Le jour se lève et ce n’est pas le tien : inconcevable hérédité…imprévisible filiation !
- Écrit par : Félix Brun
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ La Havane 1959, la révolution cubaine en pleine effervescence : "Fidel noyant le poisson dans des tornades de rhétorique, des discours fleuve, sa marque indélébile d’où ne surnageaient que les concepts fourre-tout de paix et de justice", alors que Raoul flirtait et "correspondait avec les soviétiques". Dolorès fille d’un homme d’affaire proche des milieux du dictateur Batista, vit une passion amoureuse avec Camilio Cienfuegos, un des plus célèbres barbudos, plutôt modéré et anticommuniste, très proche de Castro…il disparait mystérieusement le 28 octobre 1959 !
New-York 2009 : Dora Parker décède en janvier, avec comme ultime volonté d’être enterrée dans le cimetière de Union City, à Long Island où reposent de nombreux cubains. Elle n’a jamais parlé à son fils Léonard , obstétricien connu et reconnu, ni de son père, ni de ses grands-parents, ni de son enfance. Après une agression qui le plonge dans le coma, Léonard décide de retrouver ses origines, son passé, son hérédité. La quête de ses racines et de la vérité va le conduire à La Havane. La ville est dégradée, nonchalante, à mi-chemin entre un soviétisme déchu et le tiers-mondialisme ; "Mais en même temps", il y a "ces hommes et ces femmes qui se donnaient à tout bout de champ des "mi amor mi vida", cette foule qui traînait son fardeau, avec théâtralité, ingéniosité, capable comme des chats à neuf vies de toujours retomber sur ses pattes." Dans son périple, Léonard va croiser une galerie de personnages hors du commun, dont ceux qui "ont été trompés depuis le berceau.[…]Mais le pire, tu vois, ce sont les mensonges…J’ai grandi sans la moindre idée des massacres du camarade Staline, sans même imaginer les trahisons de l’internationalisme prolétarien, les persécutions partout dans les régimes communistes…"
A l’heure où Cuba s’entrouve aux américains et à l’occident, Frédéric Couderc revisite l’histoire de la révolution cubaine, les rôles de Fidel, Raoul et du Ché, qui du romantisme révolutionnaire plongent dans la soumission, la terreur, les procès et les exécutions sommaires, l’épuration politique, la corruption. Cuba la flamboyante où "la peur paralysait les esprits" et où les vieilles berlines américaines sont devenues "la preuve par l’acier et la mécanique de la ténacité révolutionnaire."
« Le jour se lève et ce n’est pas le tien » est un roman caméléon : récit historique, fiction politique, histoire d’amour et de recherche identitaire. L’écriture est simple, précise, sans artifice ; Frédéric Couderc embarque le lecteur dans une énigme passionnante, captivante, un livre remarquable au parfum cubain.
Le jour se lève et ce n’est pas le tien
Auteur : Frédéric Couderc
Edition : Héloïse d’Ormesson
Prix : 20€ - Parution : 1 septembre 2016