Patagonie...

Nous allons également faire une vidéo en France, entre Bretagne, Pays Basques et Pyrénées, aux côtés de Damien Castéra et Mathieu Crépel. Nous voulons mettre en avant nos belles régions et montrer aussi que nous n’avons pas besoin de prendre l’avion.

[bt_quote style="default" width="0"]On a tendance à se rendre à l’autre bout du monde pour profiter alors que chez nous, en France, il n’y a pas assez de toute une vie pour se rendre compte des merveilles et de notre patrimoine qui n’a rien à envier au reste de la planète! [/bt_quote]

ronan gladu

Pour retrouver toutes leurs aventures, voici le lien du site: LOST IN THE SWELL 

Le SHOP de Lost in the Swell

Crédit-photo : Ronan Gladu 

 

 


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