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Prendre un enfant par la main : un polar familial captivant

  • Écrit par : Delphine Caudal

prendre un enfant par la mainPar Delphine Caudal - Lagrandeparade.com/ Jusqu’où la douleur peut-elle mener ? Cette douleur sans nom lorsqu’on perd un enfant…

Marc, sa femme Sarah et leurs deux enfants traversent la mer pour rejoindre Marseille. Partant de Corse, il a été annoncé que la traversée serait difficile, mais Marc n'écoute une fois de plus -la fois de trop- que ses envies. Et l’impardonnable se produit : trop sûr de lui et trop pressé de rentrer sur le continent, il met en danger la vie de sa famille. Une grave erreur de jugement qui se conclut par une tragique disparition… La petite Clémentine, alors âgée de 10 ans, est emportée par les redoutables vagues de cette triste nuit. 

[bt_quote style="default" width="0"] Soudain, c'est un mur d'eau qui s'abat sur le navire. Le vent a forci en quelques minutes pour n'être plus qu'un hurlement constant, une bourrasque immense et folle qui se joue du voilier et de ses occupants. [/bt_quote]


Y-a-t-il un après à ce drame familial ? François-Xavier Dillard brosse le portrait d’un couple meurtri et pourtant solidaire, qui a eu la force de mettre au monde un autre enfant. Une vie pénible, où les adultes flirtent avec leurs limites et où les enfants se sentent désespérément seuls. Marc se noie dans les jeux, l’adultère et l’alcool. Sarah, quant à elle, se laisse mourir à petit feu.

[bt_quote style="default" width="0"]Nous allons changer tout ça, je te le promets, mon chéri. Maman est encore très triste. Et moi aussi. Mais je te jure que nous allons essayer. On ne s’est sûrement pas assez occupés de toi, de ta sœur. De votre chagrin, de ta peine…
— Arrête, papa. Je n’ai plus vraiment de chagrin, enfin, c’est plus le même. Ça fait quatre ans… Elle me manque aussi mais moi, je veux vivre normalement, comme avant. Il faut que tu le dises à maman. Il faut que tu lui dises que je l’aime, que c’est elle qui me manque, maintenant.[/bt_quote]

Mais Sarah reprend vie lorsque Gabrielle, une jeune fille de l’âge de Clémentine, emménage avec ses deux mamans dans l’appartement voisin. Passé le plaisir de voir une femme brisée reprendre goût à la vie, un climat malsain et dangereux s’installe lentement. Une funeste issue se dessine… Sarah est-elle réellement sur le chemin de la guérison ? Le transfert d’amour peut-il être salvateur ? Est-elle assez forte pour ne pas oublier que Gabrielle n’est pas et ne sera jamais sa fille ?

Dans ce récit, certains personnages sont particulièrement bien travaillés, notamment Gabrielle, douée d’une sensibilité étonnante. Empathique et mature, elle bouscule cette famille abîmée à cause de sa forte ressemblance avec Clémentine, et les quelques coïncidences troublantes entre les deux jeunes filles.

[bt_quote style="default" width="0"]Je prends moins de précautions que les adultes, on met ça sur le compte de la jeunesse, de la spontanéité, de la candeur. C’est peut-être le seul avantage quand on a quatorze ans. Sinon, c’est lourd en fait. Surtout quand on est un peu, beaucoup, en avance. On a envie de sortir de ce corps de gamine qui vous enferme, de dire toutes ces choses qui nous semblent tellement évidentes.[/bt_quote]

Ce roman noir décrit formidablement bien le tourbillon des addictions et les comportements désespérés face à la cruauté de la vie. On est touché par les caractères, on apprécie le style fluide et captivant. C’est un récit riche en rebondissements, qui explore les côtés les plus sombres de ses personnages. Avec des descriptions d’une authenticité saisissante, l’auteur s’attarde sur les désirs et les peurs des adolescents, la relation parents-enfants et l’émancipation tant redoutée de ces derniers.

Un vrai petit bijou que l’on dévore en un rien de temps.

Prendre un enfant par la main
Auteur : François-Xavier DILLARD
Editions: Belfond
Parution : 1 octobre 2020
Prix : 19€

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